Lyrisme urbain, valeurs et juridisme ; un Oscar pour Denzel Washington.

Roman J. Israel, Esq est, à l’image de son personnage principal, un film extrêmement discret mais non dénué de qualités. Malgré une nomination aux Oscars - pour son acteur principal, nous y reviendront - et un premier film prometteur de Dan Gilroy (Nightcrawler, 2014), critique et public semblent ignorer délibérément son existence.


Pourtant, Gilroy livre une oeuvre ambitieusement, dense et complexe. Une étude d’un homme et de ses valeurs, un conte sur la moralité en milieu hostile dont les séquences prennent parfois des accents lyriques.
“L’affaire Roman J. Israel“ - comme le présente si bien le titre français - consiste en fait en une suite d’élément perturbateurs dans la vie parfaitement réglée du personnage éponyme.


Denzel Washington y est le brillant interprète du personnage principal. Il compose remarquablement la personnalité de Roman J. Israel, un juriste intelligent, droit et bienveillant ; à la limite, sans doute, de l’Asperger sans que cela ne soit dit, essentiellement suggéré à l’image par certaines de ses obsessions.
Le titre original du film est également la façon dont il se présente sur sa carte de visite. Il est intéressant de remarquer que le terme ‘esquire’ dont il s’affuble lui-même (et doit systématiquement expliquer le sens) est un titre honorifique de courtoisie qui témoigne d’un certain statut social, sans rien apporter d’officiel. Ce qui est symptomatique du rapport de Roman à la société et également révélateur de la façon dont il abordera les incidents
Second rôle majeur, Colin Farrell - bien qu’il fasse, à n’en pas douter, du Colin Farrell - vient compléter à la perfection l’interprétation de Denzel Washington, représentant graphiquement tout ce que Roman J. Israel n’est pas… ou devrait être.


En plus de son interprète, l’autre qualité du film se trouve dans son atmosphère. La représentation qui est faite de Los Angeles n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle qui a été livrée par Michael Mann dans Heat (1995) ou Collateral (2004) - en bien, donc. D’un côté, à la réalisation, Dan Gilroy démontre à nouveau son talent dans la représentation de la ville dans tout ce qu’elle a de magnifique et d’oppressant ; de l’autre, la bande original de James Newton Howard (qui sait être excellent lorsqu’il ne cachetonne pas pour Blanche Neige et le Chasseur) mais aussi la playlist années 70 / années 2000 ’70 like’ (cf. Childish Gambino) de Roman, amoureux des vinyles et de son walkman.


Rapide critique, donc, d’un film qui gagne à être connu et reconnu ; sans trop aborder la profondeur pour ne pas en gâcher le visionnage aux curieux.
Également disponible sur mon blog.

oggy-at-the-movies
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes - Films vus en 2018 - et Les meilleurs films de 2018

Créée

le 13 mars 2018

Critique lue 261 fois

Critique lue 261 fois

D'autres avis sur L'Affaire Roman J.

L'Affaire Roman J.
ChrisTophe31
8

Seul contre tous

Roman J Israel Esq est l'un des films les moins commentés et l'un des plus sous-estimés de 2018. Le second long-métrage de Dan Gilroy est une nouvelle occasion pour le réalisateur de s'attaquer aux...

le 8 janv. 2024

14 j'aime

11

L'Affaire Roman J.
Frédéric_Perrinot
8

Esquire

Le cinéma est souvent affaire de familles, et parmi toutes celles d'Hollywood ce sont les frères Gilroy qui commencent sérieusement à faire parler d'eux. Alors que Tony s'est surtout fait connaitre...

le 14 mars 2018

10 j'aime

2

L'Affaire Roman J.
RAF43
8

"Le monde selon Roman J !"

Denzel Washington est un acteur qui n'a plus rien à prouver tant sa carrière fut exemplaire, pourtant une nouvelle fois, il nous livre une prestation vertigineuse (peut-être sa meilleure) dans le...

le 8 mars 2018

9 j'aime

Du même critique

Cold War
oggy-at-the-movies
4

d’un tragique quasi absurde

Loin de l’explosion musicale et passionnelle promise, Cold War souffre en fait d’un terrible manque de crédibilité : la dichotomie fond/forme y est telle que ces derniers, irréconciliables, semblent...

le 23 oct. 2018

33 j'aime

5

Jessica Forever
oggy-at-the-movies
9

Poggi Vinel Forever

Jessica Forever est décrié précisément pour ce qu’il incarne : la possibilité d’un autre cinéma, en tout cas d’une autre façon d’envisager le Septième art. C’est en ce sens qu’il est un film...

le 5 mai 2019

13 j'aime

3

Grand Froid
oggy-at-the-movies
8

"Avant la mort nul ne mérite le nom d'heureux" (vous allez rire)

S’il n’est pas de ces films dont la bande annonce vous laisse une envie inconditionnelle de vous rendre au cinéma, une fois installé dans la salle, Grand Froid se révèle surprenant en bien des...

le 20 juin 2017

12 j'aime