Un Kong, ça casse tout. C'est même à ça qu'on le reconnaît...

En 1973, un groupe de scientifiques part, accompagné d’une solide escorte militaire, à la recherche d’une île encore inexplorée par l’homme : Skull Island. Ce qu’ils vont y trouver dépasse leur entendement…


Ce qu’ils vont y trouver dépasse leur entendement, mais pas celui du spectateur, qui commence à être bien habitué à ce que peuvent découvrir les explorateurs. Il est donc nécessaire pour Jordan Vogt-Roberts et son équipe de chercher comment en jeter toujours plus aux yeux des spectateurs. Le problème, c’est qu’on finit par se lasser par ces déchaînements d’action en tous sens...
La principale faute que commet le film, et contrairement au Godzilla d’Edwards, dans l’univers duquel il s’inscrit, c’est de privilégier le spectacle au détriment de la suggestion, et que là où Edwards savait s’arrêter avant de basculer dans le grandiloquent, Vogt-Roberts y chute allègrement, et parfois avec un vrai mauvais goût. Heureusement, le réalisateur et son directeur de la photographie, Larry Fong, ont un réel sens esthétique, ce qui leur permet de nous offrir des plans souvent bien choisis, qui n’égalent évidemment pas ceux du King Kong de Peter Jackson, sorti douze ans auparavant, mais qui n’en font pas moins figure honorable.
En revanche, là où Jackson développait pleinement ses personnages, Kong : Skull Island enchaîne les stéréotypes de manière assez effrayante, nous offrant des personnages transparents, dont on sait déjà pertinemment quels seront leur caractère et leur évolution au long du film à leur première apparition (particulièrement Samuel L. Jackson, qui hérite du rôle ultra-cliché du militaire américain borné et incapable de réfléchir), ce qui enlève tout effet de surprise dans un scénario déjà guère original. Si cela n’empêche pas les acteurs de faire leur travail (mention spéciale à Tom Hiddleston et John Goodman), cela tue toute émotion dans l’œuf, et c’est donc avec un détachement total qu’on regardera d’un œil amusé ces gros monstres, tout sauf crédibles (entre les lézards à deux pattes, l'araignée aux pattes-bambous et le phasme géant, on est servi !), se battre entre eux, sans qu’aucune tension dramatique ne fleurisse à un moment où à un autre (j'ai plus souvent ressenti un rire nerveux parcourir l'assistance qu'une vraie tension). Et à l’instant où, grâce à John C. Reilly, on ressent enfin une vraie émotion surgir à la surface, le générique de fin commence. Bien tenté, mais c’est raté.
Reste un divertissement sympathique et tout-à-fait efficace face auquel on ne boude pas notre plaisir, mais qui n’est qu’un énième blockbuster sans âme, comme les Américains savent trop bien le faire…

Tonto
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le 14 mars 2017

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Tonto

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