Impossibilité de le voir au cinéma puisqu'il n'est passé que dans une quarantaine de salles en France, le dernier Terrence Malick était une de mes plus grosses attentes depuis son annonce, et c'est peu dire, rien que pour preuve, les larmes me sont montées pendant la vision de l'unique bande annonce, l'univers est tellement inédit pour un film du monsieur que je ne pouvais que m'en réjouir.


Après avoir donc revu la bande annonce plusieurs fois en une semaine, y'avait plus qu'à attendre, attendre, et attendre, n'ayant donc pas eu l'occasion de le voir sur grand écran, ce qui est plutôt désolant vu la qualité visuelle. Je n'avais plus qu'à attendre de me jeter sur le blu ray, à fin de le voir dans les meilleures conditions possible, car je ne le répéterais jamais assez, un film de Malick doit se voir en haute définition. Ne travaillant pas aujourd'hui, j'en ai profité pour sauter du lit ce matin et enfiler le disque dans mon lecteur qui n'attendait surement plus que ça, l'aventure démarre, je suis enfin, bon sang de bois, enfin devant le nouveau bébé du génie Malickien !
Ce même génie qui a perdu de nombreux fans durant sa carrière, adulé pendant longtemps, il en a rebuté plus d'un avec son merveilleux The Tree of Life, et comme si ça ne suffisait pas, ça n'a cessé de baisser ensuite. Maintenant au lieu de lire des critiques quasiment unanimes sur son talent, on se retrouve avec des bien drôles il faut l'avouer : "Malick fait du Malick...", en même temps il ne va pas faire du Eastwood ou du Scorsese. On peut certes remarquer qu'il reprend le schéma de l'arbre de vie à chacun de ses nouveaux projets, aucune réelle trame scénaristique, beaucoup plus de philosophie, de psychologie, de cuts également, on ne verra jamais un plan séquence chez Terry par exemple. Donc je peux comprendre que ce procédé puisse rebuter, mais du moment qu'il m'enchante, je n'y vois aucun inconvénient, de plus, il ne cesse de me surprendre et de me passionner pour ses œuvres, qui même si elles peuvent se ressembler au premier abord, il n'en est rien dans le fond.


Ici il nous fait suivre de nos jours Rick, un scénariste ne sachant plus trop où il en est, ni qui il est vraiment, il collectionne les histoires d'amours sans réussir à trouver l'ultime, son frère mal dans sa peau qui a même déjà tenté de mettre fin à ses jours l'accompagne parfois, ils affrontent leur père, un homme dur qui est aussi paumé que ses gosses. Rick erre tel un fantôme entouré d'êtres visiblement heureux, et pourtant ils ne le sont pas tous...
C'est un sujet cher à Malick, les personnages mal dans leur peau, qui ne savent pas où aller, comment vivre, et ici il place cette idée au cœur d'un Hollywood bling bling où l'argent fait la loi. La critique du cinéma américain, on en a mangé plusieurs fois, mais ici ce n'est pas vraiment ça le sujet du film, Malick ne tente pas spécialement de rabaisser ce luxe Hollywoodien, il place juste son personnage à cet endroit, pour dire que même l'argent ne fait pas le bonheur... même si nous gens peu fortuné aimerions bien une part du gâteau, que le bonheur soit au bout ou non.


Hors une voix, ou plutôt des voix off quasi constantes, limite biblique, ce qui est le plus remarquable chez Terry, c'est ce qu'il fait de l'image, absolument sublime grâce à une photo léchée et des plans à la steadycam remarquables, ainsi qu'à la Go Pro, nouveauté chez le réalisateur. Il quitte les plaines et forêts pour filmer la rue, les gens, un univers urbain en somme, qu'il magnifie sans pour autant le démystifier. Je le répète encore et encore, mais jamais je n'aurais été aussi bluffé visuellement que devant du Malick, un génie de l'image, et du montage, car même si ses nombreuses coupes n'offrent aucun raccords entre elles, cela permet d'avoir un film très riche, qui montre beaucoup de choses, tout en ayant sa propre ambiance. La bande son tout aussi fabuleuse accompagne sans accro le tout, autant dire que techniquement, le papy ne rate jamais son coup.
La mise en scène elle étant plus libre, elle n'en reste pas moins incroyable, en effet, pour ne citer qu'une chose, Christian Bale, fidèle ami du réalisateur n'avait aucune direction à suivre, ni explications sur son personnage, ses lignes de textes étant également peu nombreuses. Pourtant l'ex chevalier noir s'en sort à merveille aux cotés d'une ribambelle d'acteurs, certains très furtifs et d'autres uniquement en voix off. Les superbes Cate Blanchett, Natalie Portman, Imogen Poots, Teresa Palmer ou encore Isabel Lucas, ainsi que Wes Bentley, Antonio Banderas, Joe Manganiello, Shea Whigham, Jason Clarke, Kevin Corrigan, Ben Kingsley et bien d'autres que le petit livret très intéressant fourni avec le blu ray dévoile l'accompagnent.


En bref, Terry nous revient avec un univers inédit qu'il magnifie grandiosement, à voir et à revoir sans aucun doute pour déceler toutes les richesses de l'oeuvre, autour des cartes de tarots notamment, ou encore de l'histoire du chevaler cherchant la fameuse perle. Une réussite de plus donc pour le grand, très grand Malick.


"Commence..."

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le 5 avr. 2016

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-MC

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