Kingsman c'est typiquement le film dont l'origine semble être une simple étude de marché. Que veut voir le public entre 12 et 25 ans ? Un jeune héros kéké mais somme toute banal auquel on peut s'identifier, de la baston, de l'humour et un rythme résolument moderne avec une pointe de références vidéo-ludiques. Bon, dit comme ça, on pense fatalement à Banlieue 13, ce qui n'est pas forcément une référence. Mais les producteurs semblent avoir eu un peu plus de jugeote que Luc Besson pour rallier à sa cause critiques de cinéma et spectateurs.
La principale qualité de Kingsman est sa façon de jouer et de déjouer les codes du film d'espionnage old shool. Les personnages eux-même affirment préférer le vieux James Bond aux récent "trop sérieux". Ainsi, Kingsman laisse les questionnements existentiels du 007 new-look et vieillissant pour se tourner vers les archétypes grossiers, mais jouissifs des films plus anciens. Des gadgets improbables, un vilain qui veut détruire le monde, une base secrète souterraine, un compte à rebours, une scène de fin torride et un flegme britannique caractéristique. Je cracherais volontiers devant une telle fainéantise scénaristique préférant se cacher derrière l'hommage pour éviter de proposer quelques chose de nouveau. C'est ce que j'aurais fait si la forme n'était pas aussi réussie.
Je suis resté bouche bée devant l'inventivité des scènes de baston. Je ne serai pas surpris que ce Matthew Vaughn se soit fait une petite cure d'Edgar Wright avant d'imaginer ses scènes. C'est rythmé, super-rapide et pourtant incroyablement fluide et lisible. Les bonnes scènes de baston au cinéma sont suffisamment rare pour être souligné.
On reprochera seulement à Kingsman quelques baisses de rythmes au milieu du film, notamment lors de l'entrainement de Eggsy qui a tendance à s’éterniser à tel point que l'on se demande comment Matthew Vaughn va faire pour clore son intrigue principale en si peu de temps. Un sentiment vite oublié avec ce final aussi grandiose que whatthefuckeque.
Kingsman est film mercantile, mais qui a au moins le mérite d'être bien foutu. C'est divertissant, parfois drôle, parfois chiant. Un film dont on perdra sans doute la saveur avec la pléthore de suite qui débarquera chaque année, espérant renouveler en vain la fraîcheur novatrice de Kingsman...