King Kong II
3.4
King Kong II

Film de John Guillermin (1986)

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Nous sommes en 1976. Son remake de King Kong a beau s’avérer une déception commerciale, Dino De Laurentiis songe pourtant déjà à en produire une suite. Mais plutôt que de remaker la suite du King Kong original (à savoir Le Fils de Kong), dont le succès fut très relatif en comparaison de celui de son aîné, le producteur italien a en tête de proposer une suite inédite à son King Kong nouvelle cuvée. Une suite qui, plutôt que de sortir la carte d'el famoso fils sorti de nulle part, verrait pour sa part le retour de King Kong, le seul le vrai et l’unique. Celui-là même qui avait fini le précédent film transformé en gruyère par les hélicoptères de l’armée, avant de chuter du haut des 400 mètres des tours jumelles ? Oui monsieur.


Il s’agit autrement dit pour le producteur de trouver un moyen convainquant de ramener à la vie sa vedette simiesque. Plusieurs idées plus ou moins merdiques sont évoquées mais c’est finalement celle des deux scénaristes Steve Pressfield et Ron Schusett qui convainc Dino de se lancer : un cœur artificiel. Les deux scénaristes ont en outre l’idée de faire apparaître une femelle géante, en plus du King Kong sur le retour. D’abord sceptique concernant ce second point, le producteur se laisse finalement convaincre : King Kong Lives est annoncé en octobre 1985, avec à la barre le réalisateur du premier opus, John Guillermin, alors fraîchement sorti du bide critique et commercial de sa Sheena, reine de la jungle.


Six mois plus tard, en avril 86 donc, le tournage de cette suite directe débute afin que le film sorte pour le Noël de la même année (puis en avril 87 en France, sous le titre King Kong II) :


Nous sommes maintenant en 1986. Dix ans ont passé… dans le vrai monde comme dans le film : dix ans depuis lesquels Kong vit alité dans un laboratoire du gouvernement, aux bons soins d’une Linda Hamilton reconvertie en médecin entre deux Terminator. Nous sommes donc censés gober que le bestiau a pu survivre à la branlée qu’il s’est mangée à la fin du film précédent… et que l’on nous rappelle d’ailleurs, dans un montage raccourci, en préambule de celui-ci – comme il était coutume de le faire alors dans les films Rocky, dont le quatrième volet cartonnait en salles un an plus tôt. Mais soit : c’est aussi cela, la magie du cinéma !


Magie au demeurant bien imparfaite, puisque si Kong vit, il est salement dans le coaltar et a tout de même besoin, en plus du fameux cœur artificiel, d’une transfusion de sang. Or il n’existe pas d’autre espèce dont le sang puisse être transféré à Kong… Par chance, un Brian Kerwin fadasse trouve après cinq minutes de film une guenon géante à Bornéo et, après moult tractations pécuniaires, la prête au laboratoire où officie Linda Hamilton. Kong est réanimé quinze minutes plus tard, renifle bien vite la femelle à proximité et, forcément, pète un câble. Une fois ladite femelle délivrée, la cavale des deux singes géants peut commencer, et avec elle l’aventure. Sarah Connor et son Indiana Jones Eco+ d’un côté, les méchants militaires de l’autre, une milice d’affreux bouseux bientôt : tout le monde veut mettre en premier la main sur les primates XXL.


Et franchement, bah… c’est assez nul. Consistant essentiellement en une chasse aux singes sans grande inspiration, le film meuble péniblement son heure quarante en enchaînant les multiples affrontements singes/humains, captures et évasions des singes… le tout avec en filigrane les deux romances simiesque et humaine. Autant de péripéties assez inintéressantes, et hélas jamais réhaussées par quoi que ce soit. Comme sur le premier film, la mise en scène de John Guillermin est hélas quelconque au possible, parfaitement fonctionnelle et sans jamais aucune fulgurance. Sauf que le premier film avait pour lui une histoire intéressante, des décors sympas, une Jessica Lange à moitié à poil et un John Barry inspiré.


Ici le film n’a rien d’intéressant à raconter, troque les décors de Kauai/Hawaï pour ceux du Tennessee, est porté par un couple d’humains insipide et même Barry y est remplacé par un autre John, Scott, dont la bande-son est absolument sans intérêt. Autrement dit : tous les atouts de son prédécesseur passent à la trappe.


Puis, comme le Fils de Kong cinquante-trois ans plus tôt, cette suite joue elle aussi la carte de la suite plus légère/familiale/rigolote et nous impose en conséquence quelques séquences humoristiques assez navrantes, qui ont certes dû faire s’esclaffer quelques morpions à l’époque mais foutent juste le bourdon aujourd’hui, à la vue de ce King Kong prétexte à faire des gags nuls. Puis alors les scènes de romance entre King Kong et Lady Kong… ces têtes de simplets qu’ils nous tirent parfois, mon dieu… Je comprends bien qu’ils puissent goûter à quelques instants de bonheur tous les deux m’enfin les expressions qu’ils se payent à certains moments sont vraiment gênantes.


Pour autant, ce sont bien les costumes créés par Carlo Rembaldi – toujours de la partie – qui composent encore la principale attraction de cette suite. Quand les Kong – toujours interprétés par des acteurs – n’affichent pas des têtes de ravis de la crèche, leur rendu visuel et l’animation de leur visage sont sympas.


Tout ça pour finalement se conclure par un King Kong qui se fait de nouveau trouer par l’armée… Mouais. Tout ça pour ça ? Alors certes, son maigre sursis lui aura permis de culbuter une femelle et de concevoir un fils avant de remourir, mais bon… je m’en fous un peu d’eux dans l’absolu, le film n’étant pas arrivé à me faire m’attacher à eux. C’était le King qui m’intéressait. Et ce film ne lui fait pas honneur.


Bref : ce King Kong Lives est une suite somme toute assez daubée, dont il n’y a hélas pas grand-chose à sauver… ni à retenir. Sur le papier comme sur le produit final, je lui ai préférée la suite originale, Le Fils de Kong.


Son prédécesseur avait été une déception commerciale, celui-ci sera un flop sans appel, avec un box-office mondial deux fois moindre. Et des critiques dégueulasses (justifiées). Un camouflet qui mettra le singe au placard pendant une quinzaine d’années, jusqu’à ce qu’Universal décide de lancer un nouveau remake du film de 1933, qui sera bientôt confié à un certain Peter Jackson…

ServalReturns
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le 6 déc. 2021

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