Travail d'équipe

Le premier Kick-ass créait quasiment le genre de la parodie réaliste (sic). On prenait l'univers des super-héros, on le transposait dans notre monde dépourvu de pouvoirs et de scientifiques fous et on en tirait toute la substantifique moelle. Il s'agissait rien de moins que de marier les couleurs kitsch (celles des costumes et du sang coulant à foison) à celles, bien plus ternes, de nos vies désenchantées. Le mariage tenait étonnamment bon... jusqu'à ce que l'aspect réaliste soit totalement bouffé par un trip nawak qui reniait brutalement le propos premier du film.

Le second opus ne tombe pas dans ce piège. Alors d'accord, le rythme est plus lent, la surprise n'est plus là et, surtout, Bat-Cage nous manque (snif !) mais au moins, on ne te dit plus plus que le type faible qui en chie des caisses pour rester en vie plus de 5 minutes en costume peut soudain se faire une Famille mafieuse à coup de jet pack... Non, l'univers du film garde cette fois sa cohérence du début à la fin: vengeurs et méchants masqués sont une anomalie qui s'auto-génère dans la droite lignée de la théorie initiée par les oeuvres Batman. On assiste donc à une orgie de super-loosers qui joue astucieusement avec les codes du genre, notamment avec une jolie référence à Watchmen et ses Minutemen.

Les remises en question existentielles, bien vues pour un second opus, n'ont cependant pas toutes le même intérêt. En gros, tout ce qui concerne "l'enfance volée de Hit-girl" aurait du aller beaucoup plus loin. On parle quand même d'une gamine qui a passé son enfance à tuer... et on n'en retire que le fait qu'elle a du mal à s'intégrer à une bande de pouffiasses de son lycée. Génial...

Le tout reste quand même globalement fun, avec des personnages attachants (surtout Motherfucker...) et toujours très rafraichissants. La cohérence en sus m'enjoint à préférer ce second film, complémentaire du premier, mais me fait douter de la nécessité d'un éventuel troisième opus. Enfin, quand je dis "éventuel", c'est un euphémisme...