On m'avait prévenu que Kaboom était moins bon que la plupart des autres films de Gregg Araki. Chose confirmée et toujours aussi savoureuse lorsque l'on sait qu'il s'agit du plus gros "succès" à ce jour du réalisateur...


La plupart de ses thèmes de prédilection sont pourtant bien présents : du sexe adolescent, beaucoup de sexe adolescent, un peu de drogue et pas mal de rock'n'roll, du fantastique, la fin du monde, de la junkfood, et des dialogues crus toujours aussi franco. Et ça commence plutôt bien. Smith, un jeune étudiant à la mode, nous fait partager son rêve récurrent, un rêve prémonitoire se concluant à chaque fois sur une benne à ordure. Style kitsch, comme il se doit, je trouve à quelques exceptions près l'utilisation des couleurs - le plus souvent flashies - très intéressante et savamment étudiée. Seulement, cette fois-ci les plans de bouffes donnent plus la gerbe qu'autre chose, et le coup de la merde de chien je m'en serais largement passé...


Le début donc. Les rapports et les fantasmes de Smith vis-à-vis de son colocataire surfeur, apprenti en auto-fellation et d'apparence un peu débile (le premier laissant supposer le second), m'ont d'emblée amusé. Et dans la foulée, James Duval, l'acteur fétiche d'Araki, ici dans un second rôle, fait une apparition fracassé fracassante ; mais c'est surtout Juno Temple qui crève l'écran, incarnant une insatiable et directe petite bombasse tombant sous le charme du héros lunaire (Thomas Dekker, qui lui aussi doit plaire). Leurs ébats feront à mon goût partie des meilleurs moments du film, avec en sus de bons dialogues dans le genre. Jeunes, beaux et cools, sexuellement à contre-courant du puritanisme américain, les protagonistes pour la plupart bisexuels se retrouvent une fois de plus au centre des débats.


Mais lorsque les hommes aux masques d'animaux surgissent, c'est le drame ! L'intrigue, avec entre autres ses rêves imbriqués, part dans quelque chose de très peu convaincant, et finalement foutraque ; surtout avec cette "sorcière" possessive aux pouvoirs ridicules mal amenés (les effets spéciaux en mode nanar assumé craignant un max). Heureusement, le surfeur nous fera sourire à nouveau avec une facette de sa personnalité que nous ignorions... Et puis cette BO... Encore. Toujours. Un point fort indéniable, avec en prime un live bien tripant.
A noter par ailleurs le clin d'oeil à l'excellentissime premier album de Slowdive : Just for a Day. :)


Mais le scénario continuera de s'enliser (métaphore du messie, points communs entre les personnages) jusqu'à ce qu'enfin, et comme par miracle, le réalisateur arrive dans la dernière ligne droite à retomber sur ses pattes. Mais que ce fut laborieux, tiré par les cheveux, et relativement attendu au final (on devine trop tôt l'identité des types masqués).


Ma première déception Arakiesque donc, avec ce Kaboom hyper-connecté, toujours aussi intrigant sur le plan sexuel, mais bien moins inspiré et absolument pas maîtrisé sur le fond. Dommage. Ceci dit, ça pète bien de finir sur The Bitter End. ;)


5,5/10

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le 19 juin 2016

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RimbaudWarrior

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