
Côté plus, on se réjouira d’un film réussi tant pour les pupilles que pour les tympans. Une photographie et une BO léchées, c’est assez rare côté cinéma français pour être souligné. On se réjouira également de revoir une bonne partie des visages laissés là il y a plus de dix ans, visages qui nous ont fait tant rire et qui le font toujours assez malgré un fan service décevant, j’y reviendrai. Quelques nouveaux personnages font également leur apparition et parviennent à nous convaincre dès leurs premiers dialogues (mention spéciale pour Gallienne). Tout ce cocktail contribue ainsi à faire des trente premières minutes du film une œuvre à haut potentiel. Au-delà cependant… ça se gâte.
Passé l’introduction au retour d’Arthur, on regrettera en effet un scénario pressé, pressé de poser les bases pour les prochains volets au point de faire tenir une histoire qui mériterait elle-même trois volets en deux petites heures.
Le résultat est logique. Tout va trop vite. Ni les retrouvailles entre les multiples personnages, ni le retrait d'Excalibur ne parviennent à nous émouvoir. Le changement d'état d'esprit d'Arthur vis-à-vis du sort du royaume ou de Guenièvre est brouillon. On passe d’un jemenfoutisme chronique à un activisme sans graduation.
Trop de situations sont par ailleurs expédiées voire inexpliquées (mais que foutent Elias et Calogrenant chez Léodagan? Et Mevanwi, comment en est-elle arrivée là ? Père Blaise ?), situations auxquelles s’ajoutent des ellipses temporelles donnant l’impression d’un film haché, au rythme mal maîtrisé.
Dommage inévitable de cette mise en scène expéditive : des personnages connus et attendus nous sont présentés puis aussitôt oubliés tout au long du film (sûrement pour ne pas perdre le grand public qui n'a pas vu la série). Sans compter que nouveaux personnages dont l'utilité est (pour le moment) discutable viennent éclipser les principaux protagonistes de la série qu'on aurait souhaité voir davantage et qui perdent, pour beaucoup, de leur profondeur (RIP Perceval devenu inintéressant, ciao la Dame du lac venue faire de la figuration).
Ajoutons à cela un manque de souffle à l’intérieur même des scènes. Là où les silences et plans longs contribuaient beaucoup tant au côté comique que dramatique de la série, les scènes du premier volet enchainent les plans qui ne dépassent pas la seconde. On perd l’atmosphère propre à la série qui fonctionnant pourtant dans les épisodes de cinquante minutes des livres V et VI. Bref ça va trop vite, beaucoup trop vite et encore trop vite.
Plus subjectif, et plus étonnant encore : certains jeux d’acteurs sont approximatifs et l’humour tombe parfois à plat du fait de références à la série trop nombreuses, pour ne pas dire de vannes réchauffées. Alors qu’Astier affirmait ne pas vouloir faire de fan service, il tombe en plein dedans.
On pourra enfin noter une continuité assez bancale avec la fin du Livre VI. Là où on s'attendait à un Arthur préparant son retour, on retrouve un Arthur toujours dépressif et désintéressé de la Bretagne. Soit, mais pourquoi ? Expliquez au moins !
Conclusion : mériterait une version longue, beaucoup plus longue. Astier, n'ayant jamais pu terminer la Communauté de l'Anneau d'une traite, je doute néanmoins qu'une telle version nous vienne un jour. Ah, et le 7/10, c'est parce que je suis gentil, et que ce con a quand même réussi à me faire aller deux fois au cinéma.