Réunion de nostalgiques anonymes

Avis sur Kaamelott - Premier Volet

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Voici donc venir Kaamelott : Premier volet, l’extase guette les aficionados… à moins que l’attente n’ait eu raison de toute la bonne volonté, les idées et les moyens réunis par Alexandre Astier ? Dans la lignée des derniers Livres ayant redéfinit les ambitions et l’ambiance de toute une série TV, ce premier film se vouait à poursuivre en ce sens tout en opérant une mutation non moins anodine : le changement de médium.

Malheureusement, l’expérience confine à la moue circonspecte, non pas qu’elle soit ratée dans les grandes lignes du fait de véritables atouts… mais les écueils ne manquent pas. D’entre tous, il conviendrait de citer le rythme laborieux du film qui, bien qu’entamant d’une bien belle manière son déroulé, s’enlise peu à peu dans un exercice d’exposition creux. Les deux heures de visionnage semblent ainsi d’étirer à n’en plus finir, non sans aboutir à une résolution paradoxalement rapide de ses enjeux immédiats.

Pourtant, le montage n’est pas aussi abrupt qu’évoqué par certains, mais gageons que la multitude d’intervenants assoit l’impression d’empressement, elle-même suspendue aux prérequis qu’invoquent ces derniers. Si le plaisir est globalement au rendez-vous, les vieux de la vieille rendent des copies disparates en termes d’efficacité, et nous nous surprenons à plébisciter plutôt celles des petits nouveaux : Alzagar (Guillaume Gallienne) est surprenant comme savoureux, marque d’une introduction des plus enchantantes, et nous pourrions aussi citer le passage rayonnant du Duc d’Aquitaine (Alain Chabat), quoique déjà connu du spectateur.

Autre souci non moins majeur : l’écriture d’Arthur semble faire du sur-place, quand bien même ce Premier volet changerait subitement son fusil d’épaule. Engoncé dans ses dénégations de responsabilité, le célèbre roi de Bretagne n’a pas changé d’un iota, qu’importe les années passées : aussi, sans trop savoir pourquoi, le bougre consent finalement à enchainer les actions d’éclats (retrait d’épée, libération de princesse en « détresse » et affrontement victorieux avec l’oppresseur). Certes, le récit tend bien quelques perches timides (comme cette Table ronde de fortune), toutefois rien ne semble surpasser ce qui a déjà pu être dit ou fait.

Disons donc que cela a beau ne pas être patent, ce revirement n’est pas pour autant subtil (la réciproque n’est pas automatique) : à tirer autant sur la corde du portrait acariâtre et soupe au lait, nous étions d’une certaine manière en droit d’attendre mieux de la part du long-métrage. Son rival de toujours, Lancelot, fait également preuve d’une évolution pour le moins curieuse : empêtré dans un costume somptueux mais diablement encombrant (l’effet recherché justifie-t-il une telle maladresse ?), le célèbre Chevalier Errant s’est fait déposséder de ses forces et faiblesses, car relégué à un rôle d’ennemi fantomatique.

Qu’il s’agisse des états d’âme d’Arthur ou la perdition de ce dernier, nous sommes au final bien en peine de voir où Astier veut en venir : avec deux films encore à venir, rien n’est perdu mais tout est encore à faire. Pour le reste, convenons que la plastique de ce Premier volet vaut bien quelques compliments, fort d’une photographie au poil, de décors majoritairement crédibles et d’une créativité patente… gare toutefois à l’excès de bonnes intentions (les tenues des saxons dénotent un peu trop).

Auteur de judicieux apports explorant davantage la construction et psyché du personnage d’Arthur (amour adolescent, haine froide et origines des principes), le long-métrage souffre clairement de l’exercice mais sans pour autant s’écrouler sous le poids de la tâche : l’espoir quant aux suites subsiste donc.

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