Justice League est un film dont les paradoxes d'existences se retrouvent incarnés dans le film même. Je vous rassure, je vais m'expliquer. Alors que le DC Cinématique Univers a décidé de donner une liberté aux réalisateurs pour faire chaque film plus ou moins dans son coin et ne connecter que de manière globale l'ensemble, Justice League est le film pierre angulaire de la connexion des héros. Il souffre donc, par nature, d'un univers où différents films se sont construits de leur côté (Wonder Woman et Suicide Squad) et où de nombreux héros se retrouvent introduit ici.
Il en résulte ce sentiment d'avoir un film introductif qui, pourtant, ne devrait pas l'être. Et le résultat en est que ce film, loin de courir, réalise un jogging : il doit parcourir un certain chemin et n'a nullement le temps de se reposer entre temps. Pour autant, loin d'être une course, le film s'offre un rythme dans la bonne moyenne, assez calme pour nous laisser profiter et assez rapide pour garder un sentiment de tension.


Malheureusement toutes ces bonnes intentions ne parviennent pas à enlever les défauts majeurs du film qui peuvent se résumer par une trop grande rapidité sur certaines scènes et un ancrage trop fort dans le DCU. Car si Wonder Woman pouvait se voir en solo, Justice League sans Wonder Woman est dur à saisir, tant le personnage de Diana est construit en réponse à son film solo. Paradoxe donc : alors que le film Wonder Woman n'offrait rien à Justice League, Justice League ne peut tenir sans Wonder Woman !
Le film prend son temps, beaucoup trop sur certains points, donnant un sentiment de série. On dirait que l'on a réalisé plusieurs épisodes puis collés les uns à la suite des autres dans une tentative de faire une vaste fresque. Échec forcément ?
Ne boudons pas notre plaisir, les scènes elles-mêmes ne sont pas loupés et le film esquive certaines facilités (amener un trop grand danger par exemple, jamais la Justice League n'est dans une situation qui leur échappe totalement, ce qui est bien normal vu la team) mais c'est le sentiment d'ensemble qui en patit.


Il faut dire que le méchant est en carton. Steppenwolf est un méchant qui a tenté d'envahir le monde et veut recommencer en réunissant 3 artefacts scellés par les humains, amazones et atlantes. Quoi ? Vous savez autre chose dessus ? Et bien bravo, vous avez lu les comics ! A la sorti du cinéma je me suis sérieusement demandé comment un non-lecteur pouvait prendre au sérieux Steppenwolf, qui, effectivement, offre quelque chose de plus intéressant pour un fan.
Sans perdre son côté « gratuit » le personnage se positionne dans un rapport de perte de maison (Apokolyps) et une volonté d'atteindre le statut de New-Gods (ce qu'il est déjà mais passons) transcendant sa nature et atteignant la pleine puissance de son maître, le vénéré Darkseid. Ce rôle de héraut est totalement perdu si on ignore le comics, ce qui est bien dommage. Car bien que Steppenwolf demeure un personnage superficiel, le lecteur possédera assez d'informations pour ne pas en être gêné durant le film.


Si la composition de l'équipe prend son temps et permet d'introduire pléthore de personnages secondaires, parfois incompréhensible (je me demande vraiment comment un non-lecteur a pu s'attacher au personnage d'Aquaman tant son background repose sur des éléments connus du lecteur), offrant ainsi un certain réalisme, on a le sentiment que le film prend beaucoup trop son temps.
Le résultat en est que le retour de XXX est bâclé, faite par magie pratiquement, quelques plans en plus, montrant la difficulté du processus auraient été simples mais auraient donné un bien meilleur effet. Le combat inter-héro est gratuit et facile et le personnage ne sert, ultimement, que de Joker final pour faciliter le travail à une équipe qui aurait pu presque s'en passer.
Le combat final est, de même, très vite expédié, dans un arc final sans vrai saveur et surtout sans intérêt. Le film l'assume lui-même : l'équipe est formée, le film est rempli, alors on expédie la fin ett on va se coucher.
Étrangement le film prend du temps pour des scènes mal ficelées. Les deux premières en tête, le film s'ouvre sur une interview de Superman qui tente de montrer l'aspect aspirant du grand homme mais échoue à toucher dans cette scène, la suivante avec l'arrivé de Batman prend du temps, est assez moche (très sombre sans avoir d'aspect dantesque) et finalement introduit les Paradémons de manière ennuyeuse. Je pense que le film n'aurait pas dû chercher une explication par la « peur » pour justifier les paradémons mais jouer la carte Lex Luthor plutôt. Si seulement le montage cinéma de Dawn of Justice avait gardé la scène avec Steppenwolf, et si seulement Wonder Woman avait pensé à introduire la Mother Box, alors on aurait pu avoir une ouverture de Justice League plus rapide, plus dans la tension.
Ces choix sont d'autant plus étranges que le film est finalement court. Vingt à trente minutes supplémentaires n'auraient pas été de refus, le film en effet a un bon rythme et aurait largement pu s'autoriser un pareil allongement. Cela aurait permis de rendre des personnages secondaires moins secondaires, de plus creuser tous les personnages et notamment le fameux retour.
Malgré tout le film offre pas mal aux fans avec des clins d'oeil appréciable. Mais justement faire un film qui joue trop avec les références aux fans (Green Lantern en tête) et ne propose pas, de lui même, quelque chose pour tous, n'est-ce pas un problème ?


Globalement la BO n'est pas aussi dantesque que l'on devait s'y attendre. Visuellement c'est pas très beau, comptant beaucoup trop sur le virtuel pour proposer quelque chose d'intéressant. Les personnages méchant se révèlent vite sans personnalité (Paradémon comme Steppenwolf).
Le film divertit et il ne veut que cela. Sans la prétention de Dawn of Justice et Man of Steel, Justice League parvient à ne pas avoir cette déception de ne pas tenir ses promesses mais, pour autant, se révèle réellement moins bien réalisé.
Il y a trop de simplicité, trop de sujets survolés. Justice League est un divertissement sans plus, et c'est certainement là son défaut : basé sur rien, ne construisant avec pas assez d'envergure, cela révèle à quel point la franchise DC au cinéma ne sait pas dans quel sens aller et a bien du mal à se diriger.
On pourrait épiloguer pendant des heures sur chaque détail, mais fondamentalement ce film contient un message que je vais suivre : allez lire des comics.

mavhoc
5
Écrit par

Créée

le 24 nov. 2017

Critique lue 248 fois

2 j'aime

mavhoc

Écrit par

Critique lue 248 fois

2

D'autres avis sur Justice League

Justice League
CrèmeFuckingBrûlée
4

Journal intime de Batman : entrée n°1

Mercredi 15 novembre 2017 Oh là. Qu’est-ce qu’il s’est passé hier soir ? J’ai l’impression que Superman tient mon crâne entre ses mains tandis que Wonder Woman me donne des coups de pieds dans...

le 19 nov. 2017

121 j'aime

22

Justice League
Behind_the_Mask
7

Le DCmonde a-t-il besoin de Zack Snyder ?

Cher Zack, Accepte tout d'abord que je te présente mes condoléances. Perdre un enfant doit être une douleur au delà de l'imaginable. Car ce n'est pas dans l'ordre des choses, à l'évidence. Et alors...

le 15 nov. 2017

112 j'aime

25

Justice League
Sergent_Pepper
2

Les arcanes du blockbuster, chapitre 29

Sur la table en acajou, une corbeille en faïence blanche. Un rouleau de papier hygiénique, du désodorisant d’intérieur et quelques magazines people. -Je crois qu’il faudrait plus de vaisseaux...

le 23 févr. 2018

106 j'aime

14

Du même critique

Monty Python - Sacré Graal !
mavhoc
3

J'ai presque honte de ne pas aimer

Ce que je vais dire va surement sembler un peu bête, mais globalement je chie sur les critiques contemporaines professionnelles. Mon respect va aux avis des membres actifs du milieu du cinéma, ainsi...

le 23 mai 2014

75 j'aime

13

Black Book
mavhoc
5

Public aveuglé

Salué par la critique Black Book nous montre l'amour de Paul Verhoeven pour les scénarios longs sans longueur et les œuvres dotées d'image marquante. L'esthétisme ultra-soignée du film qui est...

le 5 mars 2016

35 j'aime

9

The Crown
mavhoc
7

Anti-binge-watching

Curieuse série que The Crown. Curieuse puisqu'elle se concentre sur la vie d'Elizabeth II, c'est-à-dire La Reine du XXe siècle, mais une reine sans pouvoir. The Crown est une série qui s'oppose à...

le 24 avr. 2019

28 j'aime

2