
Après cette grosse saucisse boursouflée qu’était Batman V Superman, DC continue sur sa lancée avec sa petite réunion familiale en cape et collants. Un film moins indigeste et plus chorégraphié que son prédécesseur, préférant une intrigue plus simple et des enjeux plus compréhensibles, mais s’inscrivant lui aussi dans cette vague de films super héroïques qui n’ont pas grand-chose à dire.
Si l’intention de raconter une histoire semble être la dernière motivation des studios concernant la fabrication des blockbusters, celle-ci semble complètement disparaître lorsque les univers qu’elle investit existent au préalable dans la tête des fans. Le spectateur aguerri se contera de la connivence. De clins d’œil flattant sa connaissance de la pop culture censés lui faire oublier que le film ne construit aucun arc narratif et se contente idiotement de faire référence à ceux des autres. La méthode s’étend ici jusque dans la musique, allant déterrer les thèmes des précédentes sagas.
Coté réalisation, Le jeune Zacky tente de reproduire, sans génie mais avec technicité, les cases l’ayant fait fantasmer dans son enfance, oubliant tout ce qui leur sert de liant : La narration, Les personnages, les non-dits, les traumas etc…. En cela Snyder gratifie son public d’un véritable « Heroes-porn movie » où des icônes de la pop culture semblent se mouvoir dans un poster animé de 2 heures. Carrossé par une production design incohérente qui change parfois d’un cut à l’autre sans transition. D’une esthétique rococo à Jim Lee en passant par Alex Ross, le film souffre de ses nombreux reshoot opéré par Joss Whedon pour à l’arrivée ressembler à un Flux « Deviant Art » pour lequel on aurait tapé « DC » dans la barre de recherche. Le procédé fait recette, l’industrie ayant compris que le public donne plus de crédit au fantasme, même incohérent, plutôt qu’au procédé narratif et cinématographique.
Le mince vernis du récit gratté, Justice League dévoile ainsi sa véritable nature. Celle d’une publicité. Une publicité de deux heures dans laquelle Batman a remplacé la mère au foyer et flash l’adolescent débile mais rigolo, et qui nous vendent le prochain film, qui sera lui aussi une publicité, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la franchise meurt suite à l’écœurement du public.
Cette méthode semblant faire maintenant consensus à Hollywood donne l’impression de voir encore et toujours les mêmes films, façonnés selon le même cahier des charges, entre la non-prise de risque et le fan service constant. Que le film soit celui de Snyder ou Whedon reste finalement anecdotique et on se demande comment un auteur peut émerger au sein d’une telle structure. Ironiquement je suis sûr que le Batman returns de Burton subirait aujourd’hui la colère des fans pour le non-respect de son sacro-saint univers ainsi que le dédain des studios pour son aspect anti-spectaculaire. Et pourtant sa vision a marqué l’esprit des cinéphiles au point de transformer voire de supplanter l’univers qu’il investissait.