Enfin, LE voici, LE voilà !
A la fois attendu et redouté pour toute une série de raisons (annonce de l'arrivée de Joss Whedon, réalisateur des 2 1ers films Avengers à la demande express de Zack Snyder ayant choisit de démissionner suite à un drame personnel, volonté de la part des pontes de la Warner de diminuer l'aspect sombre des films antérieurs du DCEU histoire de s'attirer de meilleures critiques presse), "Justice League" possède déjà le mérite d'avoir été l'un des films ayant suscité le plus de débats sur les réseaux sociaux bien avant sa sortie.


En toute honnêteté, au vu des bonnes surprises qu'ont constitués les quelques films de super-héros sortis cette année ("Logan", "Spider-Man Homecoming", "Thor : Ragnarok" et bien sûr "Wonder Woman"), on était en droit d'espérer que "Justice League", gros morceau de l'univers cinématographique DC s'il en est, soit un minimum bon; d'autant plus que, en dépit d'une mise en chantier quelque peu chaotique, l'ensemble de la production (les producteurs de la Warner, de même que Zack Snyder et, accessoirement, Joss Whedon) semblait avoir mis le paquet pour faire le meilleur film possible, rebousté par l'énorme succès critique et publique de "Wonder Woman", précédent film DC sortit en juin dernier et, surtout, désireux de ne pas répéter les funestes erreurs du passé ("Suicide Squad").


Passons maintenant au film en lui-même. Que vaut-il véritablement ? Coup, d'épée dans l'eau ? Grosse surprise ?
Au final, ni l'un ni l'autre; résultat en demi-teinte. Ceci dit, une chose est sûre : "Justice League" n'est en aucun cas la catastrophe industrielle à la "Suicide Squad" que beaucoup craignaient. Le principal souci de "Justice League" est qu'il s'agit surtout d'un film bancal, autrement dit très plaisant à suivre et très correct en terme de rythme narratif mais dépourvu de toute ambition formelle et narrative; le film se contentant de suivre son récit (que l'on sent malgré tout un peu trop étriqué pour un film de 2h) au pied de la lettre avec juste ce qu'il faut faut en terme d'action et d'efficacité narrative.


Tout comme ce fut le cas du 1er film Avengers en son temps, l'objectif de ce 1er "Justice League" est de nous conter la rencontre de plusieurs super-héros, certains que nous connaissons déjà très bien (Batman, Wonder Woman), d'autres un peu moins (Flash), voire pas du tout (Cyborg, Aquaman) tous appelés à s'unir pour sauver le monde de la destruction totale.
Là où "Justice League" se différencie déjà du 1er Avengers, c'est dans le fait que, en dépit de quelques petites chamailleries, les super héros ne se battent pas physiquement entre eux, constat dû au fait que la menace étant déjà installée, ceux-ci ne disposent que d'un court laps de temps pour se rassembler et sauver la planète.
Cette volonté d'aller très vite au coeur de l'action n'empêche cependant le récit de s'attarder (même de manière minime) sur la vie difficile de ces divers personnages (Batman qui a visiblement du mal avec la notion d'esprit d'équipe, Wonder Woman qui ne semble avoir de vie sociale uniquement qu'en combattant les malfrats durant son temps libre, Aquaman fuyant son statut de "protecteur des océans", Flash qui ne vit que pour faire sortir son père de prison, Cyborg qui reproche à son paternel de l'avoir transformé en machine plutôt que de le laisser mourir).
Aussi courtes soient-elles, ces quelques "tranches de vie" s'avèrent suffisamment efficaces pour que l'on ressente de l'empathie pour ces sauveurs un peu malgré eux. Dès lors que ces personnages ne soient pas vraiment heureux, l'humour qui se dégage du film (par ailleurs nettement plus présent que dans "Man of Steel" et "Batman V Superman", les 2 autres films du DCEU à avoir été réalisés par Snyder) n'est absolument pas gratuit. Aussi, à ceux qui craignent une sur-dose d'humour à la Marvel se rassurent, ce n'est absolument pas le cas dans "Justice League". En effet, il y a beaucoup d'humour (à cet égard, Flash n'est pas sans rappeler l'actuel Spider-Man incarné par Tom Holland dans le MCU) mais qui provient surtout des séquences d'interactions sociales entre les personnages. Ainsi, dans les nombreuses scènes de combats, l'humour cède la place à un certain sérieux, propre à établir un esprit d'équipe et une solidarité entre eux. Par ailleurs, on notera que les rapports entre les membres de la Justice League sont le véritable point fort du film.
Plus l'action avance, plus l'entraide sera de mise pour céder ensuite la place à un profond respect mutuel, ce qui confère au film un sentiment de camaraderie touchant qui, évitant toute forme de blagues facile et de références à la culture pop-geek, n'en est que plus admirable.


Là où le film malheureusement, ne convainc pas, c'est dans sa deuxième partie centré sur un rebondissement narratif (que nous tairons ici) , mais que ceux qui ont vu "Batman V Superman" comprendront.
Bref, le rebondissement en question est quelque peu vite expédié et se contente d'aligner les clichés narratifs classiques (rancune personnelle vis-à-vis de ceux qui nous ont laissés mourir, retour de l'être aimé en guise de conscience pour aider les autres en mauvaise posture) au tac au tac, de manière certes cohérente mais dépourvu de la moindre originalité et ambition. Du coup, l'émotion et le plaisir ressentis en première partie à l'idée de voir ces différents héros s'entraider retombe un peu comme un soufflet, une facilité scénaristique relativement grossière qui dérange.Et ce n'est certainement pas le dernier acte de bravoure, lui aussi vite expédié à grands renforts de CGI vite fait-bien fait , qui fera remonter la note.
Et pourtant, auparavant (en première partie du film encore et toujours), "Justice League" a droit à une très belle séquence d'action mettant en scène les membres de la ligue face au sinistre Steppenwolf (le grand méchant du film) et ses sbires, scène dans laquelle la touche personnelle de Snyder se fait fortement ressentir à coup d'images grises à l'esthétique très léché, de ralentis visuels et d'empoignade gentiment musclés, le tout centré sur les premiers efforts de camaraderie qu'ils entretiennent entre eux.


Le côté plaisant du film tient aussi dans sa distribution. Outre Batman et Wonder Woman que nous connaissons déjà, c'est surtout le plaisir de découvrir Aquaman (interprété de manière à la fois viril et gentiment bourrue par le badass et charismatique Jason Momoa, découvert en Khal Drogo dans la série "Game of Thrones") et Flash (qui est assez différent du personnage de la série du même nom), personnage tour à tour blagueur, naïf et courageux que joue de manière crédible le jeune Ezra Miller, remarqué pour son rôle d'ado psychotique dans le film "We need to talk about Kevin" de Lynne Ramsay.
Enfin, Cyborg, dont les premières photos avaient de quoi un peu inquiété (design pas très soigné, personnage qui semble être mis volontairement en retrait) est interprété de manière tourmenté par Ray Fisher qui parvient à insuffler à son personnage d'homme/machine une certaine tristesse et donc de la crédibilité.


Peu de temps avant la sortie du film, beaucoup craignaient le "changement" de réalisateurs; en gros, le fait que Zack Snyder ait demandé lui-même à Joss Whedon de retourner des scènes complémentaires; les rumeurs (fondées ou non) voulant que Whedon, histoire de faire en sorte que le film soit plus "lumineux", ait choisit de raccourcir certaines séquences intimistes tournées par Snyder.
Ce qui est certain, c'est que (et j'en vois déjà certains grincer un peu des dents) on sent bien la patte Whedon, dans la manière de traiter les super-héros de manière matinale, autrement dit de les faire parler de leurs plans pour sauver le monde plutôt que de s'attarder sur leurs états d'âmes, chose que Snyder avait fortement mis en place dans "Man of Steel" et "Batman V Superman".
Ce parti-pris fait donc de "Justice League" le film le plus optimiste (si l'on peut dire) du DCEU. Ceci étant, principalement pour les raisons évoquées en quatrième paragraphe, le film ne sombre pas dans les excès mielleux et humoristiques des films du MCU et, malgré l'envie manifeste de faire des long-métrages plus optimistes, arrive garder un certain équilibre entre sérieux et comédie. D'autant plus que, en dépit des changements opérés par Whedon (en particulier concernant la seconde partie), le film reste plastiquement un film de Zack Snyder.


Au final, donc, si "Justice League" se révèle loin d'être la claque super-héroïque que certains voulaient y voir et encore moins le blockbuster de l'année mais, de par ses interactions de personnages réussie et son rythme soutenu, il n'en reste pas moins un divertissement plutôt plaisant, à défaut d'être surprenant et inoubliable.


En espérant tout de même que la suite sera mieux !

Créée

le 16 nov. 2017

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