Justice est faite !

Voici enfin venir ce qui devait être la véritable réponse de DC à Marvel après un temps de préparation sensiblement plus succinct que ce que son prédécesseur avait fait pour introduire un monde véritablement connecté (déjà plus que teasé dans Batman vs Superman : Dawn of Justice). N’ayant pas aimé ce dernier volet et aux vues des critiques ne ménageant pas ses efforts pour descendre ce dernier opus, je m’attendais au pire et pourtant…

Je fus agréablement surpris d’entrée de jeu. Même si au final on assiste à un film en demi-teintes jonglant entre le meilleur et le pire de ce genre cinématographique, on est tout de même loin de la catastrophe annoncée.

Une chose que l’on remarque très rapidement à la vue du film est que les nouveaux personnages (Cyborg, Flash dont le background est quand même mieux connu suite au TV show et Aquaman) sont introduits directement à l’écran dans des scènes solos alors qu’ils n’ont jamais été vu préalablement (et ce n’est pas les 3 secondes d’exposition à la fin de Batman vs. Superman qui compte). Ce n’est pas fort dérangeant dans l’absolu parce que les scènes sont réussies et que donc on n’a pas l’impression qu’ils ont été casés à coup de chausse-pieds mais cela sent tout de même l’univers un peu précipité…

 That feels like an oversimplification.

Le problème majeur du film est une légère tendance à la schizophrénie profonde. D’un côté, on a une esthétique caractéristique à l’univers DC avec son rendu en termes d’image bien supérieur à celui de l’univers Marvel. On sent directement cette marque de fabrique apportant une impression de qualité supérieure. Malheureusement ici, si cette impression est bien là, elle est également largement ternie par des effets spéciaux en CGI qui gâchent le rendu de certaines scènes, notamment dans la deuxième partie du film. Car le film se marque bien en deux parties. La première est très bonne et offre de très belles scènes (comme la scène d’action introductive de Wonder Woman dans la banque ou la bataille des anciens dieux et héros contre le gros méchant du film) tandis que la deuxième partie semble y aller allègrement en effets spéciaux en dessous des standards de qualité vu ces dernières années dans les grosses productions (ce qui pour un film avec un budget si élevé est tout de même décevant). Ces effets spéciaux cheaps se remarquent fortement également sur le corps de Cyborg qui est difficilement regardable en plus d’être cernable. À l’heure d’aujourd’hui où on a eu des déclinaisons de cyborgs et autres robots dans toutes les formes possibles et imaginables, on est très clairement en dessous desrendus de ces 30 dernières années (sans exagération !)…

Ces deux parties du film se font face et comme dit précédemment. La première partie où le méchant est introduit et que l’équipe se forme petit à petit est vraiment très réussie et offre de très grosses scènes tant d’action que de rencontres vraiment intéressantes pour n’en citer que quelques-unes :

• Le méchant attaquant les amazones pour voler un des items recherchés. Grosse intensité dans une bataille en mouvance complète.




• Les anciens dieux alliés aux héros protégeant la terre mettant fin à la menace du vilain pas beau. Cette lutte est juste épique (ce qui rend la bataille finale décevante en comparaison, dommage qu’ils n’ont pas mis en parallèle l’ancienne bataille lors de la finale avec les anciens protecteurs donnant directement leur force aux nouveaux pour les faire dépasser leurs limites)




• L’introduction sauvage d’Aquaman




• Wonder Woman en action




• etc.

 We have to be ready. You, me, the others… There’s an attack coming from far away.

On a un scénario peu original (un grand méchant vaincu dans le passé mais pas terrassé qui revient récupérer son dû avec les phases d’équipe passant du ‘on n’est pas trop chaud’ à un ‘oui, mais vu la menace unissons-nous vite’) mais bien mis en scène malgré la laideur extrême de la menace (suis-je d’ailleurs le seul à avoir cru que c’était Liam Neeson ? Personne n’en parle, ça me perturbe…). Par contre cette mise-en-scène efficace dégénère dans la seconde partie du film à partir du moment où…

Pour arriver jusqu'à un combat final qui reprend les mêmes erreurs que celles commises dans Batman vs Superman : Dawn of Justice. C'est-à-dire des effets dégueulasses, action floue avec des images beaucoup trop chargées et le tout sans qu’on ne sente la moindre tension pour nous figer dans notre siège ! La menace pesante ne crée en fait jamais de réelle tension une fois passé les premières scènes d’attaque du vilain sur les amazones et les atlantes au début du récit. De plus situer le cœur de l’invasion dans un village de Russie rempli de parias autour d’une centrale nucléaire qui a giclé dans les années 90’s, ça ne rend pas la menace très proche (malgré mon énorme compassion pour les parias du monde entier, bien entendu)… Ce manque de tension s’explique aussi parce que le récit est très prévisible. Il n’y a aucun moment où la direction prise par le scénario va nous surprendre d’une quelconque manière.

 What are your superpowers again ? – I’m rich.

On voit aussi que DC s’est inspiré de la formule Marvel en introduisant de l’humour à fortes doses là où l’univers DC offrait une rigueur et une obscurité extrêmes (d’ailleurs suis-je le seul à être choqué quand la première blague du film est Martha Clarck faisant une allusion sexuelle à Lois Lane). Flash semble même n’avoir été introduit dans le film que pour cet effet tant il officie comme le bouffon du groupe. Il le fait bien donc cela fonctionne mais son utilité dans le film est proche du néant. C’est l’équivalent du Spider-Man façon Marvel Studios. Il est surexcité à l’idée de rejoindre une ligue de héros et s’émerveille de tout alors que lui-même possède un panel impressionnant de capacités. Mais il agit comme si vous et moi, on était plongé dans un monde de super-héros et c'est amusant comme réaction. Un problème avec ce personnage est également lié au fait qu’il est introduit dans un repère qu’il squatte mais où il a un panel de matériel high-tech assez impressionnant (à commencer par sa tenue) que même si le gars est un génie, ça n’explique pas comment il peut se payer et assembler ce genre de choses. Et là, l’introduction de Bruce Wayne aurait été utile lui permettant l’accès à des ressources illimitées et donc de concevoir son costume mais ils ont décidé de ne pas s’étaler là-dessus. C’est dommage aussi parce que cela aurait permis de construire des liens entre les personnages. Ces liens sont assez limités que pour former une réelle équipe. Si on sent bien une réelle connexion entre Batman et Wonder Woman, ainsi qu’entre Flash et Cyborg, le reste n'a pas réelle cohésion que pour agir de manière efficiente en tant qu'équipe… Notre héros tout puissant semble être plus un maitre au milieu de ses servants qu’autre chose (malgré la première scène post-générique).

Dans la gestion des personnages, on constate d’une manière générale que les nouveaux personnages n’ont pas une grande utilité, Flash est plus une carte humour que puissance ; Cyborg est introduit en lui donnant une dimension dramatique mais une fois le récit plongé dans l’action, il n’est plus qu’un outil dont on ne se souciera plus ; et Aquaman est la carte badass de la team mais en réalité, il n'occupe aucune function particulière au sein de la team.

Dans les remarques diverses on notera d’une manière générale que : l’acting est bon (sauf Lois Lane que je trouve nulle mais bon, elle n’a pas grande importance) ; les dialogues sont insignifiants ; on critique le teasing de Thanos et des pierres de l’infini dans le MCU mais le teasing de Darkseid dans le DCU n’est pas mal non plus ; les soldats de Steppenwolf sont attirés par la peur en introduction du film et en fin mais pendant tout le reste de l’histoire cette caractéristique intrinsèque ne sert à rien ?; & que finalement la bande son est fort molle.

Bref, par rapport au massacre attendu, Justice League est plutôt une bonne surprise du moins pendant toute la première moitié du film avant de tomber dans une facilité de production un peu insipide. Mais dans l’absolu, c’est un bon divertissement pour un public qui aime les films de super-héros.