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Cher journal,


A peine nous voilà arrivés dans le nouveau parc à thème Jurassic World 2 qu'on nous sensibilise déjà au danger que cela représente. J'écris du bord d'un petit ponton de bois situé à l'extrême nord de l'île, pas loin des employés harassés par la chaleur qui devraient en principe veiller sur notre groupe. Nous les avons semés, ces sales tronches de diplodocus.


Le bruit de l'eau m'apaise et me berce après ce que je viens de voir sur écran géant dans la salle d'attente. Nous avons regardé tous ensemble le documentaire catastrophe sur ce qui a fait la renommée internationale de l'ancien monde des dinosaures, Jurassic World. C'était dément de se dire que devant moi, actuellement, s'est déroulée une si gigantesque bataille dinosauresque. Ca ne se dit pas, c'est l'émotion. Par souci d'éthique, il n'y a plus de vrai dinosaure ici et nous n'avons accès qu'à des photos, vidéos ou produits dérivés (marketing à fond les bananes !). Mais d'après le film que je viens de voir, l'absence de ces derniers se comprend aisément. C'était assez fou.


L'univers de cette étendue gigantesque était très bien représenté. Il y eut un magnifique plan sur le parc avec la musique que tout le monde connait au début de la projection. J'en avais des frissons, je me suis dit : chouette, je retrouve des sensations de gamin. Ce frisson insoupçonné, je l'ai ressenti à chaque scène à l'issue dangereuse et hasardeuse, à chaque mouvement de dinosaures. Voir ces dieux de millions d'années à l'écran et savoir qu'ils ont vécu à quelques mètres de là où je me trouve est un plaisir qui se vit et qui se ressent. Je me suis senti connecté avec notre histoire, notre passé, l'histoire universelle qu'on partage tous, celle des dinosaures. Il y avait de la magie dans l'air.


J'ai regretté néanmoins l'apparition trop fréquente des imbéciles capitalistes (qui dirigent aujourd'hui le parc, j'espère qu'ils ne tomberont pas dessus) qui voulaient faire du profit sur le dos des dinosaures. Certes, le documentaire aurait été trop court sans eux mais ça cassait le rythme et l'intérêt du voyage. Il y avait bien assez de suspense et de cohérence avec l'énorme bête dévoreuse pour ne pas amplifier et surjouer les enjeux du film, en les démultipliant. C'était peu agréable de suivre ces chamailleries quand, au-delà des frontières, les dinosaures étaient le sel du documentaire.


C


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Une gigantesque bourrasque de vent vient d'emporter mon journal dans les feuillages. J'oubliais que la météo du parc, elle, n'était pas factice ! A l'époque, un petit herbivore (je n'ai rien retenu des noms) comme dans le film serait sûrement venu manger les grandes tiges devant moi et mon journal avec. Mais c'est aussi ça, que je reproche à la vidéo qui nous a été présentée à l'entrée du parc. Nous n'avons pas le temps de ressentir quoique ce soit. Ni la sensation qu'il pourrait se passer autre chose qu'une catastrophe, ni le temps de reposer son esprit sur ce qu'on est en train de voir et d'essayer de vivre avec l'image de l'instant présent. Il n'y a plus de hasard, pas de contemplation, tout est trop rapide et articulé. On ne ressent pas l'atmosphère de l'environnement.


Parfois, j'aurais aimé que le réalisateur prenne le temps de caresser de sa caméra chaque peau, chaque feuille, chaque atome pour donner un peu de candeur et un côté hors du commun. C'est comme si, finalement, l'oeuvre remémorant la faillite du dernier parc était faite pour les enfants, les adultes, les amateurs d'action comme les fans de dinosaures. Il y en a pour tous les goûts, mais c'est trop éparpillé. Je ne suis pas quelqu'un qu'on fédère facilement, je ne veux pas qu'on vienne me chercher, je veux entrer tout doucement dans cet univers.


Je suis tombé amoureux de la belle rouquine qui s’effeuille au fil des péripéties, dont les talons n'empêchent pas de parcourir l'île à toute berzingue. Si ça ne pose pas de souci technique, moi ça me va. Elle n'a pas dû laisser un souvenir impérissable au parc, nous n'avons plus jamais entendu parler d'elle après. Quel dommage, sa robe était une merveille, ses yeux une bénédiction. Froide et antipathique dans un premier temps, elle dévoile son humanité petit à petit. Je l'ai trouvée peu expressive, peut-être être sa façon d'être ? J'en suis tombé gaga, je suis donc peu objectif, mais je doute que ce soit très enrichissant pour le spectateur de suivre des héros pour qui nous n'éprouvons pas de compassion particulière. Son acolyte est l'archétype du beau gosse à qui tout réussit, loyal, serviable, avec du caractère, de la poigne, un amour certain pour les vélociraptors (être l'ami des bêtes, le plan parfait pour choper !) Le charme n'a pas fonctionné sur moi. Je lui reconnais une certaine présence mais j'ai la très nette impression qu'il n'a pas pu faire ça tout seul comme la vidéo le prétend. C'est trop gros. Si ça ne s'était pas passé en vrai, j'aurais sérieusement douté de ses actes tant les ficelles paraissent énormes. C'est un super-héros. On m'a aussi dit qu'il y avait un français dans le documentaire. Il fut très anecdotique et pas très authentique avec les vélociraptors, ça sonnait faux. Un homme qui avait le vent en poupe à l'époque m'a-t-on dit, connu de tous - je ne vois toujours pas pourquoi. Les deux garçons étaient touchants, sauf le plus grand parfois, toujours à faire l'ado de service avec les filles, le portable et le regard perdu dans le vide interstellaire. J'aurais aimé qu'il se fasse bouffer dans sa boule géante.


Je dois retourner auprès de mon groupe d'amis, ils m'attendent. Bon, j'avoue, je suis avec mes parents et ils veulent qu'on fasse le tour de l'île avec le petit train avant la tombée de la nuit. Consternant. J'ai ressenti quelque chose de beau aujourd'hui, de féerique presque, et c'est grâce à ce film, surtout la dernière demi-heure et ses combats déchaînés, cette course-poursuite spectaculaire aux abords de l'entrée. Une claque. Cette vidéo n'est par contre, je trouve, pas à la hauteur de la légende, pas aussi grandiose et époustouflante que je l'avais imaginée. Je suis sur ma faim et c'est dommage. Je commence tout de même mon séjour ici avec des yeux d'enfant, et c'est bien le principal.

EvyNadler

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