Poids lourd complexe, brillant, et d'une clémente rapidité

Excellent récit initiatique sur le rapport des jeunes filles à la puberté.

Malgré la simplicité de l'histoire et le temps de visionnage super rapide (court-métrage de 20min), ce film coche toutes les cases par rapport à son sujet. Le thème est présenté comme un film d'horreur, et pourtant je me suis trouvée surprise devant les choix inattendus mais finalement criants de vérité du scénario. L'actrice de 13 ans est excellente et ses copains dégoûtants le sont tout autant.

Quand Junior se transforme en "femme", tout change pour elle : son corps, le regard des autres, et finalement elle aussi. Mais est-ce qu'elle change parce qu'elle l'a voulu, ou parce que sa psyché suit la métamorphose de son corps, ou parce qu'elle ne fait que réagir au regard nouveau que les gens portent sur elle ?
J'ai ressenti une colère ancestrale à voir comment Junior se fait traiter par son entourage : le regard lubrique de tous s'impose, indicible mais accablant, comme une sentence divine et la définit en dépit de toute autre qualité. C'est sa qualité indicible qui le rend aussi éloquent, car on ne peut reprocher à personne "un regard" ou "une ambiance". La confusion et la frustration du personnage que je vois sous un jour nouveau avec mes +30 piges sont touchants : je rage autant pour Junior que contre la prison dont on voit la porte se refermer sur elle.

Quand Junior commence péniblement à cerner les nouveaux barreaux qui l'étreignent, comme toutes les jeunes filles de son âge elle s'y adapte et y trouve un plaisir curieux et candide. Symboliquement, elle finit par s'y ranger bon gré mal gré comme on le fait toutes, et semble y gagner au change... ce n'est pas vraiment le cas, mais elle ne le comprendra que bien plus tard.

Un film puissant qui en très peu de temps pose toutes les bonnes questions et y répond avec une ambivalence qui fuit la mièvrerie, l'hyperviolence ou l'hypersexualité, sans perdre aucune qualité objective d'un bon film, bien interprété, bien filmé, bien rythmé.