Justine ou les Malheurs de la puberté !

Un court-métrage de Julia Ducournau d'une durée de 21 minutes sur une jeune adolescente, Justine, jouée par Garance Marillier (c'est le même personnage que dans Grave et Titane ou quoi ?), qui va connaître d'une manière bien métaphorique les affres de la puberté, à travers une transformation rapide qui montre qu'avant son passage au long la réalisatrice kiffait déjà bien le body horror, avec des trucs bien bien dégueulasses. Le Vilain Petit Canard rencontre David Cronenberg. Lors de la séquence de la salle de bain, quand la peau de la protagoniste pèle, je vous recommande de ne surtout pas être en train de manger. Ou alors prévoyez une bassine. Ah oui, il y a aussi tout plein de choses gastriques. Bon appétit.

Point de vue mise en scène, Ducournau assure déjà. Sa représentation de l'horreur corporelle est bien réaliste. Ce n'est pas pour rien que c'est répugnant. En outre, elle dirige bien ses comédiennes et ses comédiens.

Par contre, pour ce qui est du scénario, j'ai plus de réserves.

Déjà, ce n'est pas la peine de faire sortir de la bouche du professeur une réplique bien stabilotée qu'une "nouvelle vie commence", je pense que le spectateur est suffisamment intelligent pour comprendre par lui-même.

Et surtout, qu'est-ce que le propos du film sous-entend ? Qu'un garçon manqué est forcément dénué de la moindre parcelle de séduction ? Que tous les individus appartenant à cette catégorie ont une attitude irrespectueuse envers les autres personnes de leur sexe ? (je n’aurais pas mentionné ceci si, sous l’effet de sa transformation, le personnage n’était pas passé d’un coup, donc d’une manière pas du tout crédible, de misogyne à féministe ; la masculinité chez la femme assimilée à la misogynie, la féminité au féminisme ; euh OK… !) Qu'une fille n'est pleinement épanouie que quand elle se laisse aller à se comporter telle que la société l’attend par rapport à son genre ? J'avoue que tout cela m'a un peu gêné.

Avec Junior, la metteuse en scène marquait certes des points par sa caméra, mais nettement moins par son écriture. Heureusement que cela s’améliorera par la suite.