La bande annonce de Jungle Cruise pouvait laisser espérer au cinéphile optimiste un revival de A la Poursuite du Diamant Vert au goût de Pirates des Caraïbes, dont le film essayera d'émuler quelques bons moments.


De quoi au moins assurer le spectacle, donc, et surtout faire que l'on ne s'ennuie pas dans la salle fraîchement ouverte mais déjà déserte d'un pass sanitaire grâce auquel il ne se passe plus grand chose devant le grand écran.


Et le premier tiers de Jungle Cruise entretient assez facilement l'illusion, grâce à quelques péripéties en sortie de port plutôt agréables, même si elles sentent quand même un peu le réchauffé.


Et pourquoi pas, finalement ? Puisque je ne pense pas me tromper en pensant que presque personne n'attendait un chef d'oeuvre, surtout venant du vilain Disney paresseux et cynique.


Sauf que plus Jungle Cruise avance, plus il semble faire des ronds dans l'eau, allant jusqu'à abandonner toute idée de rythme enlevé ou d'aventure alerte. Pour mieux laisser la place à un truc très pépère écrit avec des moufles et au moins à huit mains, un comble. D'ici à ce qu'on apprenne que chacune d'entre elles n'était pourvue que de quatre doigts, comme Mickey, cela pourrait presque servir de début d'explication...


Sauf qu'un tonitruant "Ta gueule, c'est magique" autour du personnage de Dwayne Johnson pourra laisser pantois, tellement cet ingrédient, censé le raccrocher au mythe ramollo mis en place, passera pour une immonde escroquerie ou une paresse incommensurable de scénariste en pleine gueule de bois intellectuelle.


A partir de ce moment là, Jungle Cruise n'en finit plus de sombrer lentement dans une aventure qui n'en a plus que le nom et aux personnages parfois grotesques, comme cette parodie de gradé allemand qui n'aurait pas dépareillé dans Papy Fait de la Résistance, au moins en version française.


Et si voir la jolie Emily Blunt à l'écran sera toujours un bon argument de vente, le fait qu'elle puisse soigner sa phobie de l'eau en environ vingt secondes dans les bras de The Rock, avant de se lancer dans une apnée de vingt minutes, aura de quoi faire un sacré bras d'honneur à toute idée d'une quelconque évolution de personnage.


Il restera deux ou trois bons moments, oui, mais apprendre que Jaume Collet Serra végète derrière la caméra fait soudain réaliser que lui aussi, depuis Instinct de Survie, est plutôt en train de sombrer doucement, tandis qu'il pare son dernier effort d'une drôle de métaphore sur la mystification, voire l'arnaque de la croisière proposée par le skippy Dwayne Johnson. Et dont on ne sait s'il s'agit d'un aveu ou d'une marque de cynisme.


Quant à Dwayne Johnson, force est de constater que s'il se foutait de Baboulinet pendant la promo du film, il en emprunte cependant la méthode. Car s'il est reproché à Vin Diesel, par les plumitifs habituels, la construction d'un personnage invincible jusqu'à l'absurde, Jungle Cruise démontre que Dwayne s'envisage exactement de la même manière. Et qu''il ne peut donc rien arriver à The Rock, qu'il se relèvera toujours sans égratignure des pires chutes, des pires blessures qui jamais ne saignent. Le tout confit dans les jeux de mots les plus pathétiques en première partie de traversée.


Et un personnage paré de son inoxydable sourire Colgate, qu'il voudrait sympathique, mais qui paraîtra à l'occasion de la promo de Jungle Cruise bien hypocrite.


You Rock my world, Dwayne ? Pas cette fois, non. Car la croisière ne s'est pas beaucoup amusée pour le coup.


Behind_the_Mask, ♪ Maman les gros bateaux qui coulent dans l'eau...♫

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