"Julie (en 12 chapitres)" fait partie de ces films dont je sais qu'ils ont tout pour que je les adore avant même de les voir. Au-delà des très bons retours critiques, la récompense cannoise louant l'interprétation de son actrice principale ou le fait que je suis client du cinéma de Joachim Trier, il y a ce pressentiment, ce petit truc indicible qui me fait dire par avance que ça sent bon l'entrée immédiate dans mon top ciné de l'année.


Et j'ai effectivement beaucoup aimé "Julie (en 12 chapitres)" (plus un prologue et un épilogue)... mais pendant seulement dix de ses chapitres.


D'abord, c'est incontestable, il y a la révélation Renate Reinsve, cette actrice absolument géniale et dont tout être humain se doit de tomber sous le charme dès les premières minutes en film (je vous mets au défi de lui résister). On en vient même à se demander qui d'autre qu'elle aurait pu si parfaitement incarner, et avec un naturel aussi incroyable, Julie, cette presque trentenaire poussée par le temps et certains diktats à s'enfermer dans un choix de vie prédéterminé là où elle se refuse à sacrifier sa soif intarrissable de liberté.
Cela se traduit dans le film par une mosaïque de moments -de chapitres- où Julie tâtonne dans sa quête de soi, où elle n'est jamais dans le bon timing de la relation amoureuse adéquate vis-à-vis de ses aspirations sentimentales et où les premiers instants passionnés se transforment en prisons sur le long-terme appelant une nouvelle évasion de sa part pour espérer toujours mieux. Et, même si ces erreurs provoquent bien sûr une certaine détresse chez la jeune femme, elles sont sans cesse contrebalancées par la lumière qui irradie d'elle à chaque nouvel espoir d'épouser un bonheur inédit et peut-être enfin immuable.
Cet alliage d'instants à forte variante émotionnelle permet à Joachim Trier d'offrir un éventail de séquences dont on sort toujours avec un énorme sourire aux lèvres, comme cette "pause" romantique et un trip où la drôlerie se dispute à des images cauchemardesques, mais aussi lors de passages en apparence plus anodins, un week-end chez la belle-famille ou les simples échanges d'une nouvelle rencontre, des petits riens dont le réalisateur parvient à exalter l'importance capitale qu'ils représentent à travers les yeux de Julie.
Bref, tout ce que j'attendais de solaire, d'irrésistible et d'intelligent sur le plan émotionnel dans ce portrait de femme moderne en pleine hésitation sur le cap à prendre m'a pleinement réjoui pendant les trois-quarts du film.


Et puis, lorsque est venu le temps de faire atteindre symboliquement l'âge de la raison à Julie, quelque chose s'est enrayé.
Peut-être que cette dernière partie du film tombe dans l'excès à mes yeux ? Peut-être fait-elle appel à une concomitance d'événements trop faciles -scénaristiquement parlant- dans le simple but de faire gagner un énorme level-up de maturité à Julie ? Peut-être cela provient-il de ma propre personne en tant qu'éternel résistant à l'âge adulte ?... Mais, une chose est sûre, je suis resté étonnamment hermétique à ces deux derniers chapitres. Quelques dialogues m'ont touché subrepticement bien sûr, je ne le nie pas, et la fin du chemin est cohérente vis-à-vis de l'évolution de Julie et de ses relations mais, là où j'attendais d'être submergé par une vague d'émotion en forme de parfaite conclusion à tout ce que le film m'avait fait traversé auparavant, je suis resté de marbre, majoritairement impassible à ce qui se déroulait sur l'écran.


C'est donc sur une note un peu amère que j'ai quitté ces derniers chapitres passés avec Julie, les souvenirs du bonheur partagé avec les précédents l'emportent évidemment sur ces derniers instants mais, même si j'ai beaucoup aimé "Julie (en 12 chapitres)" globalement, il me restera toujours cette petite déception de ne pas l'avoir adoré autant que je l'avais présagé.
En espérant qu'un deuxième visionnage dans quelques temps répare cela...

RedArrow
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le 13 oct. 2021

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