Douce ironie

Je n'avais toujours rien vu de Taiki Waititi et ce Jojo Rabbit, je ne l'attendais pas spécialement. Le cinéaste néo-zélandais apparait également devant les caméras sous les traits d'Adolf Hitler.

Le film est agréable et il ne faut pas nécessairement s'attendre à rire aux éclats. Mais il est saupoudré d'une ironie constante, qui apporte une touche de second degré face à un sujet assez difficile. On pourra toujours noter des carences dans le scénario de l'oeuvre, que certains points auraient dus être plus étoffés et éviter l'une ou l'autre facilité scénaristique.

Par son côté doux-amer, par le pied de nez qu'il fait aux extrémistes et suprémacistes blancs, la position politique du film est claire. Car ici, cette race supérieure apparait sous ses traits les moins gracieux. Un garçon aveuglé par les camps de jeunesse nazis, un petit en surpoids bien loin de l'idée que l'on se fait d'un garçon parfait physiquement mais qui se montre pourtant extrêmement futé, un officier réformé pour diverses raisons et reculant toujours en grade.

Bref, c'est constamment du second degré mais ça n'empêche pas que l'on évoque l'embrigadement, l'humanité, la foi en quelque chose ou de voir jusqu'à quel point la folie d'un seul homme et sa chute peut entraîner toute une population.

On appréciera également la complicité qui se crée entre cette fille juive et ce nazi en herbe. Le casting est très intéressant entre une Scarlett Johansson malheureusement trop rare dans ce film alors que son rôle est assez réussi, un Taika Waititi en ami imaginaire et en Hitler assez convaincant, qui n'en fait pas des tonnes pour amener l'humour et Sam Rockwell égal à lui-même. Roman Griffin Davis et Thomasin McKenzie sont assez convaincants et je demande à les revoir quand ils seront un peu plus vieux pour voir s'ils prendront de l'envergure dans leur jeu.

Bref, une oeuvre qui s'avère pour moi être une excellente surprise, surtout dans la façon de traiter le sujet de se positionner politiquement face à l'Amérique de Trump.