L'amour, c'est gagner la guerre, sans commencer la guerre.

Citation de Charles de Leusse


Je spiole


Après un drame dans un film sur la première guerre mondiale, attaquons nous à la comédie de la suivante. Bon forcément avec ce scénario complètement abracadabrantesque et cette BA de malade, il m'étais impossible de ne pas me pencher sur cet Ovni qu'est Jojo Rabbit. C'est donc avec la révélation Taika Waititi et la découverte de l'excellente actrice Thomasin McKenzie qu'on se lance dans cette critique...compliquée pour le sous texte du film et ses messages contradictoires au premier abord.


Tout d'abord, La Bande annonce n'est uniquement révélatrice de l'ambiance des 30 premières minutes du film. Outre cette longue introduction qui laissera esquisser des sourires, Taika Waititi va nous proposer un drame sociétal et familiale pesant qui, même après l'happy-ending laissera son spectateur avec un cœur bouleversé et un regard lourd.
Là ou son réalisateur marque un point, c'est que les changements soudains des actes ne sont pas du à un changement de scénario mais à une modification du rythme et de la réalisation, ce qui ne donne pas une impression de voir 3 films différents.


La ou le film prouve sa plus grande réussite c'est dans sa manière de desservir son propos, L’euphémisme (la parodie du monde nazi) est conçu d'une telle manière à mettre mal à l'aise son spectateur pour lui rappeler l'horreur de la situation décrite. A l'instar des pendus que la mère oblige Jojo à regarder, nous ne pouvons que faire face impuissant à la terreur la tristesse et la douleur sans cesse renouvelée. Le meilleur exemple de cet effet reste le lancement d'une chanson ou l'on voit dès lors une situation opposée (ex: Soldats mutilé revenant du front) au calme de celle-ci, ce qui va tout de suite montrer que quelque chose cloche.


Cette réalisation qui ne fait que semblant d'adoucir est particulièrement efficace car la révélation ne se fait pas d'un seul coup, c'est après avoir médité sur le film qu'on se rend compte qu'on vient de voir un orphelin fanatique vidé de tout sens morale embrigader dans un monde de violence par un système cruel est succombant à la folie (engager des enfants) pour une lueur d'espoir de vaincre l’invincible, de gagner l'ingagnable (Bon Ok enlever 2/3 mots et vous avez la description d'une école américaine mais Chut)


Ce passage progressif d'un genre à l'autre va être à l'origine du seul vrai défaut du film: Un début incroyable pour son humour, sans doute l'une des meilleures fins d'un film de 2020 mais un milieu d'intrigue qui à du mal par moment, notamment au niveau de la relation entre le fanatique et la juive et de son rythme un peu trop lent.


Ce qui est drôle ce sont les deux soldats délirants qui viennent en contradiction avec les thèmes établis étant durs au début et complètement barrés à la fin. L’apogée de Klenzendorf se traduit même par un geste de bravoure avec le sauvetage de Jojo.


Pour finir, il va falloir qu'on parle de la mort de La mère, car cette scène et tout ce qui l'entoure sont, en plus d'être le début de la descente aux enfer, sans conteste le meilleur moment du film:
1er temps: On trouve un Jojo redevenu a peu près stable aller faire les courses, il croise un papillon, visant à adoucir le spectateur
2eme temps: Il se relève et on voit avec effroi, les chaussure de sa mère surélevée qu'on imagine pendue, tout ça avant que l'enfant le remarque, le spectateur horrifié ne va avoir qu'une seule idée en tête: crier à Jojo de ne pas se retourner. Jojo se retourne, remarque les chaussures et lève la tête. 3eme temps: Moment de balnc, le spectateur imagine que c'est une autre personne et que le message est que l'enfant doit faire attention à sa mère.
4eme temps: Et merde il chiale, c'est vraiment elle!!! Sa mère si douce et si aimante devant lui pendu. Pourquoi? tout allait mieux! pourquoi maintenant! accroché, à son pantalon, un ticket semblable au signe que Jojo avait découvert, Rosie était une résistante.
5eme temps: Des maisons avec des fenêtre en forme d’œil, symbole que les murs ont des oreilles.
6eme temps: Lâchant un dernier regard, Il lui refait ses lacets, double symbole, Jojo est grand maintenant et même mort Rosie garde son honneur.
Durant ces temps jamais la caméra ne va se lever, le spectateur ne va qu'imaginer l'horreur du haut de Rosie, il n'y a aucune musique, comme si le temps s'était arrêté
S'en suit une scène atroce, de retour chez lui, il va voir, couteau à la main, Elsa qu'il considère comme responsable de la mort de Rosie. Submergé par la colère il avance d'un pas assuré vers une Elsa qui commence à comprendre, ce regard elle l'a déjà connu. Il n'hésite pas une seconde à la planter avec son couteau considéré comme factice. Jojo est devenu ce que la Gestapo voulait faire de lui, un monstre de colère. La surprise vient de Elsa qui bien que légèrement blesser, ne va pas céder à la colère et offrir son réconfort au jeune orphelin.
Le message est claire: L'amour est le dernier rempart de l'humanité



Jojo Rabbit, bien plus qu'une comédie, un film d'auteur profond et réfléchis méritant pleinement de jouer dans la cours des grands




Peu font la guerre mais tous ont des blessures



Daniel Desbiens

Créée

le 29 janv. 2020

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Lordlyonor

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