Voilà, je suis fâchée ! Oui, il faut bien le dire, ça m'agace qu'on mette de l'eau au moulin de ceux qui chercheront encore à m'affirmer que "le cinéma français, c'est nul" parce que c'est toujours/souvent la même chose, assez banal en somme et puis plan-plan. Et quel dommage que "Je crois que je l'aime" n'échappe pas à ce cliché alors que .. Oui, "alors que" ce film bénéficiait d'un duo d'acteurs, celui le plus à même de vous faire changer d'avis sur le cinéma français, soit Vincent Lindon, le mutique explosif, et Sandrine Bonnaire, la lumineuse. Ces deux-là dans un même film, jouant au chat et à la souris, cherchant à s'aimer, puis doutant, c'était la promesse d'une (oui, je fini pas mes phrases, comme le réalisateur a refusé de terminer ce qu'il tenait dans son film pour me servir du surgelé). Bref, dans une comédie romantique, ça promettait de dépoussiérer quelque chose. Pourtant, passées les premières minutes, et la présentation,assez caricaturale, des personnages (bosseur solitaire, papa délaissé, grande maison froide VS la femme indépendante, artiste, fraîche et n'ayant pas la langue dans sa poche), une belle scène survient. Normal, elle provient des deux acteurs: la rencontre entre Lucas (Vincent Lindon) et Elsa (Sandrine Bonnaire) est à l'image des deux acteurs: mutique et lumineuse. Leurs yeux se rencontrent. Et il y a cette fresque, symbole de leur amour: plus petite que prévue, reportée mainte fois, finalement terminée en une nuit. Et, éblouissante quand on prend la peine de la regarder sous le bon angle. De ce point de vue, en hauteur, on voudrait y plonger... Malheureusement, un film ne peut tenir sur une seule scène et une belle idée. Et, s'il propose de le faire avec la fresque d'Elsa, il ne prend, lui, jamais de recul sur cette histoire d'amour qu'il tente de raconter. Soit, un type qui croit aimer quelqu'un qu'il ne connait pas, et fait tout pour la connaître intimement avant d'en connaître les sentiments, pour être sûr de ne pas se faire avoir (à cause d'une précédente histoire de manipulation en lien avec sa société).

Le reste, soit les 3/4 du film: peu ou pas d'inventivité dans la mise en scène, des seconds rôles bâclés (putain, Kad Merad), une histoire qui se veut drôle (avec le rôle de "l'espion") avec des dialogues plutôt mal écrits, bref qui ne font jamais "mouche". Et puis, la scène de fin attendue qu'on nous rabâche depuis les contes "ils se marièrent et..." transformée en "ils s'engueulent depuis une heure et demi et d'un coup ils s'embrassent et ... FIN". Pourtant, quelques bonnes idées ne sont jamais explorées, à peine effleurées: la relation de Lucas à la technologie, ce besoin de contrôler, la peur de se jeter à l'eau, les trahisons, ou encore cette autre image, quand Elsa se rend compte de ce dont elle a été victime: elle se persuade, via son psy, que c'est d'elle aussi que vient le problème: avoir été attirée par un "malade".
Les deux personnages ont donc, face à eux-mêmes, des pistes de réflexion, des inflexions qui pourtant, jamais, ne les changent. Pourquoi? Parce que le réalisateur choisit la facilité, la répétition de scènes pas belles, vues et revues (au golf), ou encore les gags franchement étranges (le sumo japonais au dîner, l'allergie au chat, l'arroseur-arrosé). C'est trop simplifié. Alors qu'il y avait dans ce premier regard tant d'espérances gâchées... Suivez le reste de la filmographie de ces deux fabuleux acteurs, et, enfin, vous pourrez être transportés par le cinéma français ! Merci, je me suis un peu calmée mais quand même !
eloch

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