Jason X
4.2
Jason X

Film de James Isaac (2001)

Vingt ans après la sortie d’un petit slasher efficace, mais sans prétention, qu’est « Friday the 13th », arrive sur les écrans sa neuvième suite, titrée « Jason X ». Il est à la fois « Jason 2 », faisant suite à « Jason Goes to Hell », mais aussi ‘’Friday the 13th Part X : Jason in Space’’. Les titres ne font plus vraiment sens, tout comme la logique. Cela fait que ce premier « Friday the 13th » du XXIème siècle part dans un gros délire S-F, puisque l’an 2000, souvenez-vous, c’était le turfu.


Le film répond à une mode, puisqu’à l’aube du XXIème siècle il y eut un petit revival de la Science-Fiction. Mais il convoque également une règle qui veut que lorsqu’une saga n’a plus rien à offrir, il faut l’envoyer dans l’espace. Ainsi « Critters 4 » en 1992 : dans l’espace. « Hellraiser IV : Bloodline » en 1996 : dans l’espace. « Leprechaun 4 : In Space » en 1996 : dans l’espace.


En alliant tout ce qui constitue la personnalité d’un « Friday the 13th », avec des éléments de S-F qui citent « Alien », le film parvient étrangement à fonctionner malgré son postulat de départ over the top. C’en est même captivant de voir une franchise se réinventer à ce point, tout en conservant scrupuleusement ce qui confectionne sa spécificité.


Le film ne s’épargne pas les clichés, inhérents à la saga, qui apparaissent un peu forcés par un cahier des charges contraignant, à remplir avant toute chose. Ainsi, dans l’équipe qui découvre le corps cryogénisé de Jason se trouve un ado avec des dred », véritable convention du foncedé tout droit sorti d’un stoner movie de la fin des années 1990. Haaaa, le futur à courte focale, c’est mignon.


Et les clichés ont la vie dure, comme en témoigne le pilote du vaisseau, un vieux libidineux, qui passe son temps à faire des allusions graveleuses. Et ce n’est pas un personnage très présent à l’écran, donc à chaque apparition il sort un truc dégueulasse. C’est comme s’il n’y avait aucune chance de le faire exister pour autre chose que la fonction qu’il occupe.


Même le capitaine du vaisseau, un professeur qui semble une personne équilibrée, se tape une de ses étudiantes à qui il demande de torturer ses tétons, alors qu’il porte une petite nuisette en soie violette. Visiblement dans le futur la déontologie est toujours aussi abstraite chez les puissants.


Et bien entendu, il y a le fameux couple d’ados, membres de l’équipe scientifique, mais qui n’ont qu’une seule idée en tête : se bouffer mutuellement les fesses. Les scènes de sexes s’enchaînent en laissant peu de surprises sur l’avenir de ces personnages.


Avec un humour à la con, qui fonctionne à merveille, le film oublie de se prendre au sérieux, donnant à l’ensemble un côté cool, avec des meurtres rigolos et imaginatifs. L’ennui n’a pas tellement sa place dans cet univers riche et débridé. Cela peut étonner pour une petite production, qui se paye de plus le luxe de compter David Cronenberg au casting.


Avec de la punchline « en veux-tu, en voilà », la palme revient haut la main à ce passage où un des soldats du futur s’empale sur un tournevis géant, et se met à tourner en s’enfonçant. En le découvrant, une de ses collègues s’exclame : « ’He’s screwed… ». Applause/Laugh.


Dans ce futur proposé, la parité existe avec des femmes qui occupent des postes de soldats, de techniciennes ou de scientifique, sans que ce soit étrange ou forcé. Par ces thématiques, « Jason X » devient une œuvre assez en avance. En même temps le slasher ne correspond-il pas un genre féministe ? Après tout, la final girl, ou scream queen, joue un rôle de premier ordre. C’est elle qui s’en tire par la ruse et le courage, qu’elle acquière en affrontant le tueur sanguinaire.


En face, les personnages masculins sont dans l’ensemble des êtres peu recommandables. Le meneur de l’opération est un scientifique qui veut absolument Jason vivant, pour pouvoir l’étudier. Il corrompt pour cela le boss des militaires, qui pour de l’argent accepte de mettre sa vie et celle de ses soldats en jeu. C’est bien entendu un échec et ils y passent tous. Lorsque le professeur se retrouve face à Jason, il essaye de l’acheter en lui promettant de l’argent et la célébrité. Comme il « connaît des gens », il pense pouvoir le faire plier, ce qui se révèle un mauvais calcul.


Complètement déconnectées, les propositions du type ne sont pas sans rappeler ce début des années 2000, où tout le monde peut accéder à la célébrité sans rien faire. Comme le disait le chasseur de prime dans « ’Jason Goes to Hell », « Tout le monde veut son moment de gloire ». Et ça ne sera jamais aussi vrai que depuis les années 2000, avec l’explosion de la TV réalité, et aujourd’hui l’Internet, sauf que Jason, lui, la célébrité il s’en fiche un peu. Lui ce qu’il aime, c’est tuer des gens qu’il estime déviants. Faisant donc passer de vie à trépas ce scientifique/capitaine, qui n’est en fait rien d’autre qu’une poucave de première !


Le grand moment du métrage, sur lequel fut complètement basée la promo », c’est le costume augmenté de Jason, qui devient une véritable machine à tuer sortie tout droit des méandres de la S-F. Alors bien entendu le costume claque, et rend Jason encore plus impressionnant qu’il ne l’est déjà, et en fait une entité vraiment cool. Le caoutchouc apparent vient même lui donner un côté ultra cheap, et cheesy qui frôle un Z assumé, en accord total avec l’esprit de l’ensemble.


Le meilleur avec ce « Jason X » c’est qu’il n’oublie jamais de quelle saga il est tiré. Et si tout le décorum futuriste coupe vraiment avec l’atmosphère de Crystal Lake, une séquence clin d’œil absolument génial vient rappeler les racines de Jason. Plongées dans une simulation le ramenant au bord du lac en 1980, deux jeunes filles frivoles aux seins nus lui proposent directement de l’alcool, de la beuh et du sexe prémarital.


Choquée par cette attitude cavalière, la réaction de Jason ne se fait pas attendre. Il enferme les deux jeunes femmes dans leurs duvets, puis en prend un pour taper sur l’autre. Et enfin, il éclate celle qu’il a en main contre un arbre. Cette séquence gratuite et d’une grande violence vient rappeler toute la brutalité innée d’un monstre dénué de conscience.


À côté de ça, le film se permet des audaces S-F au-delà des moyens qui lui sont alloués, comme l’affrontement absolument épique entre Jason et l’officier militaire corrompu. Ce denier cherche à se racheter une conduite, alors que le vaisseau pète dans tous les sens. Cette séquence convoque tout l’imaginaire d’une S-F pulp fantasmé, renvoyant à tout un pan de la littérature et du cinéma.


Avec un budget confortable de 11 millions de $ (devenant le plus onéreux de la saga devant « Jason Takes Manhattan » et ses 5 millions de $) James Isaac parvient à proposer un slasher de Science-Fiction des plus efficaces. Fun et généreux, il est confectionné avec le cœur et témoigne de la volonté d’offrir du neuf avec un univers hyper codifié et une icône extrêmement appréciée.


Body Count : 22 + 4 en simulation + 1 toute seule en essayant de fuir en laissant les autres + Jason avant d’être uploadé et Jason laissé pour mort fans les profondeurs de Crystal Lake.

Record égalé à 29 minutes, dont 8 morts dans les 6 premières minutes. « Jason X » détrône « Jason Lives », tenant du titre durant 14 ans. Avec 29 noms au générique, le film montre 29 morts, dont 26 juste par Jason. C’est officiellement le « bloodiest Friday the 13th » » ever.


To be crossed over...


-Stork._

Peeping_Stork
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le 8 sept. 2023

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Peeping Stork

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