Il manque plusieurs graines d'idées dans ce terreau
A la lecture du pitch de ce film, il y a de quoi être assez emballé par l'idée. Inverser les rôles de genre dans un dictature satyrique est une idée originale qui nous laisse entrevoir un terreau de qualité pour qu'un cinéaste puisse y faire pousser un film atypique.
En effet, le film est atypique. Que ce soit dans son humour, son univers, ses décors etc. Le problème est en fait que Sattouf ne va pas plus loin que le pitch. Les Cahiers du Cinéma pointait déjà, il y a un an ou deux, du doigt le problème de certains films du cinéma français à ne pas aller au delà d'un pitch prometteur (l'exemple étant Superstar de mémoire). De ce postulat, le cinéaste ne tire que très peu de matière intéressante au final. Quelques éléments viennent parfois s'ajouter à la satyre (la délégation étrangère par exemple) mais trop peu pour être intéressant d'un point de vue politique ou social (malgré la pirouette de fin, un peu lourdingue à mon sens d'ailleurs). Bref, du coup l'inversion des rôles et tout le contexte politique ne sert qu'au loufoque.
Servir le loufoque ne serait pas en soi une mauvaise chose. Le problème étant que le récit a bien du mal à lui aussi se renouveler. L'humour est plus ou moins réussi du coup. Par exemple, toute la famille portée par Didier Bourdon et Noemie Lvoski est amusante au départ mais plutôt lourde sur la fin (et on regrette une disparition un peu trop brute de Lvoski d'ailleurs...). L'inventivité des gags de départ est d'ailleurs plutôt absente sur la seconde partie (il est dommage de ne pas avoir utiliser plus le potentiel de la Capitale !).
Si Jacky, à un moment du film, explique que les plantins sont une chose fantastique car il suffit de les planter et ils poussent, pour Riad Sattouf ce n'est malheureusement pas le cas des bons films, même dans un très bon terreau... Pour autant, la tentative est assez originale et le film pas un assez gros ratage pour que vous tentiez de le voir.
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