Magouilleurs de premières, ce film vous est dedié...

Un fétichisme des ongles, des protagonistes hauts en couleurs, des dialogues aussi denses que bien écrits, une mise en scène aussi virtuose qu’épurée, composés de plans-séquences, champ-contrechamp et gros plans de visages que ne renieraient pas Sergio Leone, et enfin une tendance à faire de chacun de ses personnages des magouilleurs de premières, qui tuent et baisent comme ils vont aux chiottes : on est bien ici dans un film de Tarantino, son troisième long-métrage. Mais à part tout ça, qu’est-ce qui caractérise « Jackie Brown » ?


Dans la veine de ses deux premiers films, Tarantino se focalise sur un groupe de protagonistes baignant dans l’illégalité, les uns contre les autres pour qu’à la fin tout se termine en bain de sang. Tout d’abord, il y a ces personnages incroyables que seul lui peut inventer et faire interpréter à la perfection. Samuel L. Jackson en petite frappe pragmatique à queue de cheval, Robert de Niro en ex-tolards mal rasé et complètement largué, voilà le constat de départ. Seulement, le plus malin de tous est, pour la première fois (et pas la dernière) chez Quentin, une femme. Jackie. Forte et intelligente, elle est la plus humaine de tous et aussi la plus rationnelle : c’est elle qui mène la danse, aussi bien du côté des flics que du prêteur sur gage.


Premier film féministe de Tarantino, il rappelle avec ses dialogues foisonnants et ses lieux récurrents l’écriture théâtrale, où chaque intrigue se resserre pour un paroxysme dans la fameuse scène de l’échange filmée de plusieurs points de vues, pour captiver d’autant plus le spectateur, et ne lui dévoiler toutes les cartes que le plus tard possible. Alors oui c’est bavard, oui c’est moins jouissif qu’ « Inglorious Basterds » et moins abouti que « Pulp Fiction », mais c’est du Tarantino bien ficelé, réalisé avec la perfection habituelle sans en faire trop. On y retrouve même la profondeur d’écriture de ses deux premiers films, aussi bien dans son déroulement que dans ses dialogues, un soin qui a moins perduré dans ses films suivants.


Ma critique du film "Les Huit Salopards" :
http://www.senscritique.com/film/Les_8_Salopards/critique/39942530

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le 28 mai 2015

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Marius Jouanny

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