J'ai perdu mon corps
7.4
J'ai perdu mon corps

Long-métrage d'animation de Jérémy Clapin (2019)

C'est bien la première fois que je vais voir un film trois fois...
Bande son envoûtante.
Cette merveilleuse histoire doit être vue et comprise avec le cœur.
Une trame superbement tissée entre flashback et décalage temporel, abordant avec beaucoup de poésie un thème récurent de l'humanité...


Spoiler


La culpabilité.


C'est MA perception de l’histoire évidement.


La mouche d'abord, elle est la, omniprésente, à chaque instant de la vie de Naoufel.
Ces joies, ces peines, le drame.
Pour moi c'est le "destin", dont il parle d’ailleurs avec Gabrielle, évoquant son désir de le conjurer en le "dribblant"
Mais Il n'arrive jamais à s'en "saisir".
Il subit.
Jusqu’à l'accident dans l'atelier qu'il faut voir au sens métaphorique.
Après avoir osé imposer sa place lors de la soirée.
Après avoir mis la montre de son père.
Il arrive enfin à attraper la mouche, à se saisir du destin.
Et en un instant, ce dernier capitulant, la lame de scie accroche le bracelet de la montre paternelle et coupe le membre qui porte le poids du passé.
La main.
Sa main droite.
Toujours là, avec son petit grain de beauté.
Elle est le lien avec le passé, son enfance baignée de bonheur et d'amour, ces parents.
Elle est emprunte de naïveté, de candeur, de douceur, désespérance...
C'est celle avec laquelle il enregistre sa vie, leur vie, leurs voix, sa voix, son univers.
C'est avec elle qu'il enregistre les sons du dernier voyages.
C'est à cause d'elle, de lui, que son père se retourne.
C'est eux qui mourront.
C'est lui qui vivra.
C'est elle qui restera avec lui.
Elle le retrouve ensuite, elle veut réintégrer ce corps qu'elle à toujours connu, guidé.
Elle s'approche, elle demande, mais Naoufel dans son sommeil, lui refuse.
Il à déjà entamé son "dribble"


Sur le toit, a coté de l'igloo, son Oeuvre, il rejoue la scène funeste.
Enregistrant le présent en écrasant la partie douloureuse de bande son du passée.
Le moulinet du micro pour le vent dans les roues
La canette de bière qui tinte pour le parebrise qui éclate.
Le bruit sourd de la course sur la planche pour la tôle qui grogne sur la route.


Et puis il dribble pour de bon, un truc complétement imprévisible et irrationnel.
Il quitte son passé, laissant sa main derrière lui.
Enfants sur la plage, Il s’envole.
Et ne laisse sur le sable, que la trace de cette main droite.


C'est en tout cas ce que j'ai vu,
entre deux larmes...

CédricBis
10
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le 5 déc. 2019

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CédricBis

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