Parfois ton corps est légèrement raidi par le froid. Tu ne te sens pas vraiment à ta place. Tu entends le vent qui siffle entre les immeubles et tu penses à la banquise. À un point blanc perdu sur la glace.
On a donc deux jeunes, un poil perdus, qui se rencontrent via une napolitaine. On a un enfant qui joue du piano. On a une main mue par une volonté d'airain.
J'ai perdu mon corps décide de nous mélanger trois points de vue : le passé d'enfance, le passé proche et le présent de la main. C'est de l'animation française, parfois c'est très beau et magique, parfois ça manque un peu de soin d'un point de vue technique mais la magie fait clairement son oeuvre. L'histoire est ancrée dans un réel normal entrecoupée d'une main dont le passé a forgé la determination. C'est un cocktail bizarre sur le papier mais qui fonctionne très bien. Alors certes Naoufel se comporte comme un psychopathe sous prétexte de timidité mais il faut bien ça pour briser la monotonie de la destinée quotidienne.
On enregistre certains sons, il y a d'ailleurs une belle bande originale, on caresse le sable et le bois, on sent la neige qui fond sur la peau et on tue un pigeon. C'est une histoire simple qui fait appel aux sens et à un peu de rêve.
On passe un bel instant dans cette parenthèse en forme d'igloo.