Voilà un petit film flippant et intéressant à la fois. Intéressant car il prend à contre pied certains codes classiques du film d'horreur.


Habituellement dans ce genre de film, on a surtout à s'inquiéter pour les proches du personnage principal. Afin de préserver la vie de celui-ci, ce sont en priorité eux qui trinquent dans le scénario. Ainsi les monstres (zombies, sorcières, poltergeist.... tout ce que vous voulez) passent à la moulinette (crocs, griffes, couteau...) le petit ami, le voisin, le bon copain... Ici c'est l'inverse. Les proches ne risquent rien - et d'ailleurs ne voient rien - et toute les menaces portent sur le personnage principal auquel forcément nous nous identifions.


En temps normal le monstre (psychopathe, loup garou, sorcière...) surgit de préférence de nuit dans des lieux glauques et peu rassurants : maison abandonnée, vieille forêt, appartement labyrinthique, village paumé... Ici la créature apparait tout doucement au milieu des lieux les plus quotidiens qui soient : campus de fac, jardin d'enfant, plage...et en plein jour (comme l'avion sulfateur de La Mort aux Trousses). On est en sécurité nulle part.


Dans les films d'épouvante, le monstre est le plus souvent peu exposé et rapide. Ici il prend tout son temps et on le voit très bien venir. Le film est ainsi doté d'un rythme très particulier, un faux rythme lent comme déambulent les créatures.


Enfin, le film joue habilement du cadre et du placement de la caméra. Créature dans le cadre ou hors du cadre, dans le champ ou hors du champ, dans notre champ de vision mais hors de celui de Jay, l'héroïne. Tantôt la caméra prend la place des yeux de Jay et on n'a qu'une envie, lui dire : "Retourne toi s'il te plait que je puisse voir ce qu'il y a derrière nous !" et tantôt la caméra nous offre en contre champ ce qui est derrière Jay et voyant le truc arriver tranquillement derrière elle sans pouvoir agir, on se retrouve pareillement piégé.


Un film habile donc, malin, sans début (pas de générique) ni fin qui en filigrane nous renvoie à des peurs primitives : celle de la sexualité, du corps de l'autre et surtout celle de la mort. Car nous avons tous sur nos talons, derrière notre épaule, la grande faucheuse prête à nous frapper à notre tour dès qu'elle nous aura rattrapé.

Créée

le 14 mars 2015

Critique lue 414 fois

4 j'aime

Theloma

Écrit par

Critique lue 414 fois

4

D'autres avis sur It Follows

It Follows
Kogepan
8

Miii ._. (ou : les aventures d'une souris devant un film d'horreur)

Je ne regarde pas beaucoup de films d'horreur. J'ai les bases, j'aime bien occasionnellement me poser devant un bon gros film terrifiant avec une bière, un coussin (très important, le coussin) et mon...

le 11 févr. 2015

134 j'aime

9

It Follows
Velvetman
8

Only monster forgives

Où sommes-nous ? Ce bruit assourdissant, dissonant, qui nous parvient à la vue de ce quartier pavillonnaire tout droit sorti de Blue Velvet ou Donnie Darko. Une jeune adolescente peu vêtue sort de...

le 5 févr. 2015

117 j'aime

8

It Follows
Sergent_Pepper
7

Suivre et survivre

C’est sur un éblouissement propre à séduire le cinéphile peu connaisseur du genre que s’ouvre It Follows : une superbe leçon de mise en scène. Le plan séquence initial, tout en lenteur circulaire,...

le 15 juin 2015

115 j'aime

11

Du même critique

Us
Theloma
7

L'invasion des profanateurs de villégiature

Avec Us et après Get Out, Jordan Peele tire sa deuxième cartouche estampillée "film d'horreur". Sans vraiment réussir à faire mouche il livre un film esthétiquement réussi, intéressant sur le fond...

le 21 mars 2019

107 j'aime

33

Ad Astra
Theloma
5

La gravité et la pesanteur

La quête du père qui s’est fait la malle est un thème classique de la littérature ou du cinéma. Clifford (Tommy Lee Jones) le père de Roy Mac Bride (Brad Pitt) n’a quant à lui pas lésiné sur la...

le 18 sept. 2019

97 j'aime

55

Life - Origine inconnue
Theloma
7

Martien go home

Les films de série B présentent bien souvent le défaut de n'être que de pâles copies de prestigieux ainés - Alien en l’occurrence - sans réussir à sortir du canevas original et à en réinventer...

le 21 avr. 2017

81 j'aime

17