J'en attendais pas mal de The invisible man, après le très bon Upgrade qui était prometteur pour la carrière de Leigh Whannell en tant que réalisateur.
Et au vu du résultat, je suis très déçu ; le film avance beaucoup trop lentement, baignant sans cesse dans une musique atonale qui devient usante.


Au lieu de l'homme invisible, on prend ici pour personnage principal Cecilia, une femme victime de son mari Adrian, un homme manipulateur et violent... qui s'avère être aussi un scientifique de génie qui, ça tombe bien pour lui, avait inventé une tenue qui rend invisible, sans en informer sa femme, et dont il se sert enfin pour la martyriser quand elle décide de le quitter.
J'aime bien l'approche, qui se sert d'un concept de SF pour traiter d'une relation abusive (un peu comme dans la saison 1 de Jessica Jones) : en plus d'être invisible, Adrian use de manipulation psychologique pour gâcher la vie de la femme qui lui échappe. Mais les idées varient peu, le film utilise trop longtemps les mêmes ressorts, l'homme invisible se contentant pendant un bon moment de manifester sa présence à Cecilia, de sorte à l'effrayer ou la faire passer pour une folle auprès de ses proches.
L'invisibilité aurait permis tant d'autres possibilités, à côté desquelles passe le film.
Sur la fin, de nombreux points de l'intrigue se montrent absurdes et poussifs, les moments coup-de-poing se font trop rares, et les scènes d'action avec l'homme invisible auraient pu être beaucoup plus inventives. Whannell recycle les mouvements de caméra d'Upgrade, sauf que dans ce dernier, cette mise en scène était en adéquation avec le scénario, ici ça dénote juste un manque d'innovation de la part du cinéaste.


Malgré tous ses défauts (et son climax ridicule), Hollow man de Verhoeven était beaucoup plus intéressant par sa mise en scène, et sa thématique.
Verhoeven faisait bouger sa caméra, rendant le film dynamique et suggérant les déplacements d'une présence invisible, voire faisait écho aux thèmes du scénario avec quelques plans chargés de symbolisme.
Whannell, au lieu de ça, multiplie les plans larges et fixes, et ne suggère une présence qu'à un seul moment, avec un plan filmé au coin d'un mur, avec les protagonistes au loin.
Concernant les thématiques, dans Hollow man, on présentait un héros enivré par son nouveau pouvoir, qui sombre dans la psychopathie, alors que dans The invisible man, l'héroïne évolue trop subitement de victime à femme forte, et son stalker est présenté comme une entité maléfique omnipotente, à laquelle il est difficile de croire à force.


Le twist, passage obligatoire pour Whannell depuis ses débuts avec James Wan sur la saga Saw, est ici à la fois simpliste et saugrenu.
Quelques idées évitent qu'on s'ennuie trop devant The invisible man, mais ça reste une déception.

Fry3000
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le 26 févr. 2020

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Wykydtron IV

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