Oui, c'est bien le voyage de plusieurs vies que l'on entreprend avec Into the Wild. Sean Penn a fait un boulot incroyable pour rendre cette aventure extraordinaire comme un rêve à portée de main des hommes suffisamment courageux. Ici, le personnage principal a effectué ce dont je rêve depuis bien longtemps : échapper à notre société de consommation qui m'horripile au plus au point pour rejoindre celles qui m'appellent depuis toujours, Nature et Liberté.

Il s'agit là des pérégrinations intellectuelles, spirituelles, physiques et morales d'un jeune homme américain fraîchement diplômé d'Harvard et qui est bien parti pour prendre le même chemin que ses parents pour finir très haut placé à la NSA ou ailleurs d'aussi flatteur. Mais tout d'un coup, il réalise que cette société le dégoûte bien trop pour se fondre hypocritement dans la masse et d'abandonner à terme ce en quoi il aspire réellement, comme tout Homme : le bonheur. S'ensuit une "fugue" de la vie telle qu'elle est, pour entamer une poursuite passionnée et acharnée de la vie telle qu'elle devrait être conçue par l'Homme, qui a depuis longtemps perdu de vue cette vérité. Mais l'a-t-il un jour connue ? Si c'est le cas, ce fut il y a très longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine...

Cette oeuvre est une véritable ode à la Nature et à la place que devrait tenir l'Homme à son encontre, c'est-à-dire soumis à la respecter jusqu'à son dernier souffle de vie, car c'est bien la Nature qui donne la vie et la maintient. Pensées, réflexions, questions, réponses, hypothèses, la plupart des choses qu'un Homme peut se demander à un moment ou un autre de sa courte et insignifiante existence restent en suspens dans Into the Wild, car celui-ci est loin d'être exempt de défauts. Trop de sujets abordés, trop de réponses et de considérations éludées, mais un fond tout de même des plus attrayant pour qui aime se rincer l'oeil sur la beauté naturelle de notre planète sur fond de musiques superbement immersives teintée de dramatisme.

Les acteurs jouent parfaitement leurs rôles et Sean Penn s'en sort avec les honneurs derrière la caméra. Effectivement, bien que filmant beaucoup la Nature, la durée des plans reste, à mon sens, trop courte pour en apprécier pleinement la beauté (même si pour ce faire, rien n'est mieux que découvrir ces endroits soi-même). Ces contrées pratiquement épargnées par l'Homme aurait mérité un investissement encore plus important pour que le spectateur prenne complètement la température de ce qui lui échappe progressivement et ce de son propre fait : l'équilibre naturel et fondamental de la vie sur notre planète, l'harmonie indispensable au fonctionnement tant du monde naturel que de la survie des Hommes. Et cette sensation de paix, d'harmonie et d'amour avec son environnement épargné par la main de l'Homme, l'infime espoir d'une possibilité d'évolution de cette situation mondialement au bord de l'abîme sans fond vers lequel nous nous dirigeons sereinement (sic !), tout cela ressort superbement de Into the Wild. Et pour toutes ces raisons, ainsi que considérant la volonté aussi lâche que remarquable de ce jeune homme qui décide d'abandonner sa famille pour s'unir à la Nature, ce Into the Wild m'était indispensable, comme un reflet de mes velléités "secrètes"...

Zen, vrai, libérateur, stupide, réaliste, intelligent. Into the Wild a certes de nombreux défauts, mais personnellement, l'ambiance et l'amour de la Nature m'ont immunisé contre l'aspect néfaste de certaines considérations scénaristiques et exploitations morales pas toujours bien avisées. Il n'en demeure pas moins qu'Into the Wild, c'est l'évasion d'un jeune homme borné qui en un sens a autant tout compris à la vie que son contraire. Tout compris, car sans la Nature, nous ne sommes rien (et nous l'apprendrons bien vite à nos dépens), et sans nos semblables, nous ne sommes pas grand chose. Comme je le disais plus haut, le besoin d'harmonie de toutes choses se fait de plus en plus pressant...

Me too, I wanna go Into the Wild !

Créée

le 3 déc. 2011

Modifiée

le 13 janv. 2013

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Taurusel

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