Dans l'espace personne ne vous entendra raconter n'importe quoi
Sérieux, va falloir que les frères Nolan arrêtent d'écrire les scénars de leurs films. Plus ça va plus leurs scripts sont bourrés d'incohérences et de crétineries abyssales.
Je vais spoiler (si ça peut vous éviter d'aller voir cet étron tant mieux). Le début de film est débile. On nous dit qu'il n'y a plus d'armée et que les scientifiques ne servent plus à grand chose. Vraiment?? Dans un monde en crise les deux trucs dont j'aurais le plus besoin moi c'est de sécurité et de science. Débuter son film avec ça laisse présager le pire pour la suite. La suite c'est Cooper qui débarque grosso modo par hasard dans les locaux top secrets de la Nasa et qui est accueilli en deux temps trois mouvements comme le messie et se voit propulser pilote d'une mission ultime, seule chance de l'humanité. Ouah! il a bien fait de se lever ce matin là lui. Et, en une ellipse monumentale, on le voit qui décolle direction l'espace. C'est un peu comme si vous entriez dans une banque pour demander un prêt et que vous en ressortiez nommé directeur de l'établissement. Si c'est pour une question de rythme les trois heures de film contredisent tout de suite ça. Peut être qu'un café s'est renversé sur les pages du scenario qui correspondaient à tout ce passage. Juste avant qu'il ne parte on lui a rapidement expliqué le plan A et le plan B (au bout d'un moment je ne savais plus ce qu'étaient les plans A et B). Les explications du directeur sont tellement cons qu'on se demande comment Cooper ne s'effondre pas de consternation. Ça va être un des gros problèmes du film : nous faire avaler tout et n'importe quoi comme si c'était des évidences.
Dans Interstellar, à l'instar d'un There Will Be Blood, on a de la musique tout le temps. Mais vraiment tout le temps. Et c'est chiant. Très chiant. On voit Nolan lorgner du côté de 2001 mais version gros sabots. Autre chose qui m'a frappé c'est que les plans ne sont jamais beaux. C'est du lambda, y a pas de vraies recherche esthétique. Gravity étant passé par là Interstellar souffre carrément de la comparaison. Le film de Nolan apparait vieillot, lent, dépassé face au trépidant Gravity.
Revenons au scenario. Un de mes moments préférés : le choix des planètes (ou "mondes" comme l'équipe les appelle). Là je me suis dit : avant de partir ils n'ont pas établi de plans à la Nasa? Du genre "dans telle situation on va sur telle planète?". Ah, suis-je bête, le briefing est passé à la trappe dans l'ellipse. C'est ça d'aller trop vite. Et, pas de pot! Notre équipe d'astronautes choisit les deux mauvaises planètes en premier. Putain, pas un jour à jouer au loto. Première planète visitée : de la flotte partout. Leurs sondes et leurs instruments de mesure ne devaient pas fonctionner parce que bon quel est l'intérêt de se poser sur une planète recouverte à 100% d'eau? Pour y lâcher des poissons pourquoi pas mais pour des êtres humains c'est limite. Mais ça les frères Nolan ne l'expliquent pas vraiment. Tout juste insistent-ils sur l'importance de retrouver le premier astronaute qui a mis les pieds là et qui a laissé sa sonde fonctionner. Bien sûr rien ne se passe comme prévu et de retour sur le vaisseau principal une vingtaine d'années se sont écoulées. Flute! Et le bougre resté là haut n'a rien trouvé de mieux à faire que d'attendre les explorateurs sans se foutre en sommeil artificiel. Ok donc mec tu as bouffé des rations pour vingt ans? Nolan, rien à dire pour votre défense? Je ne m'étendrai pas sur la visite de la seconde planète totalement inutile si ce n'est pour faire cachetonner Matt Damon. Au passage, moi un mec qui me dit que sa planète congelée est viable je l'envoie chier direct et je remonte dans mon vaisseau. On s'aperçoit rapidement que cette deuxième planète était un pauvre prétexte pour ne faire survivre que Cooper et la jolie Brand. C'est sûr que ç'aurait été moins glamour si Cooper était resté avec quelqu'un d'autre. Tiens au fait...plus personne ne parle du premier mec mort sur la planète recouverte de flotte. Ils ont pourtant passé pas mal de temps ensemble mais une fois mort il n'a plus d'existence propre. Arrive le plan débile du "je vais dans un trou noir pour peut être y trouver une clé pour sauver l'humanité". Chose qu'une sonde aurait pu largement faire. Mais bon, faut un héros dans ce film et ce sera donc Cooper. Dans le trou noir ça devient franchement relou. Cooper est dans une sorte de bibliothèque géante où il peut communiquer avec sa fille (et lui-même) du passé. Mais seulement en faisant tomber des livres. Et là tout est clair : c'était lui le fantôme. Bon sang mais c'est bien sûr! L'idée du "tout était écrit à l'avance" est vieille comme le monde dans les films et les séries. C'est plutôt sympa. Mais ici c'est fait de façon tellement lourdingue et ridicule qu'on a envie de jeter son popcorn sur l'écran. On comprend que le trou noir était en fait un truc créé par les humains du futur et envoyé dans le passé pour se sauver eux-mêmes...dans le futur. Et là je dis : pourquoi ne pas avoir envoyé un signe clair. Genre un message radio ou binaire? Grâce à Cooper sa fille, Murph, réussit à établir une super équation de la mort qui sauve tout le monde. Oui...une équation...
Tiens au fait, messieurs Nolan, vous avez fait exprès d'appeler "Coop(er)" le petit fils de Cooper? A l'école il va se faire charrier : Coop Cooper...
Tout est bien qui finit bien car Cooper est retrouvé flottant dans l'espace. Tranquille le chat. Il peut retrouver sa fille qui l'envoie limite chier, visite la réplique de sa maison où les vidéos qu'on a vu en début de film sont diffusées. Attendez...dès le départ on savait que l'humanité survivait. Zéro suspens alors. On a jamais vraiment peur pour les personnages dans ce film. Ils ne sont jamais réellement mis en danger. Alors que dans un Gravity on la sent la survie de chaque instant.
Interstellar sur un plan "esthétique" n'a rien d'extra. Cuaron a foutu tout le monde K.O. Mais sur un plan scénaristique c'est catastrophique. Le film ne cherche même pas à être pseudo philosophique (ça aurait pu lui donner un côté "œuvre incomprise"). C'est juste mal écrit. Le script des Nolan multiplie les incohérences, les scènes ridicules, les dialogues crétins et les théories scientifiques abracadabrantes.