Il y a vraiment de très bonnes choses dans cet Interstellar. Une brochettes d'acteurs impliqués dans leurs rôles, pour la plupart excellents (même la gamine s'en tire avec les honneurs) ; un Hans Zimmer retrouvé qui - à défaut de proposer des thèmes variés - brode des arrangements inspirés autour d'une mélodie incantatoire ; des images parfois splendides (même si la comparaison avec Gravity fait mal) ; un scénario qui - s'il ne peut pas échapper à la critique des scientifiques en herbe pointilleux - s'articule autour d'un phantasme de physicien (faire le lien entre la théorie de la relativité générale et les implications de la physique quantique pour résumer) avec brio...


Mais Christopher Nolan fait la même erreur qu'avec Inception. A trop considérer ses spectateurs comme des imbéciles (au sens étymologique du terme), il multiplie les étapes béquilles explicatives pour s'assurer de ne perdre personne en route, avec comme sérieux revers des baisses de rythme flagrantes. Associez à cela un désir de rajouter des scènes d'actions finalement assez inutiles et vous arrivez à un film de 2h49 longuet, là où deux heures bien tassées auraient suffi.


Où est passé le Nolan de "Memento" qui alliait réalisation nerveuse et scénario propice à l'égarement contemplatif ? Il y a de quoi nourrir des regrets.


C'est d'autant plus dommage que Nolan a pour ambition manifeste de réaliser son 2001 : L'Odyssée de l'espace avec Interstellar. Stanley Kubrick avait lui compris qu'en proposant un scénario clair mais pas pré-mâché, son audience allait se l'approprier et le mystifier. Ici, tout est servi comme un plat micro-onde. Et ce n'est pas le final grand guignolesque qui rattrape l'affaire, bien au contraire : l'évidence des images doit quand même être appuyée par le discours explicatif d'un robot...


Avec Interstellar, Christopher Nolan manque l'occasion de réaliser une oeuvre magistrale et ne propose finalement q'un film de SF classique, parfois de mauvais goût (je me suis personnellement étranglé sur la "réalité physique de l'amour"), dépourvu d'émotion, sauvé par une réalisation et une bande-son de bon aloi, transcendée par quelques fulgurances inspirées. Dommage.

Hypérion
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le 16 nov. 2014

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Hypérion

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