“Telle est la tâche de l'homme : conquérir l'espace et sanctifier le temps.”

Citation de Abraham Heschel


L'homme a toujours levé la tête. Il y a plus de 2000 ans déjà, les grecs plaçaient leurs dieux au dessus du mont Olympe...puis les hommes escaladèrent le mont Olympe. Les hommes voulurent ensuite visé le ciel à coup de dragon et de de dieu dans les cieux, 1783 les frères Mongolfier firent décoller un être humain du sol et 18 ans plus tard apparurent les premiers balbutiements de l'aviation. Les hommes virent donc encore plus haut en regardant les étoiles. 1902 Georges Méliès créa le vrai premier film "Le Voyage dans la Lune" envoyant ici un message fort: Avec l'art nous réalisons l'impossible, nous allons dans l'espace. Mais l'histoire vous l'a connaissez, 1957, 4 ans après Objectif Lune Spoutnik et encore 4 ans plus tard un certain Youri Gagarine réussi ce que Méliès appelait l'impossible en devenant le premier homme à sortir de la Terre. Mais c'est réellement le 21 juillet 1969, près de 15 ans après Hergé que Neil Armstrong marqua la conquête de l'espace par l'homme en marchant sur la Lune. Et là, il se passa quelque chose de surprenant. Après avoir conquit la terre, la mer, et ciel et bien plus haut encore, l'homme se posa, devant l'immensité du vide et se demanda: "pourquoi?" Un petit mot suivi d'un point d'interrogation, quelque chose de si insignifiant à coté de toutes les conquêtes remis pourtant tout en jeu. L'homme se rendit compte qu'être seul face au vide ce n'est pas rien, c'est un homme face à lui même. La quête en soi devint alors la quête de soi, car comme quand chenille devient papillon le combat se trouve à l'intérieur de la chrysalide. L'homme se trouva donc un dernier adversaire, une ultime conquête, au premier abord invincible mais nécessaire pour à son salut. A partir d'aujourd'hui et plus encore que durant n'importe quel temps l'homme va décider de se vaincre lui même.


A ça, plusieurs films s'y sont essayés dont le brillant Gravity d'Alfonso Cuarón fait figure de proue avec le deuil d'une mère de son fils. Mais c'est sans oublier LE FILM spatial part excellence, sortit l'année d'après, réalisé par l'un des plus grands metteurs en scène de l'histoire et scénarisé par un des plus grands duo de scénaristes de l'histoire, les Nolan. Dans Interstellar, l'ainé des deux frères nous propose bien plus qu'une simple épreuve symbolique entre un père et sa fille. Il va aussi s'amuser avec le temps et la gravité redéfinissant ainsi ce qu'est une "épreuve" et au passage ce qu'est l'humanité. Il parait évident qu'avec Interstellar Nolan réussi l'exploit de réaliser le meilleur film des années 2010 après avoir fait de même durant les 2000 avec son deuxième opus Batman. Et pourtant, le cinéma du britannique n'est pas forcément simple à analyser, surement à cause d'une mise en scène plus que perfectionniste ou chaque détails comptent, ce qui fait qu'avant de commencer à réfléchir il faut d'abord encaisser le film. Vous l'aurez compris, on a vite fait de se perdre dans le film si on tente de le décortiquer de façon hasardeuse. Comme le laisse déduire le premier pavé on se concentrera ici avant tout sur l'homme, en tant qu'individu et espèce, son rapport à l'exploration et aux autres.


Dans Interstellar on débarque dans un monde en déclin. A force d'explorer partout sauf en lui et n'ayant plus rien à découvrir l'homme s'est perdu, n'ayant plus aucuns butes, il se laisse dévorer par la planète. Mais cette extinction n'est pas violente, à l'instar du vieillissement, elle arrive calment mais inéluctablement dévorer l'homme qui ne cherche de ce fait plus à vivre mais à survivre. C'est dans ce contexte qu'on retrouve nos héros, d'un coté Cooper qui croit que l'exploration peu sauver l'humanité à l'instar des IRM crées pour la conquête spatiale auraient pu sauver sa femme et de l'autre sa fille Murphy qui vit sa vit à peu près tranquillement tant que son papa est avec elle. C'est même dans cette esprit de complicité qu'ils découvrent le plan pharaonique de sauver l'humanité. 2 plans lui sont alors proposé, sauver les Hommes (qui se trouvent sur la planète) ou sauver l'Humanité (créer de nouveaux humains sur une nouvelle planète) et là ou Brand et son père entrevoit les deux possibilités, c'est bien pour sauver sa fille que Cooper part. "Le seul moyen d'aller quelque part c'est de sacrifier quelque chose" Pour partir et sauver les siens Cooper doit abandonner sa fille, pour sauver Murphy il est obligé de la détruire.
A partir de là commence un drame, qu'on ne ressentira pas forcément au début mais qui éclatera au grand jour au moment ou la vague s'abat "Cooper et son équipe ne font plus parti de ce monde, ils ne sont, à la limite que des vestiges. Ils sauveront l'humanité mais pas les Hommes". "Le seul moyen d'aller quelque part c'est de sacrifier quelque chose". Quand Cooper revient sur son vaisseau après 23 ans et qu'il regarde ses vieux messages pleurant et rigolant en même temps ce n'est pas parce qu'il n'a pas été là qu'il pleure mais parce que même si il retournait il ne pourrait pas revenir, son fils ayant décidé de laisser la fin du monde les consumer et sa fille toujours détruite par le départ de son père. Et déjà que la scène amplifier par le talent indéniable de Matthew McConaughey est bouleversante, se rendre compte réellement de tout ce qu'elle implique ne peu que massacrer le peu de bonheur qu'il nous reste. C'est réellement à cet instant qu'on se rend compte que la musique de Hans Zimmer sonne à la fois comme un adieu et comme le début d'une épopée. Deux combats différents mais la même lutte, que ce soit par une vague ou par le sable les deux risquent de se faire engloutir.
"Le seul moyen d'aller quelque part c'est de sacrifier quelque chose" Ce conflit entre Homme et Humanité on le retrouve aussi avec le docteur Mann qui pensait se sauver et non pas sauver l'humanité en partant. Lâche et égoïste, il décide de détruire la mission "sauver l'humanité" pour rejoindre les Hommes. Il ne s'identifiera d'ailleurs pas à Brand et Cooper ce qui va le mener à sa perte. Ça va beaucoup impacter Cooper qui suivait le même but, en plus des révélations de père de Brand quant au but de la mission.
"Le seul moyen d'aller quelque part c'est de sacrifier quelque chose". Brand et Cooper, pour la première fois dirigés par l'amour, décide donc d'aller sur la dernière planète. Mais après le temps, la vie et l'espoir c'est à Cooper de se sacrifier pour mener cette mission à bien. S'en suit une scène complexe dont je ne peux saisir que l'idée. Tout en laissant Cooper fait le deuil de sa fille, on comprend que ce sont l'amour et le savoir (les livres et l’installation) dans l'espoir d'un futur meilleur qui sauveront les hommes. Guider par l'amour, Cooper réussi donc à sauver ceux qui vivaient et ceux qui vivront.
Bien des années après la réconciliation de la famille, Cooper est sauvé in extremis de la mort par les hommes. Il pourra donc revoir sa fille une dernière fois qui le laisse partir pour qu'ils puissent rejoindre son monde, ayant renoncer à son existence celui-ci pour tous les sauver



Comprenez bien là que l'on n'a même pas effleuré la surface du bagage philosophique et émotionnel pharaonique qu'a Interstellar. Nolan nous livre ici l'un des plus grands films de l'histoire, une œuvre déjà culte et inoubliable dans la sphère culturelle. Interstellar s'imposera comme notre aventure à tous dont la beauté en apesanteur n'a d’égale que la souffrance du temps qui emporte le vent des espoirs


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le 4 juil. 2020

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Lordlyonor

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