Il y a des films dont on ne comprend rien, et c'est embêtant.
Il y a aussi des films dont on ne comprend rien, et c'est pas grave. Interstellar fait partie de cette deuxième catégorie.
D'après ce que j'ai compris, des explorateurs profitent d'une faille dans l'espace-temps pour trouver des planètes inhabitées afin de remplacer la Terre, dont le changement climatique met à mal ses ressources alimentaires et sa population en péril.
On va évacuer ce qui ne va pas en disant que c'est abscons jusqu'à un point ... il y a plusieurs fois où je me suis perdu sous des tonnes d'explications scientifiques, comme pour donner une crédibilité à cette histoire, mais si le gâteau est souvent délicieux, il faut retirer des tas d'emballages pour être rassasié.
Car pour le reste, c'est un film de science-fiction évoquant aussi bien 2001 que Solaris ou Gravity, mais qui est toujours dans le domaine de l'émotion, ce qui est une première dans le cinéma de Nolan, réputé pour être souvent froid. Ca se passe souvent à travers les yeux de Matthew McConaughey, que je trouve très attachant, qui est en quelque sorte le chef de l'expédition, et qui a dû laisser sur Terre son fils et surtout sa fille, laquelle lui reproche de la laisser tomber, sauf qu'il agit pour le bien de l'humanité. Et il y a une scène absolument magnifique, que je dévoilerais pas, où les larmes de McConaughey ne sont pas feintes, et sonnent comme une sorte de fatalité sur le temps qui passe, différemment si on est sur Terre ou dans un autre espace-temps. On retrouve aussi les fidèles Michael Caine et Anne Hathaway, ainsi que Casey Affleck et Jessica Chastain, mais je trouve que l'émotion est vraiment dans le regard de Matthew McConaughey.
En réfléchissant sur le film, après l'avoir vu, je me suis rendu compte qu'il a bien travaillé dans ma tête, car, excepté le charabia et, aussi sa longueur de 2h40, je n'y trouve que des qualités ; la musique absolument fantastique de Hans Zimmer, très loin de ce qu'il a composé, et qui rappelle là aussi 2001 en utilisant des orgues, ajoute aussi à ce sentiment d'ailleurs, d'étrangeté, voire de calme quand on est dans l'espace, avec des scènes qui sont muettes à ce moment-là.
Quant on connait le cinéma de Christopher Nolan, c'est un réalisateur qui fait des cartons à chaque film, le plaçant en position de force ; tournage en pellicule, et surtout, les effets spéciaux sont à grande majorité à l'ancienne. Ça parait dingue de dire ça pour un film de 2014, mais ça procure un bien fou à voir des trucages datant de l'ère primitif du cinéma, comme des surimpressions, des scènes filmées à travers des plaques de verre, des maquettes, des miniatures, la présence de robots manipulés à l'aide de télécommandes, et même du matte painting ! Ça ajoute ainsi beaucoup de charme à Interstellar et lui permettra, à l'instar de 2001, de ne pas trop vieillir dans le temps. Car on voit bien que les acteurs ont dû travailler dans des décors naturels (Islande), ça se sent dans la difficulté qu'ils ont à marcher avec leurs habits de cosmonautes.
Je l'avoue, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre avec Interstellar, car j'étais assez déçu de Inception et du Prestige. Mais là, je suis très séduit par cet aspect à l'ancienne, qui ne jure pas une seule seconde, par la maturité du propos, où la mort rôle en permanence, et enfin, par cet émotion à laquelle Nolan a enfin su injecter l'histoire, qui fait que, au bout des 2h40, on se dit que certains blockbusters nous donnent l'occasion d'espérer du cinéma hollywoodien.