Un lieu unique, un personnage principal débrouillard, quelques personnages fonction et un antagoniste belliqueux, sans oublier le sidekick rigolo. Voilà une recette classique qui ne surprend jamais, mais qui peut fonctionner avec un peu de talent.


Mauvaise pioche avec cet Instinct de survie.


Pour le lieu unique, ce sera donc une superbe plage mexicaine dont le nom et la localisation doivent rester secrets. On y reviendra. En fin de film, on notera sur certains plans larges la présence d’immeubles à proximité, probablement secrets eux aussi. Toujours est-il que c’est beau, ça donne envie de savoir surfer même si on n’a jamais touché une planche, on voudrait s’y réveiller chaque matin pour apprécier la beauté d’un tel site. L’héroïne, elle, est déjà liée au lieu puisque sa mère y avait surfé avant sa naissance, justifiant donc sa présence sur cette plage.


De l’héroïne débrouillarde, parlons-en. Blake Lively incarne une jeune étudiante en médecine, originaire du Texas, belle mais un peu insouciante, accompagnée par une amie sur qui on ne peut visiblement pas compter ; elle a le profil type de celle qui s’en sortira là où les bodybuildés vont se prendre une gamelle.
Déterminée, elle veut surfer dans cet endroit paradisiaque dont sa mère, aujourd'hui décédée, lui a tant parlé. Sa copine l’ayant lâchée pour un plan cul, elle décide de s’y rendre sans elle. Embobineuse comme pas deux, elle réussit à convaincre un autochtone -qu’on appellera Rodrigo- de la conduire sur cette plage secrète dont on ne veut surtout pas lui révéler le nom. Malgré ses tentatives de charme, elle ne le connaîtra jamais.
Pour Rodrigo, il a semblé logique de garder secret le nom de cette plage...après avoir accepté d’y conduire une américaine et son smartphone équipé d’un GPS. Se sentant bête d’avoir accepté la requête de la donzelle, probablement dans un moment de faiblesse, le regard perdu dans les nichons de Blake, Rodrigo a fait une croix sur son éthique et n’a même pas proposé de lui bander les yeux sur une partie de la route.


Au passage, on pourra se demander comment elle a réussi à faire comprendre à Rodrigo sur quelle plage elle souhaitait se rendre. A-t-elle évoqué « la plage secrète » ou encore « La-Plage-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Révéler-Le-Nom-Ni-L’Emplacement-Aux-Etrangers » ? Peut-être, on ne le saura pas.
Toujours est-il qu’après trois tequilas et une bonne soirée à reluquer la ficelle du string de Blake, Rodrigo a renié ses ancêtres qui avaient fièrement préservé le trésor mexicain durant des générations. Ne s’étant toujours pas remis de sa gueule de bois et dans un grand moment d’absence de lucidité, Rodrigo invitera même la belle à regarder la route plutôt que l’écran de son smartphone. Fichu pour fichu, autant qu’elle apprenne la route tout de suite, ça lui permettra de revenir plus facilement avec ses amis et sa famille.
Reprenant ses esprits mais n’en revenant pas de sa propre bêtise, Rodrigo refusera toute tentative de rémunération, une fois arrivés sur place. Pour rien au monde on ne pourra l’accuser de s’être laissé corrompre et d’avoir livré le précieux secret contre de l’argent ! Non, les mexicains ne sont pas avides ! Pas tous, en tout cas... Fier d’avoir su résister aux dollars de l’enfer contre la course et, honneur ultime, de ne pas avoir livré le nom de la plage, Rodrigo finira par filer chez lui pour y descendre quelques shots de Téq’, se branler une ou deux fois et, enfin dormir pour oublier.


Bref, vous l’aurez compris, si quelques ajouts personnels se sont glissés çà et là et même si ça importe peu pour un métrage de ce genre, le contexte du film pue du fion. Il s’agit d’un prétexte mal ficelé pour planter une jolie actrice à moitié nue loin de la civilisation avec un danger immédiat la mettant en péril. De l’art de faire compliqué quand on peut faire simple.


Il est fascinant de voir comme les scénaristes se font parfois d’inutiles nœuds au cerveau pour raconter leurs histoires, même quand ça ne le mérite pas. Qu’est-ce qui empêchait ici de mettre en scène l’héroïne dans une voiture de location, errant avec sa planche de surf au Mexique, en quête d’un spot sympa, vierge et magnifique, ou à tout le moins peu connu, pour y accrocher de la belle vague ? Sans déconner, ça marchait aussi et il y avait zéro risque d’incohérences.


Toujours est-il que Blake a trouvé le terrain de jeu idéal pour poser en maillot de bain et faire montre de son talent pour défiler, ses formes avantageusement mises en avant. Avec sa poitrine généreuse, il faut dire que refermer sa combinaison n’est pas facile et il s’avère même impossible d’éviter le magnifique effet push-up lorsqu’elle remonte la fermeture. N’exagérons pas, le film nous évite de manière générale les poses lascives et les plans vulgaires. Si Blake Lively est montrée à son avantage, il faut dire qu’elle est bien gaulée et qu’il est difficile de ne pas montrer ses fesses. Bah oui, elle est bien là pour surfer.


Une fois dans l’eau, la belle se dirigera vers le large et rejoindra progressivement deux autres surfers. Tiens, voilà nos deuxième et troisième personnages fonction après Rodrigo. On ne les nommera même pas, tout juste les distinguera-t-on par celui à la GoPro et l’autre.
Deux rigolos du coin qui refusent une nouvelle fois de dévoiler le nom de la plage à Blake, en dépit du fait qu’elle soit sur cette plage et qu’il n’y a strictement aucun intérêt à ne pas lui donner le nom. La logique nous échappant, on finit par se dire que les scénaristes se sont retrouvés piégés avec leur histoire de plage secrète et qu’ils auraient vraiment mieux fait de ne plus y faire référence dans les dialogues tellement ça devient absurde.


Pas méfiante quand il s’agit de monter en voiture avec un inconnu pour une destination là aussi inconnue, Blake fait sa timorée, ou devrait-on dire sa mijaurée, en refusant de les rejoindre pour surfer avec eux. Mais la passion les réunissant, le petit trio va se constituer pour une séquence de glisse mettant à nouveau en valeur le site et l’actrice mannequin qui s’avère rapidement être un formidable atout visuel pour le film.


Ne s’y trompant pas, l’équipe à la réalisation met en scène de superbes plans de transition surface/sous-marin où Blake Lively ou une doublure confondante expose sa plastique en gracieux mouvements. Bref, on se régale.
Au passage, on remarquera que le film n’exagère pas en ce qui concerne le placement de produits, alors que la mise en boîte de cette discipline est en général l’occasion de balancer à la gueule du spectateur les marques reines du secteur.


Après l’ivresse de la glisse, Blake revient à la réalité et s’éloigne des deux guignols. Elle attend gentiment qu’ils s’en aillent pour occuper leur spot. Elle ne peut s’empêcher de se retourner pour vérifier qu’ils s’en vont vraiment et qu’ils ne vont pas lui piquer ses frusques. Rassurée de les voir partir, elle se retourne vers l’horizon, lève les yeux et découvre...une gigantesque baleine morte, à deux mètres d’elle, dans un état de putréfaction suffisant pour que l’odeur lui coupe la respiration. Peu attentive, elle ne s’était pas rendue compte qu’elle était dans une mare de sang...


Dans ce genre de film, on attend toujours avec un mélange de crainte et d’impatience le moment clé, celui où tout bascule. Il est logique d’attendre a minima des scénaristes qu’ils soignent ce moment-là en particulier. Alors comment a-t-on pu, dans le processus de décision, valider une telle idée ? Comment l’héroïne ne peut-elle se rendre compte de la présence de ce gigantesque cadavre qu’une fois à proximité immédiate ? On signalera que le plan précédent montre une mer particulièrement calme et sans cadavre. Il y a zéro excuse.


Blake prend alors un air inquiet et jette des regards paniqués tout autour d’elle, comme si elle sentait un danger... Pour finalement se dire que ce n’est pas bien grave et elle se remet à surfer. Survient alors le plus beau plan du film : une grosse vague, une surfeuse sexy qui la dompte et la silhouette énorme de la menace. Les trois arguments du film réunis.


L’antagoniste belliqueux montre enfin son museau !


On accélère. Le requin fauche la planche, Blake tombe, le requin lui croque la jambe mais trouve amusant de jouer avec sa proie alors il la lâche. Blake nage jusqu’à la baleine morte et l’escalade. Elle se rend alors compte que les deux guignols sont encore là. Elle essaye d’attirer leur attention avec de grands signes, mais ces cons-là n’ont pas levé les yeux une seule fois vers la mer depuis un quart d’heure.... Bref, ils partent sans la voir et le requin, qui n’a apprécié que moyennement l’initiative de la jeune femme, se transforme en bélier en fonçant à 200 Km/h dans le cadavre de baleine pour le retourner. Terrorisée mais pas tétanisée, Blake bat le record du 50 mètres nage libre pour atteindre un rocher émergé. Elle s’y installe et rencontre le sidekick rigolo du film : une mouette à l’aile cassée. Blake lui parle et partage un petit déjeuner de crabe avec ce compagnon d’infortune.


Plus tard, elle apercevra Pablo, le pochtron du coin qui cuve sur la plage. Elle va alors hurler pour le réveiller. Gaver comme une outre, Pablo finit miraculeusement par sortir de sa torpeur. À voir sa tronche, il semble lui-même surpris qu’un homme saoul comme un goret et profondément endormi ait réussi à entendre les faibles cris d’une femme sur un rocher loin au large.
Mais pas de bol pour Blake, en plus d’être un alcoolique patenté, Pablo est cleptomane, avide et n’a aucune morale. Alors il va fouiller le sac de la demoiselle en détresse, lui piquer fric et téléphone pour ensuite se barrer et la laisser dans la merde. Un bon mexicain, vu par Donald Trump quoi !
Mais comme de tels personnages ne l’emportent jamais au paradis dans ces films-là, le retour de bâton est violent et le gros Pablo qui n’a l’air de savoir ni nager ni surfer, décide de se jeter à l’eau pour aller récupérer la planche de surf de Blake. Et il se fait littéralement déchirer l’oignon par le requin qui le coupe en deux. La morale est sauve lorsque la demi-portion mexicaine réussit à concentrer ses dernières forces pour rejoindre le rivage et se traîner sur la plage pour y mourir. Pas rancunière, Blake est horrifiée de ce spectacle.


Mais le carnage n’est pas terminé puisque M. GoPro et l’autre reviennent. Sans qu’on puisse se l’expliquer, ils réussissent à se mettre à l’eau sans voir le cadavre de Pablo. Cons comme des briques, ils ne se formalisent pas de voir Blake sur un rocher leur hurlant de sortir en raison de la présence d’un requin. Ce dernier choisit évidemment ce moment pour en croquer un en sautant suffisamment haut hors de l’eau pour qu’on peste contre cette fichue CGI bien trop visible. Reste M. GoPro qui, imaginant à tort que le requin pourrait être rassasié des 80 kilos de barbaque de son pote, essaie de se mettre en mouvement et finit par disparaître sous l’eau sans un cri. Atterrée d’avoir eu affaire à d’aussi gros abrutis, Blake en conclut que cette mouette estropiée est définitivement l’être le plus intelligent qu’elle a croisé depuis son arrivée au Mexique.


À ce moment, un geyser (seule explication possible) projette deux morceaux de planche de surf sur son rocher. On se demande bien ce qu’ont voulu faire les scénaristes avec cette scène, alors que les morceaux auraient juste pu dériver jusqu’à Blake... Ça n’aurait pas été plus con. On se doute toutefois que ça servira par la suite.
Bref, alors que tout semblait perdu pour lui, M. GoPro émerge juste au bord du perchoir de Blake. Impossible de savoir comment il est arrivé jusque-là. Mais, perdant toute lucidité, il finit par la confondre avec le requin ; seule explication justifiant qu’il se mette à se débattre comme un dément et à donner l’impression de tout faire sauf d’essayer d’attraper la main qu’elle lui tend pour le hisser sur le rocher.
Comme on s’en doute, le requin n’est pas bien loin et n’est pas enthousiaste à l’idée de partager sa Blake. Alors il attrape GoPro par le pied et l’emmène au fond pour le bouffer.


Avec une baleine morte bien entamée, les jambes de Pablo et les deux guignols déjà ingurgités, on se dit que la petite Blake a peut-être une chance de s’en sortir. Mais malheureusement pour elle, elle est tombée sur un requin non seulement psychopathe mais qui semble en plus pris d’une grosse crise de boulimie en avalant tout ce qui lui passe sous le nez.


On va encore accélérer, en passant des scènes d’un niveau de crétinerie hallucinant, en particulier : la récupération fastidieuse de la GoPro, le message à la famille, la réparation de l’aile du sidekick par Blake qui s’improvise vétérinaire de l’extrême, du dépôt de la mouette sur un bout de planche pour qu’elle flotte et ne se noie pas (c'est donc pour ça qu'ils ont écrit la scène du "geyser"...), et enfin la scène de nage au milieu des méduses qui blessent le requin mais pas trop Blake...


Enfin, elle atteindra le lieu de la confrontation finale : une bouée-phare.


Maladroite comme pas deux, Blake réussit à récupérer un pistolet à fusées mais fait tomber les munitions dans l’eau... Elle en récupère une et tire en l’air après avoir aperçu un bateau au large. Pas de bol, les matelots devaient sûrement être trop gorgés de rhum pour voir sa fusée de détresse. Il faut dire aussi qu’elle est malchanceuse ; la fusée qu’elle a récupérée est la seule à avoir souffert de son passage dans l’eau et celle-ci fait le bruit d’un pet foireux en retombant quasi immédiatement dans l’eau. Les autres fusées qu’elle récupérera ensuite dans l’eau, avec une cabriole dont elle a le secret, fonctionneront en revanche très bien. Elles lui permettront notamment de : gâcher une fusée alors que le navire est invisible à l’horizon, mettre une bastos dans la tronche du requin qui se transforme peu à peu en machine de guerre et, pour finir, enflammer le squale qui ne sera pas calmé pour autant.


Pire, il va se transformer en pince de déchetterie en mordant goulûment dans le métal de la bouée qu’il va progressivement grignoter. Son estomac plus gros que le ventre, le requin finira par tomber dans le piège que lui tendra Blake, celle qui devait être le dessert de son formidable marathon de la bouffe.


Et stop. On oublie l’épilogue aussi nul que le reste. On oublie qu’un gamin du coin, Rico, est passé sur la plage, a trouvé la GoPro et est parti en courant comme un voleur. Il n’a pas d’intérêt autre que de constituer avec Rodrigo, Pablo et les deux débiles le fameux quintette mexicain.


Si, sans être géniale, la première demi-heure réussit à nous montrer de belles images, tout le reste du film, dès l’apparition du requin, fait peine à voir. On pourrait passer sur les incohérences scénaristiques et l’écriture déplorable des personnages. Encore aurait-il fallu que les scènes avec le squale valent le coup d’œil. Aussi mal animé qu’il est bête, ce requin fait rire au lieu de faire peur ou ne serait-ce qu’impressionner. Véritable névrosé, boulimique et psychopathe, le spectateur ne peut croire un seul instant aux événements contés.


Tout est nul, le film peine même à nous montrer une différence entre marée haute et marée basse. Il n’y aucune différence pour Blake sur son caillou, jusqu’à ce que le réalisateur se souvienne que Blake doit se sentir obligée de quitter son perchoir pour aller jusqu’à la bouée-phare. Alors il fait monter d’un coup le niveau de l’eau pour justifier l’escapade de l’héroïne.


Le film sombre dans le ridicule quand Blake soigne l’énorme entaille que lui a causée le requin à la jambe avec...ses bijoux. Au final, les rebondissements sont aussi idiots que les personnages. La quasi-intégralité des choix faits par les personnages est incompréhensible. Et le final donne vraiment envie de s’arracher les yeux.


Il vaut mieux revoir The Reef que de regarder ce film qui n’a pour lui que quelques belles images ainsi qu’une actrice à la plastique irréprochable.


Et cet avis est beaucoup trop long pour ce qu'il y avait à dire...

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le 23 sept. 2016

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