L'art de flamber avec prestige

Il est des films et des réalisateurs dont on n'attend pas grand chose et qui vous prennent par surprise.

Insaisissables et Louis Leterrier sont de ceux-là. Avec sa caméra virevoltante, ses lumières éclatantes et son sens du spectacle, l'oeuvre se pose comme un film dynamique qui emporte le spectateur dans son sillage, ne lui laissant guère le temps de respirer ni de reprendre ses esprits.

Insaisissables se montre ainsi à l'image de son quarteron de magiciens : charmeur et hautement roublard. Casting luxueux pour figurer ces Robins des Bois modernes qui ne manquent ni de panache ni de culot quand ils commettent leur coup au beau milieu de leurs spectacles filmés avec suffisamment de sens de l'entertainment pour émerveiller et faire rentrer la magie dans l'ère moderne.

L'intrigue policière ne manque pas de punch dans la poursuite des quatre cavaliers, même si elle reste finalement simple, avec le schéma habituel faisant croire à ses protagonistes qu'ils ont un coup d'avance alors qu'en réalité, ils sont systématiquement à la remorque. Mark Ruffalo endosse ainsi le costume de Vil Coyote ridiculisé plus d'une fois, à courir sans cesse après quatre Bip Bip qui lui fileront éternellement entre les doigts.

La caméra, elle, emprunte les méthodes du prestidigitateur en nous montrant ce qu'elle veut et en nous lançant de la poudre aux yeux pour détourner notre esprit logique de ce qui se passe réellement, mettant littéralement en pratique le tour ancestral du coup du lapin. Au prix cependant de quelques trous d'air ou d'incohérences, heureusement sans gravité, tant la suspension d'incrédulité fonctionne à plein régime, ce qui n'est pas la moindre des qualités du film. Malgré ces quelques scories, le scénario, quant à lui, ménage assez habilement ses effets et entretient constamment le doute sur la fonction de chaque personnage ainsi que leur rôle supposé dans la combine.

Même si la résolution de l'intrigue est un poil bancale, surtout au vu de l'ampleur du plan et du temps pendant lequel il a été mis en place, Insaisissables se révèle au final être un film d'excellente facture, certes de consommation courante, mais surtout plaisant à regarder et fascinant à suivre. Même si on n'en sort pas intellectuellement plus éclairé ou élevé, c'est en cela qu'il tient du vrai feel good movie, celui qui vous laisse avec un sourire imprimé sur le visage et des étoiles scintillantes plein les yeux.

C'est aussi en cela que réside, en un sens, la magie du cinéma.