Paul Thomas Anderson a pour habitude de puiser dans la littérature pour ses scénarios, il lit beaucoup et se cultive dans les domaines qu'il veut retranscrire, mais cette fois ci, s'il est toujours question de livre, ce n'est plus pour s'en inspirer mais bien pour l'adapter.
Inherent Vice de Thomas Pynchon, c'est le genre de bouquin qui d'après certains semblait inadaptable, que voilà justement un défi pour ce bon vieux... enfin pas tant que ça, Anderson.


Roman psychédélique que je n'avais pas lu avant le premier visionnage de cette adaptation, alors maintenant que c'est chose faite, chose qui m'a d'ailleurs pris plusieurs mois tant le lecteur que je suis n'est pas très efficace, je peux juger de l'adaptation.
J'ai été incroyablement surpris en constatant cette phrase que j'ai souvent lu et entendu, la fameuse "le livre est toujours mieux que le film". Si je ne peux en juger largement étant donné que j'ai à ce jour qu'un exemple à mon actif, il est dingue d'imaginer ce que doivent être des pavés comme Harry Potter ou encore Le Hobbit, pour ne citer que des gros succès.


Pas mal critiqué et même traité de pire film du réalisateur, Inherent Vice est loin de valoir ces mots, quand bien même ce n'est pas la plus importante des œuvres du monsieur. Réputé également fouillis voir brouillon certains n'ont pas dû apprécier le fait de se perdre dans ce sac de nœuds psychédélique. Sachant que le film serait lent et loin de l'ambiance groovy de la bande annonce je n'ai pas reçu de coup de massue à ce niveau.
En effet les trailers se sont révélés fort mensonger, présentant un trip à 200 à l'heure. Ayant désormais lu l'œuvre originale, je peux affirmer qu'Anderson a totalement su retransmettre la lenteur du roman, foutraque et perturbant par sa complexité mais terriblement lent, enivrant même. C'est donc un respect total de l'œuvre que présente ici Paul Thomas, allant jusqu'à reprendre nombreuses phrases et scènes identiques. En en coupant au passage une TONNE pour se concentrer sur une adaptation peut être pas minimaliste mais au vu du roman bien plus épurée.


Pour résumer le film à son image, nous suivons donc Larry Sportello surnommé "Doc", un détective privé hippie et accro à la fumette qui est chargé de retrouver le riche Michael Z. Wolfmann disparu avec son ex copine Shasta. Rien de bien compliqué jusqu'à ce que les rencontres et connaissances bien moins nombreuses que dans l'pageux de Doc surgissent, et là, la question est: "Peut-on aller pisser pendant le film sans mettre pause ?", à cette question je répondrais: "Même en mettant pause, tu auras du mal à t'y retrouver !".
Bien que le film nous emmène subtilement dans la folie psyché d'une enquête sans queue ni tête et pourtant toute bête, je ne me suis pas ennuyé comme certains apparemment, je suis resté si concentré sur l'histoire pour ne pas perdre le fil que je n'ai pas franchement eu le temps de m'ennuyer.


Anderson pose sa caméra au sein d'une ambiance seventies superbement retranscrite, il adapte ses cadrages à l'ambiance et au style du film, tout comme il s'amuse à nouveau avec quelques plans séquences fabuleux. Le tout sous une photo pelliculaire décontrastée et granuleuse. La bande son qui est toujours un point essentiel chez Anderson est elle aussi en total accord avec l'époque. Les costumes quant à eux sont top fun, chaque personnage à un style différent, et le plus classe est évidement celui de Doc alias Joaquin Phoenix.


Phoenix se retrouve une fois de plus après "The Master" devant la caméra de Paul, il y est formidable, même sans parler, il a une telle présence, une présence superbement ringarde, ces rouflaquettes, cette tignasse, ces lunettes, ces yeux de "je comprends rien !", ces pieds sales et ce chapeau de paille, tout est réuni pour donner à ce personnage le look hippie parfait.
A ses cotés on retrouve bon nombres de noms comme Josh Brolin alias Bigfoot qui aime les bananes au chocolat, Owen Wilson en une sorte de Judas, et également Katherine Waterston, Reese Witherspoon, Benicio Del Toro, Jena Malone, Martin Short, Michael K. Williams ou encore Eric Roberts, par contre cette fois ci pas de Philip Seymour Hoffman malheureusement, il aurait été parfait en hippie, R.I.P. mon vieux.
Là encore on pourrait causer différence entre l'œuvre d'origine et l'adaptation, notamment à travers les personnages de Brolin et Del Toro, quand l'un collectionne des objets de stars ou de films il me semble, exemple, une tasse et même des fils barbelés, l'autre est beaucoup plus jeté et drogué que dans le film, matant et parlant tout le temps d'un show tv dont il est fou.


En bref, sans être son film le plus marquant, il reste bien au-dessus de ce que les critiques en disent, c'est un film barré, bien écrit, soigné, tendre également. La BO n'est pas la plus marquante de la filmo de PTA mais s'accorde avec l'ambiance. Et le casting est au top forcément.
Seule petite chose dommageable c'est qu'après avoir revu la bande annonce je me rends bien compte que certaines scènes barrées présentes dedans ne sont pas dans le film, je me doute qu'il a fallu couper des choses et que le film fait déjà 2h30 mais c'est un petit regret tout de même.

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le 12 avr. 2015

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-MC

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