Inferno
6.8
Inferno

Film de Dario Argento (1980)

Allez dans les sous-sols jeunes gens...

Nous savons tout juste que l'héroïne ouvrant le film vient étudier à New York. Après Suspiria se déroulant à Fribourg en Allemagne, nous voici dans le New York D'argento. Mais quelle est cette ville où le savoir et l'étude de la musique sont tournés en ridicule par le maître italien ?

Entrons plutôt au coeur de la demeure de la mère des ténèbres pour une overdose de sensations, laissons nous emporter par des mystères qui resterons énigmatiques , des jeux de lumières parfaits mêlant baroque et expressionnisme au service d'une esthétique pré-raphaélite.

Deuxième volet de la trilogie des sorcières (qui aurait peut être du rester un dyptique, à débattre), Inferno restera un objet troublant du cinéma à la fois formel et pur mais aussi injecté d'ésotérisme et de magie noire, en outre ici de cette science à cheval entre le Moyen-âge et la Rennaissance qu'est l'alchimie.

Nous pouvons y croiser des femmes typiques de l'héroïne gothique au physique diaphane, en longues robes blanches, à la psychée portée au tourment et à la curiosité livresque qui joue des tours.C'est alors que les multiples symboles abondent : Un porte clé à l'apparence serpentine tombe dans le sous sol inondé de la maison hantée, agissant comme un guide pour sa propriétaire qui sera confrontée alors a une peur primale qu'elle derva vaincre (ou non) au fond d'elle même.
Comment ne pas penser à une signification féminine des plus évidentes, mêlant cave, grotte humide et serpent?

On parle peu dans ce chef d'oeuvre; pendant que le spectateur regarde, les protagonistes pensent, questionnent mais ne parviennent pas à communiquer.La majorité du langage est opaque, fragmenté ou indirect.Que ce soit par téléphone ou par amplificateur de voix (Argento toujours au top des dernières technologies de l'époque), ce sont les couleurs et la musique qui signifient les états d'âme.

Que dire des meurtres? Le Giallo n'est jamais loin bien sûr, même si les mains crochues de sorcière remplacent un peu les gants de cuir, la façon de filmer le meurtre et le sadisme d'Argento sont des bijoux perverts du gore, et toujours ce sang que l'on confond avec la peinture ne font que confirmer l'amour pour les Beaux arts du réalisateur, je ne parle même pas de l'architecture qui est le seul personnage principal du film (n'en cherchez pas d'autres.)

Mini spoil :
Allez savoir pourquoi, en ce qui me concerne , le moment de cruauté suprême intervient avec l'assassinat des chats par noyade en sac.Insoutenable je vous dit. Le tueur voulait se cacher des regards, et bien personne ne l'entendra hurler à l'aide lorsqu'il se fera dévorer par les rats...et toc...Sous les bonnes hospices de mère nature qui nous offre une superbe éclipse.Je crie au génie du papa d'Asia.

Fin du mini spoil.

Nous ne seront jamais paisibles dans les lieux psychédéliques de Dario, Fribourg? Oubliez le charme des écoles de danse! New York? Même à Central Park le mal ronge! Rome? En voilà un réalisateur du pays qui fustige la capitale. Même dans Phenomena et les charmantes montagnes suisses vous dénicherez de belles horreurs; mais ça, Mary Shelley l'a fait avant ^^.

P.S.: Daria Nicolodi est toujours de la partie, elle me parait pas très "clean" dans ce film, avez-vous remarqué le subtil dialogue qui intervient au moment du dosage des piqûres? "Tout d'abord une dose de 200, puis 400...": Dario Argento ou la pausologie exacte d'une initition au L.S.D.Qui en doutait encore à l'époque? Remplacer les pochoirs par les seringues c'est plutôt malin !

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le 15 déc. 2011

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Ligeia

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