Il est curieux que cet incroyable Infernal Affairs soit sorti alors que les cadors hong kongais avaient fui depuis belle lurette leur pays pour se faire une carrière aux Etats-Unis.Un cinéma américain se nourrissant d'exotisme et qui, d'ailleurs, aura repris l'ensemble des codes asiatiques pour se renouveler.


De ce côté-ci de l'Atlantique, il aura fallu attendre deux années et la mode de l'épouvante et du thriller / polar made in Asia pour enfin envisager une sortie en salles en France. Mais à la sauvette, il ne faut pas rêver non plus, hein...


Scandaleux.


Quoi qu'il en soit, les rétrospectives ont cela de bon qu'elles permettent d'enfin rattraper ses carences et d'apprécier le goût inimitable des monuments sur grand écran. Et Infernal Affairs en fait à coup sûr partie. Merci à la ville d'Arras et à son Film Festival...


Parce que Infernal Affairs, c'est un délice de polar monté sur un rythme d'enfer, au son d'une bande originale formidable mettant l'accent sur l'aspect traditionnel de Hong Kong et scande un affrontement des plus fascinants dans son concept.


Les premières minutes du film séduisent immédiatement, tout en dessinant de manière efficace et alerte les quatre personnages principaux d'un récit riche et ciselé. Le plus évident, c'est ce duel entre Andy Law et Tony Leung, duel se nourrissant de l'ambiguïté feutrée de chacun des opposants qui ne font finalement qu'un seul et unique personnage, en quête de rédemption et d'une identité dont on l'a privé, engagé dans un combat pour rétablir sa réalité.


L'affrontement est mis en scène à distance, jouant à plein sur l'ambivalence et la psychologie de chacun ainsi que sur des contours parfois sinueux et âpres. Ce duel est un régal, d'autant plus qu'il souligne en plus d'une occasion l'instrumentalisation des deux infiltrés. Et leur mentor respectif d'imposer toute leur force tranquille et leur aura, tandis que Eric Tsang et Anthony Wong bouffent littéralement l'écran dès qu'ils apparaissent.


Nerveux et tendu, profond et bénéficiant d'un tempo savamment calculé qui emporte tout sur son passage, Infernal Affairs s'impose bel et bien comme un monument et ne se limite en aucun cas, malgré ce qu'a pu en dire une certaine critique imbécile, à un bête jeu du chat et de la souris. Ce serait à l'évidence en réduire l'impact que même le grand Martin Scorsese, malgré tout son génie, n'a pu approcher avec Les Infiltrés.


La preuve que ce Infernal Affairs fait bien partie des plus grands.


Behind_the_Mask, qui ne sait plus trop qui il est et attend le taupe départ.

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le 7 nov. 2018

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