Indiana Solo ou Han Jones
Non ça ne vaut pas 1, parce que 1 ce serait renoncer aux quelques rares bonnes choses de ce film parce que oui, il y en a. Mais bon dans un terme plus général, à peu près tout est à jeter, non ce n'est pas contradictoire !
Bon je vais commencer par énumérer les points positifs.
Tout d'abords, comme dans tous les Indiana Jones les décors et paysages sont tout bonnement magnifique, on reconnaît cet aspect authentique des monuments, des structures, des architectures, des découvertes, des objets et autres babioles qui font de la saga ce qu'elle est. Oui, étant gosse je m'émerveillais devant toute cette beauté visuelle et c'est un bienfait incommensurable de constater que cette beauté fut conservée, même 20 ans après. Et malgré que souvent, notamment lors des prises en premiers plans ou lors des incrustations d’effets spéciaux, les décors soient en cartons pâtes tout moches, lorsqu’il s’agit de prendre ce qui est propre à Indiana Jones sans utiliser la même technologie que l’époque, l’effet reste tout à fait honorable (même si on n’atteindra malheureusement pas ce qui a été fait auparavant dans la saga).
Deuxième point positif, le schéma typique des Indiana y est, le côté recherche archéologique et énigmes en langues anciennes est tellement fidèle qu’ils l’ont un peu trop usé, mais comme c’est la partie la plus fidèle, c’est aussi celle qu’on appréciera le plus, et à juste titre. Les traditions ne se perdent pas, et même si on est en droit de se dire qu’Indiana devrait commencer à prévoir qu’il va se faire trahir, on aime à constater que cela n’a pas changé.
Le jeu d’acteur est assez convaincant malgré la présence de Shia Labeouf (c’est moi ou il est roux dans le film ?). Harrison Ford n’a pas perdu le coup de fouet et c’est d’ailleurs très regrettable qu’il ne l’utilise pas autant que dans les précédents opus. Son ami Ox (John Hurt), joue également très bien, notamment le vieux paumé qui n’a plus toute sa tête, son rôle ne diffère pas tant que ça du vieux Ollivander finalement. Il en va de même pour le camarade professionnel de Jones (Jim Broadbent) que l’on ne voit pas longtemps mais qui joue son maigre passage à la perfection. Et enfin quant à Shia, hormis qu’il ait une coiffure ridicule et que c’est pitoyable cette façon qu’il a de se recoiffer, il jouait plutôt bien, en somme il parvenait à se mouvoir à la perfection dans le rôle d’un personnage parfaitement risible.
Le thème, ou le contexte, initial, bien que ne le connaissant pas moi-même (les crânes de cristal) était visiblement bien trouvé. Une légende comme une autre mais c’était largement plausible, dans la mesure où jamais on n’entrait dans la fiction. Là encore ces quête qui ont fait d’Indiana Jones la plus grande saga d’action-aventure fantastique a encore réussit à émouvoir les âmes faibles comme la mienne. Partir dans des pays lointain, franchir un tas d’épreuves en quête de réponses pour trouver un fabuleux trésor qui ne sera pas d’or et de diamants mais dont la valeur sera bien au-delà. L’histoire était effectivement très bien écrite sur ce point, et même si les histoires précédentes relevaient plus du fantastique que l’on attendait, celle-ci se défend honorablement.
Et enfin, John Williams toujours et encore à l’accompagnement, on ne s’en lassera jamais. Je pense que c’est ma drogue auditive et il est toujours selon moi le maître des baguettes, son talent reste inchangé.
Ce qui ne va pas en revanche, une foule de détails ainsi que tout le reste. À vouloir dépasser le stade de simple film d’action historique archéologique pour montrer qu’au cinéma la technologie à avancée, tout en conservant une part de fidélité et d’authenticité pour faire plaisir aux fans de la première heure et aux nostalgiques, on fait n’importe quoi au lieu de ne peut-être que se contenter de faire quelque chose de potable. Il ne faut jamais changer une recette qui a marché, pour des fans, en se disant qu’elle a fait son temps et qu’il faudrait un truc supra génialissime pour le grand retour d’Indiana Jones sur grand écran, car voilà ce qui arrive. Nous qui étions prêt à aller le voir, en sachant pertinemment qu’il ne serait pas aussi bon qu’il y a 20 ans et ne souhaitant pas non plus voir le film du siècle mais simplement le retour d’un des héros que nous chérissions le plus, au lieu d’être simplement heureux de revoir Indiana Jones sans être nécessairement euphorique ou gaga après le visionnage, nous étions finalement déçus. Je me rappelle d’ailleurs bien du jour où je suis allé le voir au cinéma, j’étais encore bien jeune et je savais déjà qu’il n’allait pas être bon, j’avais le pressentiment qu’il allait me décevoir, et, quand enfin il m’a déçu, je n’arrivais pas à concevoir de pouvoir dire du mal à l’encontre d’Indiana, c’était pour moi une vraie douleur, pardi, pourquoi avez-vous fait cela à Mr Jones ? Je vous déteste !
Bref, pour en revenir aux points négatifs donc, tout à l’heure j’ai dit que le schéma scénaristique typique des Indiana Jones était respecté, oui, mais le scénario restait incohérent pour tout un tas de raison, le coup du frigo, le magnétisme surpuissant et mal géré, Marion qui sort de nulle part avec le véhicule lors de la scène des fourmis, Shia qui imite Tarzan et les singes qui l’aident par la suite, survivre à 3 chutes d’eau consécutives (mais bon après le coup du frigo on ne s’étonne plus) et je ne parle pas de toute la fin qui n’a ni queue ni tête.
Même si les paysages sont magnifiques et les décors pour la plupart somptueux, subsistent quelques ratés qui font tâches, des décors un peu miteux qui ne sortent de nulle part et ternissent la beauté visuelle générale.
Enfin, je trouve que dans cet opus, notre cher héros a bien trop de chance, alors je sais bien que c’est du Indiana Jones tout craché, mais je trouve qu’ici ça fait un peu trop flagrant (les ennemis sont crétins et tirent comme des pieds, il jette le fusil par terre et explose le pied du type etc…). Il en va de même pour ses ennemis mayas qui sont devenus des ninjas, au revoir indiens reclus de tout qui vivez au rythme de vos envies, bonjour mondialisation des arts martiaux.
D’autre part, certaines scènes ne semblent être là que pour meubler, notamment celle des sables mouvants. Pour meubler et pour insérer une pointe d’humour. Certaines scènes fonctionnent bien et l’artifice ne se ressent pas, mais pour celle-ci en l’occurrence, sa mise en scène est bien trop évidente pour espérer que cela fonctionne une fois de plus. Cela va de paire avec certains dialogues désastreux qui ne veulent parfois rien dire mais donnent un genre au film (un mauvais genre) ou sont parfois niais et démodés d’époque.
Mais malgré tous ces défauts, on n’échappe pas au côté poignant de revoir Indiana, notre cher Indiana Jones et notre cher Harrison Ford à l’écran. Quoiqu’il en soit, et bien que j’en veuille aux cinéastes d’avoir bafoué l’honneur qu’avait Jones de nous avoir quitté avec 3 réussites, qui s’est désormais transformé en 3 réussites … puis un échec, je les remercie d’avoir pu nous offrir quelques nouveaux instants de bonheurs, et particulièrement l’avantage qu’il m’a été octroyé de pouvoir enfin le voir sur grand écran.
