Roland Emmerich a un souci qui perturbe beaucoup dans sa filmographie : tous ses films partaient sur une idée de SF ou catastrophe intéressante, mais jamais on ne lève la barre assez haut pour assister à un bon film. Et le meilleur exemple à prendre est Indepedence Day. Un film divertissant par son action à couper le souffle (bien plus belle à regarder que dans Armageddon) mais derrière tous ces effets spéciaux virevoltants, il n'y a pas grand-chose. Combats aériens rapides (mais mal mis en scènes et mal montés), destruction massive au spectacle ahurissant, Emmerich transcende véritablement la pellicule pour offrir une action sans concession. Malheureusement, les inepties scénaristiques se font rapidement sentir et mettent en lumière toutes les faiblesses du film. A commencer par la survie de certains protagonistes relevant purement et simplement d'une sorte de grâce divine et le patriotisme suant de chaque image demeurant de bout en bout exécrable, le film s’enlise peu à peu dans un pro-américanisme et un nationalisme de bien mauvais aloi. Ce ne sont pas tant les personnages qui sont énervants, mais leurs situations et leurs volonté de montrer que l'Amérique est un pays uni et terriblement puissant. De plus, Emmerich se permet quelques rigolades dans le film, à commencer par le chien de la famille de Will Smith, qui parvient à rendre plus important que sa femme et son fils. Et même si les personnages ne sont pas gonflants, ils restent tout de même très clichés : le savant fou, le héros militaire sans cervelle, qui se complète par le médecin qui réfléchit, le président ayant un passé militaire etc.. C'est un véritable assemblage que fait Roland Emmerich et c'est bien dommage car on y croit encore moins. De plus, l’œuvre emprunte bien des éléments aux œuvres SF passées, dont la tendance à la fierté nationale n’est plus à prouver. En outre, le film consiste en un clin d’oeil appuyé à Rencontres du troisième type (jeux de lumières pour communiquer avec le visiteur de l’autre monde et vannes foireuses du héros citant le titre du film de Spielberg ). Doté d’un casting assez cabotin malgré la bonne prestation des acteurs secondaires, Independence Day s’érige comme un modèle pour les blockbusters estivaux. Mais il ne parvient jamais à s'élever. Ainsi, il s'agit d'un film SF série B pas vraiment assumée, qui malgré une action omniprésente plutôt bien faite, ne parvient jamais à égaler ses modèles. A force d’inepties et de dialogues pas toujours bien sentis, le film démontre par A+B son simple rôle de divertisseur de foules. Mais en dehors de l'action, c'est profondément débile.