Dupieux n'a jamais cherché à faire illusion, on peut au moins lui concéder cela. Il n'a jamais eu besoin de regrouper une foule de documentation avant de plonger dans un projet comme Kubrick, Coppola etc... Quelques idées mises bout à bout et roule ma poule. Et il y va souvent. Il pourrait faire 1 film par mois si c'était possible. De qualité constante, car la force de son cinéma n'est pas l'écriture ou une réflexion poussée, mais l'ambiance, un casting, et une bande son. Il écrit un film comme on met sur le papier un rêve fait la nuit d'avant. Un cadre plus ou moins réaliste bouleversé par des éléments illogiques ou bizarres, et une absence de fin.

Une patte, qui contente à ses fans. Sa force aussi est sa place dans le cinéma français. Guère poussé dans ses retranchements par ses confrères de la comédie. Le gros du secteur se scinde en deux : d'un côté dans les comédies humanistes destinées à vendre le vivre ensemble, avec Marina Fois ou Podalydes, le plus souvent en directeur d'école ou éducateurs bougon mais humaniste, qui fait ressortir le meilleur de ses élèves, pourtant victimes du racisme systémique, et de l'autre côté les comédies dites beauf de droite avec Clavier ou Bourdon, en commerçants ou gérants de PME, bougons mais humanistes dans le fond, qui se retrouvent en opposition avec des aspects plus ou moins extrêmes de la modernité qu'ils finissent par apprendre à aimer (dès lors sont-elles vraiment des comédies réacs ?).

Le reste est une zone grise, où d'autres ovnis type Bruno Dumont, Delepine - Kervern, les frères Boukherma,... s'illustrent avec plus ou moins de succès. Et en l'absence de prédateurs plus dangereux, il prospère.

Avec Incroyable mais vrai, Dupieux fait donc un nouveau film avec seulement deux idées : celle d'une trappe temporelle dans une maison, et ... une bite "électronique". Si le film repose principalement sur la première idée, il faut avouer qu'elle n'est pas si dingue que cela. Les pièces secrètes ou magiques dans une maison, ce n'est pas une grande première, mais c'est de loin l'aspect le plus plaisant du film. Les dérèglements entraînés dans la vie du couple, parfaitement interprété par Chabat et Drucker, font tenir l'ensemble, mais peut aussi frustrer également.

Pour ce qui est de l'arc narratif (bien grand mot) de Magimel, il est bien désolant. Il s'en tire bien dans son rôle de beauf à moustaches. Mais cette histoire de bite connectée installée au Japon est vraiment un délire moyen de fumeur (l'énorme point faible récurent de Dupieux à mon sens). Au delà de ça, c'est surtout le cloisonnement des deux intrigues qui est dommage. Car cette histoire de trappe temporelle aussi séduisante soit-elle n'est absolument pas exploitée. C'est juste un point de tension entre le couple Chabat-Drucker. En ne partageant pas le secret avec Magimel - Dumoustier, Dupieux nous prive de l'usage pratique différent que cet autre couple aurait pu faire.

Bref d'un tas de possibilités, dont la simple perspective à dû fatiguer à l'avance le réalisateur. Je ne peux même pas me dire frustrer par ce choix assez rigide étant donné que j'ai bien conscience que Dupieux est partisan du moindre effort. Qu'il pose sa bizarrerie là, et ne compte rien en faire de spécial, ni même d'aller au bout de celle-ci.

Incroyablement vrai est une comédie bancale, courte et pourtant bourrée de remplissages. Les discussions allongées avec l'agent immo sont volontairement laborieuses, mais elles servent surtout à atteindre une durée d'exploitation raisonnable en salle. Difficile de détester, mais impossible à chérir. La seule présence de Chabat donne deux points de plus au film.

Et si Dupieux était en réalité un bon réalisateur de court métrage, mais pas plus ?

Negreanu
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le 6 févr. 2023

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Negreanu

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