In Search of Darkness
7.2
In Search of Darkness

Documentaire de David A. Weiner (2019)

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Comme n’importe quel fan de cinéma de genre ayant vu l'une des bandes-annonces d’In search of darkness, j’ai été très tenté par ce montage punchy qui accumulait les extraits de films d'horreur des 80's, avec un panel impressionnant de vedettes de cette période, le tout au rythme d’un morceau de retrowave.
Mais comme je le craignais, ce "documentaire" n’est qu’une succession d’anecdotes sur des films pris au cas par cas (et pas toujours les plus pertinents) plutôt qu’une étude approfondie du genre, une fois passée l'introduction où l'on évoque l’intérêt du cinéma d'horreur et, bien trop brièvement, le contexte socio-politique des 80's. Mais par la suite, on ne parle pas des films de manière analytique ou de sorte à les mettre en lien avec ce qui se passait dans le monde réel, quand bien même on nous disait au tout début que les films avaient un effet cathartique.
On a beau évoquer, entres autres, la mode de l'aérobic ou le problème du SIDA dans cette intro, il faut croire qu’elle n'a servi à rien, car on n’en profite pas plus tard pour parler de ces films d'horreur qui se moquent du culte du corps, ou même parler de la métaphore de l’épidémie dans The thing, où des hommes se contaminent entre eux.
C’est aussi là le problème de parler de films dans l’ordre chronologique, plutôt que de naviguer d'un thème à un autre.


On passe donc de film en film tout au long du docu, et même au sein des parties dédiées à un long-métrage en particulier, les témoignages et les infos sont très décousus, parce qu’il y a finalement un nombre trop limité d’intervenants par rapport aux œuvres abordées : il arrive même qu'il n’y ait qu’une seule personne capable d’évoquer un film précis, ce qui fait que le propos s’avère incomplet.
Très tôt, dès le second film abordé, on sent déjà toutes les limites d’In search of darkness, puisqu’aucun des intervenants n’a bossé sur le film en question, et ils ne font donc que balancer des infos qu’ils ont en tête et donner un bref avis personnel, ce qui est d'un intérêt limité.
La contrainte que le réalisateur du docu s’est imposé pour les œuvres abordées me semble aussi absurde : on ne parle que des films de 1980 à 1989, et rien en-dehors de cette période, hormis lors de brèves évocations. Comme si cette délimitation par décennie avait un sens, comme si les longs-métrages de cette époque ne faisaient pas partie d’une continuité, par rapport à ce qui s’est fait avant ou après.
Du coup, Halloween de Carpenter est évoqué maintes fois, mais puisqu'il date de 1978, on ne se permet de ne parler de la saga qu’à partir d’Halloween 2.
Et alors que le sous-titre du docu proclame "A journey into iconic 80's horror", il y a une autre limite implicite imposée dans le choix des films : uniquement du cinéma Américain ! Et bien qu'on évoque par exemple le giallo lorsque ça a un rapport avec un des films abordés, on n'en parle pas plus que ça, on n'en montre même aucun extrait. Comme si les films d'horreur Américains entre 1980 et 1989 étaient une espèce à part entière, sans aucune influence extérieure à cette zone temporelle et géographique.


Les œuvres sélectionnées sont aussi discutables, en sachant qu'il a fallu en choisir un nombre limité ; il y en a qui n'ont vraiment aucune importance, comme Fade to black. Qui en a quelque chose à faire de Fade to black ? Ce film n'est pas bon et n'a pas la moindre importance dans l'histoire du cinéma d'horreur ; en plus il n'y a qu'un seul intervenant pour en parler, et bien entendu, il ne dit rien de bien pertinent dessus. C'est à se demander pourquoi ça a été gardé au montage.
A côté de ça, sur les films les plus emblématiques, il n'y a rien d'intéressant ou de nouveau, soit parce que les anecdotes racontées ont déjà été entendues maintes fois, soit parce que les intervenants se contentent trop souvent de décrire des séquences que tout le monde a vu (quand ils ne résument pas l'intrigue entière !), tout ça pour parler de leur passage préféré dans tel ou tel film et l'effet que ça a eu sur eux. C'est du genre "Quand j'ai vu la tête exploser dans Scanners quand j'étais gamin, c'était incroyable, Cronenberg ne rigole pas !"
Quand je regarde un docu, j'ai pas envie d'entendre ce que pourrait me fournir n'importe quel échange basique avec un autre cinéphile.
In search of darkness est un documentaire qui, paradoxalement, est destiné aux fans de films d'horreur... et qui n'a aucun intérêt pour le fan de film d'horreur moyen, qui connaît ses classiques.


Que ce soit dans la façon d'enchaîner les sujets ou le montage, ce documentaire manque de structure ; il y a toujours la même transition entre les films : un tas d'affiches avec un zoom qui se concentre sur l'une d'elles, puis un extrait du trailer correspondant, où l'on entend le titre de l'oeuvre abordée. C'est d'une répétitivité lassante et ça fait perdre du temps : on n'a pas besoin de ça pour savoir à chaque fois de quel film il est question.
Et entre chaque année de la décennie 1980, il y a une partie séparée pour parler des VHS, de la figure du méchant, du maquillage, etc... ce qui montre encore la paresse de la structure et le manque de liant entre les sujets et films traités.
Autant voir d'autres docus entièrement dédiés à ces sujets précis, qui en parlent autrement mieux, comme "Révolution VHS" ou "Le complexe de Frankenstein".
Et une fois arrivé au dernier film de 1989, à savoir Society (une œuvre pas particulièrement symbolique de la fin d'une époque ou quoi, encore une fois ça a dû être choisi au hasard), on nous indique une nouvelle partie avec quelques mots de conclusion des intervenants, et voilà.


Pour moi ça n'est pas du documentaire, on n'apprend pas grand chose, c'est chiant (au bout de 15-20mn je m'ennuyais déjà), et on dirait juste une compilation d'extraits de making of de différents films, mis bout à bout.
Comme un con, j'avais pas fait le lien avec "In search of the last action heroes", qui avait déjà les mêmes soucis, et qui... a des producteurs communs avec "In search of darkness". Je pensais pas qu'ils faisaient toute une série ; si j'avais su, je n'aurais pas regardé ce second docu.
Ca me désole qu'ils soient sur une lancée et qu'ils prévoient déjà "In search of tomorrow" sur le cinéma de science-fiction (je vous prédis que ça sera que des films des 80's et américains), à chaque fois ils annoncent faire le "documentaire ultime" sur un genre cinématographique et ça n'est qu'une imposture. Le résultat est paresseux, mais étant donné qu'ils ne se penchent que sur du cinéma de genre, il y a un aspect fédérateur auprès des adeptes de ce type de films, et il y aura encore des gens pour les suivre.

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le 29 juin 2020

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