Tout a déjà été dit sur cet admirable western crépusculaire où Eastwood prend à revers son personnage de cow-boy solitaire et viril pour incarner un vieux fermier père de famille gravement attristé par la perte de sa femme, mais on ne peut se lasser d'en parler encore et encore.
Si le film est dédié à Sergio Leone et à Don Siegel, les deux mentors du cinéaste-acteur, le style d'Impitoyable et surtout le contenu de ce dernier contrastent par rapport aux films des deux premiers. Ici, les scènes d'actions se font rares, le personnage qu'incarne Eastwood est vieillissant et ne sait plus tirer ou monter sur un cheval. Mais c'est précisément en montrant les faiblesses de William Munny qu'Eastwood apporte une once d'humilité à son personnage qui apparaît dès lors touchant et c'est bien là que s'opère le contraste avec les premiers westerns dans lesquels il a joué et qui lui ont permis de devenir ce qu'il est aujourd'hui.
La finesse et la transparence du montage, comme c'est le cas dans un bon nombre de ses films, nous transportent à l'intérieur de l'histoire alors même que les scènes d'actions ne prédominent jamais. Autre nouveauté inoubliable : s'attacher aux personnages secondaires sans que toutes les séquences soient fondées sur Munny. Et quels personnages secondaires ! Hackman, Harris, Freeman sont splendides dans ces seconds rôles qui incarnent et déjouent dans le même temps les codes du western. Pourtant, même si les séquences sont longues, que les conversations sont plus fréquentes que les actions, Eastwood réussit tout de même à créer le suspense et c'est bien là son génie.
En outre, Impitoyable est un hommage aux westerns qui ont créé Eastwood mais la brillante idée du cinéaste n'est pas de les recopier mais bien au contraire de s'en dégager pour créer un western noir où tuer des gens n'a plus rien de glorieux.