Le carton initial nous vante les mérites d’une terra incognita sur laquelle l’homme, qui maitrise le monde entier, n’aurait jamais mis les pieds. La chute, lubitschienne au possible, nous montre la porte des « Ladies room ».
Une fois encore, il s’agit de mettre en scène la comédie perpétuelle des hommes et des femmes pour tenter de se comprendre, se défier et se reconquérir. Sous les vertiges tamisés de la psychanalyse, de l’art contemporain et de la libération sexuelle, Lubitsch fait tourner son monde avec un peu moins de vivacité qu’à l’accoutumée.
Les principes fondamentaux de sa comédie sont pourtant bien convoqués : une tendresse pour les orgueils et les petites failles de ses personnages, des mots clés (à votre santé en hongrois, le « kiks » dans le ventre) et des références assez drôles à Kafka devenue un grand patron du matelas, ou Hitler parodié par un « Heil Baker » censé signifier la reprise en main du couple par Mr Baker lui-même.
L’exploration du récit concerne avant tout la mise en scène : comment constater un parfait divorce devant témoin, comment feindre une maitresse dans la chambre d’à côté pour mieux reconquérir son épouse. Très proche de Marivaux, et vu isolément, le film serait plutôt une bonne surprise. Lubitsch compose une partition plutôt plaisante, mais qui n’a pas le rythme de ses chefs d’œuvres et manque de ce pétillant qui le caractérise.

http://www.senscritique.com/liste/Cycle_Lubitsch/485985
Sergent_Pepper
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Comédie, Vus en 2014, Cycle Lubitsch et Les meilleurs films de 1941

Créée

le 12 juin 2014

Modifiée

le 12 juin 2014

Critique lue 703 fois

19 j'aime

3 commentaires

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 703 fois

19
3

D'autres avis sur Illusions perdues

Illusions perdues
EricDebarnot
7

Un Lubitsch mineur, mais édifiant !

"Illusions Perdues", rarement cité parmi les films favoris de Lubitsch permet néanmoins au fan de comédies intelligentes qui sommeille en chacun d'entre nous de retrouver l'éclat de la fameuse...

le 20 sept. 2016

6 j'aime

Illusions perdues
constancepillerault
6

Critique de Illusions perdues par constancepillerault

Un Lubitsch mineur, à cause d'une intrigue qui patine un peu, après un début assez enlevé. La faute sans doute à la pièce adaptée, une pièce de Victorien Sardou, (1831-1908) , Divorçons, datant de...

le 1 févr. 2021

5 j'aime

1

Illusions perdues
Alligator
8

Critique de Illusions perdues par Alligator

J'ai beaucoup aimé. Je me hâte de l'écrire parce que ce que je retiens avant tout du film ou disons plutôt ce qui me vient immédiatement à l'esprit à la fin du film c'est l'espèce de misogynie qui...

le 15 févr. 2013

5 j'aime

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

764 j'aime

103

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

698 j'aime

49

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

612 j'aime

53