Il m’est toujours difficile de garder un regard objectif sur Il était une fois en Amérique. Découvert pour la première fois, il y a maintenant 5 ans, dans une petite chambre du sud de l’Angleterre, il fut pour moi, un élément fondateur de ma passion pour le cinéma.

Quand on évoque Sergio Leone, il n’est pas rare d’entendre les gens parler de ses fameux westerns spaghettis, et à juste titre, tant ces derniers sont fabuleux pour un tas de raisons, maintes fois rabâchées, mais qui ne sont pas l’objet de cette critique.

Car justement, je trouve que c’est faire du tort à l’immense dernière œuvre de Leone, qui touche en « Il était une fois en Amérique », des sommets très peu atteints en matière de cinéma. Alors pourquoi ce film est-il le plus beau de son auteur et accessoirement, l’un des plus beaux de ces trente dernières années ?

Leone est réputé pour sa réalisation, ses plans très longs et serrés qui permettent de faire durer la scène et en tirer toute l’émotion possible. Toute cette flamboyance est de mise pour « Il était une fois en Amérique » et s’inscrit dans une reconstitution de la Grande Amérique des années 30, celle de la prohibition et de l’âge d’or du gangstérisme. On y suit le parcours de Noodles et de ses amis à travers 50 ans de vie, d’amitié, d’amour, de trahison. C’est le film d’une vie, de la mémoire d’un homme sur les traces de son passé et qui tire un bilan de ses relations, de ses succès et échecs passés. Jamais un film ne se sera autant intéressé au destin d’un homme et Il était une fois en Amérique par son foisonnement romanesque et une musique d’Ennio Morricone sublime (le compositeur signe lui aussi sa meilleure partition, le thème principal ainsi que celui de Deborah sont à pleurer) offre des personnages forts, complexes et terriblement attachants.

C’est donc à ce titre, le meilleur film de gangster puisque paradoxalement, il n’en est pas un. Leone élargit son propos car son but est de filmer l’évolution d’un homme et le gangstérisme n’est que la forme choisie pour raconter son histoire. Il est évident que ce choix n’est pas anodin non plus et s’inscrit dans un certain classicisme, les histoires de gangsters sont propices à rendre la dramaturgie plus riche et les enjeux plus important.

Il faut également parler de Robert De Niro, immense acteur et définitivement l’un des plus grands acteurs de tous les temps. Il offre une prestation bien plus sobre, propice à son personnage, très différente de celles qu’il aura chez Scorsese.

J’ai toujours trouvé que je parlais mal de mes films préférés mais je ne peux qu’inviter les lecteurs de cette critique à se plonger dans cette œuvre majestueuse, ce parcours initiatique de 3h40. Regarder le, sa place est tellement importante dans l’histoire du 7ème art, car au-delà d’être un film d’une vie, c’est un film sur la vie.

« - Qu’as-tu fait pendant toutes ces années, Noodles ?
-Je me suis couché tôt »
Tanguydbd
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le 30 juil. 2012

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Tanguydbd

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