À la manière des sagas Harry Potter, Twilight et bientôt Divergent, le dernier bouquin Hunger Games se retrouve découpé en deux longs métrages. Un choix mercantile qui en frustrera plus d’un mais qui, paradoxalement, donne une saveur inédite à ce troisième volet.


Bien que plus abouti que son prédécesseur, le deuxième Hunger Games se contentait grosso modo de replonger Katniss et Peeta dans l’arène en usant d’un prétexte un peu grossier : les Jeux de l’Expiation qui ont lieu tous les 25 ans (quelle coïncidence). L’occasion de faire s’affronter des survivants des précédentes éditions, comme dans Les Anges de la téléréalité.


Fort heureusement, La Révolte ne nous propose pas une troisième version de l’arène. Pas dans sa première partie en tout cas. Sauvée par les rebelles du District 13, Katniss (Jennifer Lawrence) se voit proposer d’endosser le rôle du « Mockingjay », symbole de la rébellion contre le Capitole. Elle commence par refuser, obnubilée par le sort de son amoureux Peeta (Josh Hutcherson), toujours prisonnier de l’ennemi. Évidemment, comme vous avez tous vu les posters promo avec Jen dans sa combi de Geai Moqueur, vous vous doutez qu’elle finit par accepter son destin. Commence alors une guerre des images entre les rebelles et le Capitole…


C’est sans doute l’élément le plus savoureux du film : les coulisses de la propagande mise en place par les rebelles, avec la complicité de Katniss. Pas très douée pour haranguer les troupes dans un spot tourné sur fond vert (enfin, il n’est pas vert, mais vous voyez l’idée), notre héroïne est finalement envoyée à la rencontre de civils victimes de bombardements afin de la rendre plus convaincante. De quoi fournir la matière pour une superbe vidéo anti-régime, pas vrai ? Et ça marche, puisqu’on assiste ensuite à des missions presque kamikazes visant à affaiblir le Capitole qui, de son côté, tente de décourager les rebelles en diffusant des entrevues télévisées de Peeta appelant à la paix. Est-il manipulé ? A-t-il retourné sa veste ? Pense-t-il qu’une paix sous une dictature vaut mieux qu’une guerre perdue d’avance ?


Vous avez bien lu, La Révolte soulève quelques questions éthiques pas piquées des vers. Avec de gros sabots pleins de paille, certes, m’enfin ça fait quand même bien plaisir, surtout dans un film aussi grand public que celui-là.


Blockbuster adolescent oblige, ce Hunger Games déploie quelques efficaces scènes d’action (l’opération de sauvetage nocturne, par exemple), mais ce n’est pas forcément elles qu’on retiendra. En effet, le film préfère s’attarder sur les états d’âme de ses personnages, à commencer par ceux d’une Katniss particulièrement fragile et tourmentée dans cet épisode, malgré le soutien indéfectible que Gale lui porte (Liam Hemsworth, le beau-gosse de service). Traité avec une certaine pudeur, le fameux triangle amoureux passe au second plan, l’essentiel étant pour l’héroïne de digérer son passé et de trouver la bonne marche à suivre pour aider la rébellion tout en sauvant les fesses de Peeta (le beurre et l’argent du beurre quoi).


La scène-clé où l’héroïne chante sa mélancolie au bord du lac en mode Disney aurait pu instantanément tourner au ridicule… sauf que non, c’est franchement réussi. Je prédis un album soul de Jennifer Lawrence en 2018.


Les fans de castagne et de courses-poursuites devront donc prendre leur mal en patience… Pendant tout le film, le spectateur a l’étrange (mais pas désagréable) sensation d’assister au calme avant la tempête qui, à n’en pas douter, déferlera dans le quatrième et ultime volet.


Ce que les détracteurs du film ne manqueront pas de qualifier d’« introduction de deux heures » permet de prendre un peu de recul sur l’univers de Hunger Games et d’installer une ambiance crépusculaire assez inattendue. En revanche, le petit rebondissement final tombe à plat. Du coup, la conclusion manque clairement de panache et peine à cacher la coupure artificielle réalisée au milieu du roman… Qu’importe, ce troisième volet s’avère tout de même une sacrée bonne surprise et offre à la licence une certaine maturité.


(http://www.dailymars.net/critique-de-the-hunger-games-la-revolte-partie-1-de-francis-lawrence/)

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le 26 nov. 2014

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Arthur Bayon

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