« Que les 75e Hunger Games commencent. Puisse le sort vous être favorable. »



  • J’ai un problème Mlle Everdeen, un problème depuis que vous avez sorti les baies empoisonnées dans l’arène. Si le Haut-Juge Seneca Crane avait un brin de cervelle il vous aurait fait exploser sur le champ. Mais vous êtes là aujourd’hui et vous pouvez deviner où il se trouve lui. Après cet épisode je n’avais plus qu’à vous laissez jouer votre petit jeu. Vous avez été parfaite dans le rôle de la jeune lycéenne éperdument amoureuse. Impressionnante. Vraiment. Les habitants du Capitole ont tout gobé. Mais ceux des Districts on vu ça comme une menace. Car si une jeune fille du District 12 peut impunément défier le Capitole, qu’est ce qui pourrait les empêcher de faire pareil ? Qu’est ce qui pourrait empêcher un soulèvement ? Qui mènerait à une révolution. Et en quelques instants tout le système s’effondre.

  • Bien fragile ce système s’il s’effondre pour quelques baies.

  • Il est fragile, oui, mais pas comme vous l’imaginez.

  • Comment devrais-je l’imaginer ?

  • Imaginez des milliers de vos concitoyens mort. Votre village en cendre. Radioactive. Enterré à tout jamais comme le District 13. Vous avez durement lutté pendant les Jeux Mlle Everdeen, mais c’était des Jeux… Voulez-vous une guerre ?

  • Non

  • Tant mieux. Moi non plus.




Virevolte cinématographique !



Hunger Games : L'Embrasement, est l'adaptation cinématographique du second tome de la saga de roman de Suzanne Collins, réalisé par Francis Lawrence en remplacement de Gary Ross, cinéaste du premier opus. Un film de science-fiction dystopique dans lequel l'on retrouve Katniss Everdeen (Jennifer Lawrence) et Peeta Mellark (Josh Hutcherson) du District Douze, gagnants des 74e Hunger Games. Le couple vedette est contraint d'effectuer la tournée des vainqueurs à travers tous les districts de Panem. Un rite obligatoire qui va conduire le duo dans un piège orchestré par sa diabolique Majesté : le Président Snow (Donald Sutherland), accompagné du nouveau haut-juge Plutarch Heavensbee (Philip Seymour Hoffman). Un traquenard qui plonge le binôme dans un nouvel Hunger Games, celui de l'Expiation : qui se tient tous les vingt-cinq ans et confrontent 24 anciens vainqueurs. Un bon moyen pour le Capitole d'éliminer la coqueluche des Douze Districts sans en faire un martyr et ainsi étouffer la rébellion. Une suite qui améliore amplement à tous les niveaux son prédécesseur à travers une conception plus sombre, intelligente et radicale.


Le cinéaste frappe fort en délivrant une histoire beaucoup plus intéressante de par l'élargissement de sa trame de fond, qui va explorer davantage son cadre despotique en abordant des thèmes importants autour de l'oppression et du désespoir vilipendés par le Capitole sur l'ensemble des Districts. Le jeu de dupes orchestré par le Président Snow qui oblige Katniss à faire ce qui est nécessaire pour tenter d'éteindre la rébellion dont elle est en train de devenir le symbole est particulièrement malsain. Katniss doit durant la tournée des Districts démontrer qu'elle file le parfait amour avec Peeta et qu'elle est reconnaissante envers Panem, et plus particulièrement le Capitole. Un coup de maître de la part de Snow qui va retourner contre Katniss sa propre arme qui lui a permis de survivre au 74 ème Hunger Games : "son amour fictif avec Peeta". Seulement, la fille du feu et le symbole du geai moqueur qui la caractérise prend de l'ampleur à mesure que la rébellion gronde. Une révolution croissante qui va se payer dans le sang par le biais d'une exploration dramatique saisissante implacable qui démontre avec intelligence les excès tyranniques du pouvoir en place ainsi que la corruption des médias. Un contexte étonnamment convaincant qui réussit à traiter avec gravité et maturité son sujet tout en parvenant à introduire un triangle amoureux entre Katniss, Peeta et Gale Hawthorne (Liam Hemsworth). Une romance raisonnable propulsée vers une orientation sage qui trouve son équilibre dans un scénario réfléchi. Une histoire autant passionnante que grave pour une satire sociopolitique convaincante sur un divertissement distrayant. 


Francis Lawrence apporte une excellente expérience cinématographique qui améliore et corrige les problématiques techniques du premier film sous la direction de Gary Ross. Terminé la caméra tremblante et engorgée d'idées régressives autour d'une violence non assumée. Sans partir dans une profusion d'ultra violence sanguinaire, le réalisateur met en boîte un Hunger Games convaincant via des confrontations haletantes sous un rythme dans l'ensemble bien dirigé, malgré quelques petits ventres mous. La compétition ne ressemble pas à la première ce qui lui permet de ne pas être dans une répétition facile. Un savant mélange entre l'action, le drame, le mystère et les sensations fortes électrisantes. La direction artistique de Philip Messina est soignée avec des détails qui se conjuguent efficacement avec les décors de John Collins. Un agencement plus ambitieux et considérable d'un environnement hostile qui favorise un théâtre d'action efficace. Une nouvelle arène intrigante qui prend la forme d'une horloge géante qui réserve de nombreux dangers. À cela s'ajoutent des effets spéciaux beaucoup plus solides auxquels on dit adieu aux chiens mutants dégueulasses de l'opus précédent, et bonjour aux chimpanzés de la mort. Les costumes signés Liz Vastola gagnent en minuties avec une attention appréciable. La composition musicale de James Newton Howard offre quelques titres tendus satisfaisants bien qu'aucun ne soit ineffaçable.




  • Je suppose qu’on ne se tient plus tous par la main. [Rires]

  • Tu trouves ça drôle ?

  • Chaque coup de canon est une douce mélodie à mes oreilles. Je m’en moque, d’eux.

  • Bon à savoir.



Les séquences mémorables s'enchaînent et se conjuguent habilement avec des moments beaucoup plus durs et dramatiques dont quelques scènes (beaucoup plus rares) légères très amusantes : comme la scène mortelle dans l'ascenseur. Un instant amusant avec le strip-tease de Johanna Mason (Jena Malone), sous les regards excités de Peeta et Haymitch Abernathy (Woody Harrelson), et le regard agacé de Katniss. Le discours du président Snow annonçant l'Expiation est sensationnel. Une grande séquence d'exposition dans laquelle l'on voit la puissance du Capitole qui n'est pas sans rappeler la puissance du Reich et des nazis. Un contraste frissonnant pour un discours déterminant : un grand moment, à l'origine d'une atmosphère grave, malheureuse et endeuillée.

« Aujourd'hui, pour ce 75e anniversaire de la défaite de la rébellion, nous allons célébrer les troisièmes jeux de l'Expiation, afin de vous rappeler que même les plus forts ne peuvent l'emporter face au pouvoir du Capitole. Pour ces troisièmes Jeux d'Expiation, les tributs mâles et femelles seront moissonnés parmi les vainqueurs survivants de chaque district. »
[ Note à part : je n'avais jamais fait attention à quel point est-ce que le film Star Wars 7 Le "Réveil de la force" pompe sur cette séquence lors du discours de Hux devant les troupes de l'Empire avant qu'il n'utilise le rayon destructeur de planètes. Décidément ce film n'a rien pour lui. ]
La confrontation contre les chimpanzés est excellente, celle avec le brouillard empoisonné particulièrement stressant, les rebondissements sont nombreux. Le final est à la hauteur, bien que l'on soit surpris par une coupe finale brutale inattendue, qui cependant colle avec le contraste de l'action.


Les personnages font la force de ce second opus avec des performances remarquables sur des interactions captivantes qui offrent une mouvance dramatique nécessaire à la réussite du périple. Des protagonistes déprimés, dépités et découragés que la distribution porte avec conviction. Jennifer Lawrence en tant que Katniss est une fois encore engageante et convaincante. Elle est tout du long dépassée par le symbole de résistance qu'elle représente. Ne voulant être responsable de la mort du peuple prêt à la suivre, elle refuse dans un premier temps d'assumer son rôle. Finalement, sa détermination alliée à un entourage décidément utile va lui permettre de s'afficher comme le véritable symbole de la révolution. La compassion qui anime la fille du feu offre une émotion authentique à cette figure féminine. Le reste du casting est très bon avec Josh Hutcherson pour Peeta qui s'assume beaucoup plus, Liam Hemsworth en tant que Gale qui prend un plus de place, Woody Harrelson pour  Haymitch qui est bien plus utile, et même la comédienne Elizabeth Banks pour Effie Trinket, moins superficielle et insupportable. Stanley Tucci sous les traits de Caesar Flickerman, le présentateur vedette du Hunger Games, est une fois encore fantastique. Bien que moins présent il marque une fois encore l'attention dès son arrivée sur scène, avec un sourire qui veut tout dire. Donald Sutherland en tant que Coriolanus Snow, casse à nouveau la baraque par une interprétation sobre et charismatique. Il est le symbole du mal et porte en lui les convictions profondes d'un monde de droiture où le libre arbitre doit être contenu pour garder la population sous contrôle. Les dialogues qui l'illustres marquent à chaque fois avec des petites phrases qui vous font comprendre à quel point il est dangereux.
 


Le nouveau casting est un véritable régal. Que du positif de ce côté. L'excellent Jeffrey Wright est de la partie en tant que Beetee Latier, tribut du District Trois et ancien vainqueur des Hunger Games. Un personnage énigmatique mais sympathique expert dans le domaine de l'électronique. Il fait équipe avec Wiress par Amanda Plummer, également tribut du District Trois et ancienne championne des Jeux. Philip Seymour Hoffman pour Plutarch Heavensbee est crédible en tant que nouveau Haut Juge en remplacement du regretté Seneca Crane. Parmi les excellentes surprises on retient le comédien Sam Claflin pour Finnick Odair, tribut du District Quatre, gagnant (à seulement 14 ans) des 65e Jeux. Un nouveau venu solaire, charismatique et douteux autour duquel l'action s'articule régulièrement pour un maximum de substances. Un protagoniste au potentiel riche que j'ai hâte de retrouver pour la suite. Il est accompagné de son maître "Mags" qui pour sauver Annie Cresta s'est portée volontaire pour être le tribut du District Quatre. Mags par l'actrice Lynn Cohen, en tant que gagnante de la onzième édition des jeux est un élément attachant bien qu'inutile. Mon coup de cœur va à la comédienne Jena Malone, qui incarne la survolté et impétueuse Johanna Mason. Originaire du District Sept ayant remporté la 71e édition des Hunger Games, Johanna est un élément explosif qui amène beaucoup de vitalité au récit. Un spin off avec Johanna accompagnée de Finnick aurait été mortel. Malgré son rôle secondaire elle marquera plus d'une fois le récit autant par l'action que son attitude rebelle et emportée qui lui vaudra quelques citations marquantes, comme lorsqu'elle est sur scène et qu'elle s'adresse au public du Hunger Games sous la direction de Caesar.
« - Nous avons vu beaucoup de larmes ce soir, mais je n'en vois aucune dans les yeux de Johanna. Johanna, tu es en colère. Dis-moi pourquoi.
- C'est vrai, oui, je suis en colère. Je trouve ça hyper injuste de me retrouver ici. Le deal c'était qu'en gagnant les Jeux, j'aurais tout le loisir de vivre le reste de mes jours en paix. Mais aujourd'hui, vous voulez encore me tuer. Hi ! Hi ! Hi ! Vous savez quoi ? JE VOUS EMMERDE ! ALLEZ TOUS VOUS FAIRE FOUTRE ! J'EN AI RIEN À CARRER DE CE QUE VOUS AVEZ À DIRE  !
- Bon. Bien. Le point de vue d'une dame.



CONCLUSION :



Hunger Games : L'Embrasement, second opus adapté du roman de Suzanne Collins, est une science-fiction dystopique réalisée par Francis Lawrence, qui propose une suite en tout point supérieur au support original. Un retour qui frappe fort à travers une distribution investie pour des personnages saisissants qui s'articulent autour d'une technicité aux p'tits oignons. Un univers captivant dans lequel on assiste à la prise de pouvoir de Katniss, alias le geai moqueur, en tant que symbole de la résistance contre le Capitole.


Un maximum de réflexion pour un maximum de divertissement par le biais d'une satire sociopolitique qui ne plaisante pas.



Oui, les gagnant sont les plus forts d’entre nous. Ceux qui ont survécu à l’arène, échappé au collet de la pauvreté qui étrangle le reste de la population. Ils sont, ou plutôt nous sommes, l’incarnation de l’espoir dans un monde sans espoir. Et voilà que vingt-trois d’entre nous vont mourir afin de montrer que cet espoir n’était qu’une illusion.


B_Jérémy
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le 14 juil. 2022

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