Post-apocalyptic teenage dream

Film étrange et schizophrène aux changements d'ambiance dignes d'une adolescente pubère (c'est plutôt cohérent avec le sujet du film remarquez), difficile de recommander How I Live Now, et en même temps difficile de ne pas le recommander.
Parce que les principaux défauts du film sont je pense imputables au matériau initial, le livre, que je n'ai pas lu mais qui transparaît plutôt bien au travers de son adaptation, et qui manifestement surfe à plein sur la vague des teen dramas à haute teneur en science-fiction, violence, sexe et mormonisme. Il y a sur cet aspect quelques bonnes idées bien senties (une héroïne psychorigide, de l'anticipation bien ancrée et pas kitsch comme Hunger Games), qui finissent par être taries par une condescendance et une morale bas de plafond (hi hi en fait vivre à la campagne c'est trop cool, j'étais vraiment trop idiote avec mes tocs de fille de la ville). On va dire qu'il s'agit de passages obligés dans le cadre de ce genre littéraire, si ça fait rêver les jeunes filles en fleur après tout pourquoi pas.
Les qualités du film sont elles en revanche faciles à imputer à Kevin MacDonald, dont le talent n'est plus à démontrer en matière de mise en scène et de direction d'acteurs (Le Dernier Roi d'Écosse, c'est lui). Le réalisateur parvient à développer une ambiance vraiment glaçante pour un simple film d'ados, en dépeignant une campagne anglaise en pleine apocalypse (bon point d'ailleurs de situer l'action avant, pendant et après qu'une bombe nucléaire ait ravagé Londres) avec un réalisme effrayant (la séquence du nuage de poussière est à ce titre à tomber sur le cul, frissons garantis) et sans concession au niveau de la violence notamment. C'est la plupart du temps bluffant et ça m'a rappelé les meilleurs moments de Children of Men, Monsters ou Soleil Vert. Entre ces séquences à l'impact fort (elles sont nombreuses) sont entrecoupées des séquences oniriques et introspectives de la part de l'héroïne destinées semble-t-il à saboter tout le boulot effectué jusqu'alors. Je passerais volontiers l'éponge sur l'amourette entre deux cousins, même vaguement éloignés, mais les délires prémonitoiro-télépathiques, très peu pour moi, surtout quand rien ne semble vraiment le justifier au sein du film. Heureusement, la conclusion s'éloigne des poncifs du genre pour proposer quelque chose de différent et finement joué, rien qui ne puisse cependant atténuer l'aspect foutraque de l'oeuvre.
Ce qui est dommage, forcément, puisque la puissance du film s'en retrouve fortement diluée, avec un récit au postérieur allègrement positionné entre deux chaises, entre le post-apocalyptique pour nerds et le teenage drama pour lycéennes. Malgré cela, on retiendra quelques éléments vraiment dignes d'intérêt : la musique, signée Jon Hopkins, très réussie, les acteurs délivrant une prestation plus que solide, la photographie, la mise en scène. Des qualités avant tout techniques qui ne parviennent malheureusement pas à faire oublier un scénario en demi-teinte qui ne sait pas trop où est sa place. Si vous avez un attrait particulier pour les ambiances post-apo léchées (la campagne anglaise se prête bien à ce genre de cliché), How I Live Now mérite le coup d'œil, mais gardez à l'esprit que quelques grosses aberrations risquent fortement de s'incruster pour vous pourrir l'expérience).