The Brion Show

Après House et House II, j’allais forcément vous parler de House III qui à vrai dire… ne fait pas réellement partie de la saga House. Selon Sean S. Cunningham, réalisateur de Vendredi 13 et producteur sur la saga House, le film devait effectivement au départ s’appeler House III, mais le nouveau distributeur, MGM, jugeant les premiers films un peu trop ringards, voulait un nouveau départ avec une nouvelle série potentielle et un nouveau méchant emblématique. Le scénario du film a donc été modifié pour refléter la nouvelle approche et le film a été rebaptisé The Horrow Show pour la sortie aux États-Unis, bien que le titre House III ait été conservé pour le marché non américain. Pourtant, que ce soit au niveau du thème ou de l’intrigue, le film n’a aucun rapport avec les deux premiers House, alors pourquoi l’avoir appelé comme ça pour l’international ? Pour surfer sur le succès des deux premiers en vidéoclub ? Possible. Une chose est sûre, c’est que, même si la proposition est très différente et que les critiques ont été extrêmement négatives à sa sortie, House III est pourtant un très chouette film très ancré dans son époque.

Ce House III est beaucoup plus sérieux que les deux premiers films qui versaient énormément dans la comédie. Ici, nous sommes dans un film d’horreur psychologique et surnaturel, très premier degré, avec un ton assez sombre. Le film fait partie d’une petite vague de films d’horreur mettant en scène des meurtriers qui reviennent d’entre les morts après avoir été exécutés sur la chaise électrique. Des films comme Prison (1987) de Renny Harlin, Destroyer (1988) de Robert Kirk, Shocker (1989) de Wes Craven ou encore Le Premier Pouvoir (1990) de Robert Resnikoff s’inscrivent également dans cette tendance. House III est réalisé par James Isaac, protégé de David Cronenberg, spécialiste des effets spéciaux (il a notamment bossé sur La Mouche, Les Gremlins, Existenz, …), qui signe ici son premier film après que David Blyth (Angel Mine, Death Warmed Up) ait été renvoyé après une semaine de tournage pour désaccord de point de vue. James Isaac aime le gore, comme le prouvera la suite de sa filmographie (Jason X, Skinwalkers) et le premier jet de ce House III était tellement sanglant que le film a dû faire l’objet de nombreuses coupes pour qu’il puisse être classé R et pas X (bien que le montage européen comporte des scènes gores supplémentaires). Certaines de ces coupes sont d’ailleurs très visibles comme lorsque le personnage principal, Lukas, commence à s’ouvrir la poitrine et que le montage décide de ne rien nous montrer de plus là où, dans le montage original, Lukas montrait son cœur une fois sa poitrine complètement ouverte. Mais malgré ses nombreuses coupes, le film reste malgré tout plutôt gore, avec des cadavres bien abimés, des corps mutilés, découpés. Les effets practicals sont très bien réalisés, certains sont même très funs comme en témoigne cette dinde rôtie à tête humanoïde et qui se met à parler, ou lorsque le film vire vers le bodyhorror un peu grotesque. Ce dernier va d’ailleurs assez loin dans la violence car il n’hésite pas à tuer ou suggérer le viol d’enfants.

Certaines scènes du film sont assez marquantes, comme celle où le tueur en série passe à la chaise électrique et qu’il est tellement résistant qu’ils sont obligés de s’y reprendre à plusieurs fois, avec un corps se déformant sous les 50000V de la décharge, ou encore ce final intense dans un entrepôt. Si le film fonctionne, c’est en partie grâce à la performance de ses deux acteurs principaux (car on ne peut pas en dire autant de tous les seconds rôles). Lance Henriksen (Aliens : Le Retour, Mort ou Vif) est comme très souvent très bon, et on croit immédiatement à la folie naissante de son personnage. On ressent la souffrance psychologique que ce psychopathe revenu d’entre les morts lui inflige. Ce psychopathe, c’est le toujours excellent et regretté Brion James (Blade Runner, 48 Heures), mort d’une crise cardiaque en 1999 à l’âge 54 ans. Avec sa carrure imposante (1m91), son regard de fou furieux, son rire vicieux, il est parfait dans ce rôle et semble prendre un malin plaisir à l’interpréter. La mise en scène est carrée, sans trop de fioritures, avec des éclairages assez travaillés, et fait clairement le boulot, d’autant plus que le suspense est bien géré, surtout dans la première moitié. Sous certains aspects, House III fait penser à la saga Freddy avec par exemple ces blessures dans les rêves qui se répercutent dans la réalité et on sent que James Isaac connait ses classiques. Le scénario n’est pas linéaire et la fin nous laisse sur une interrogation. Est-ce que ce qui nous est présenté tout le long du film est la réalité ? Ou alors une fabulation / illusion du personnage principal suite à tous les chocs psychologiques qu’il a vécus ? Chacun se fera son propre avis. Au sortir du film, deux choses sont sûres. La première est qu’il est réellement difficile de voir un lien entre ce troisième opus et les précédents. Certes, il y a une maison, mais elle ne joue aucun rôle dans l’histoire et on peut donc comprendre que dans son titre VO, ils aient choisi une autre dénomination. La seconde, c’est que ce House III est une chouette petite bobine qui certes décevra les fans de House et House II, mais qui ravira certainement les amateurs de films d’horreur des années 80.

Bien qu’il ne fasse pas réellement partie de la saga et qu’il dénote vraiment par son aspect sombre et sérieux, House III est un petit film d’horreur qui vaut le coup d’œil et qui est intéressant à bien des égards.

Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-house-iii-de-james-isaac-1989/