On ne peut pas prétendre à l'exhaustivité en critiquant Holy Motors. On pourrait ergoter à l'infini sur les sens à lui donner, sur les incohérences, les éléments de snobisme, les dialogues énigmatiques ou verbeux.


De sens il n'y en a pas. Ou, du moins, il n'y en a pas qu'un seul. On sent bien une introspection du réalisateur sur sa filmographie manquée, on comprend le regard donné sur le cinéma tout court ou tout entier. Mais ça ne suffit pas, ce serait même se tromper d'entrée.


Leos Carax fabrique une pellicule qui n'est pas si décousue qu'on ne pourrait le croire. Ses excès de symbolisme et ses dialogues parfois franchement filandreux peuvent rebuter, mais, au fond, il réussit prodigieusement l'essentiel : il filme un mouvement perpétuel, incandescent, tantôt brutal, tantôt délicat, et c'est, de ce point de vue, un plein succès.


On ne peut pas rester insensible à la photographie du film. Caroline Champetier est la première nommée au générique et c'est la moindre des choses tant les éclairages et les couleurs sont absolument éblouissants.


Ne serait-ce que pour l'esthétique et la composition de certains plans quasiment picturaux (la caverne, la danse en motion capture), pour les choix de montage (fondu au noir, ouverture fermeture à l'iris) et pour le jeu incandescent de Denis Lavant, ce film est une oeuvre.


Holy Motors n'est certes pas sans défauts, sans "trucs", sans artifices pompeux, mais il ne faiblit jamais parce que Leos Carax l'a composé avec suffisamment de matière, jamais trop.


L'image et l'histoire se compensent toujours et forment un équilibre insensé. Le résultat est bluffant.

Motherfuck
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le 8 déc. 2019

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Motherfuck

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